lundi 9 mars 2009

Watchmen : c'est la crise



Même les super-héros sont déprimés...
Zack Snyder adapte le roman graphique, culte
chez les nerds (étonnement, je ne l'ai pas lu), d'Alan Moore et Dave Gibbons, après s'être fait un nom avec 300 et s'être cassé les dents sur un remake de Romero, L'Armée des morts. Du lourd, donc.
Bon, je passe sur la durée du film (2h45 parfaitement supportables), les effets spéciaux réussis mais pénibles car omniprésents, un casting mi-figue mi-raisin où les femmes s'en sortent plutôt mal... Au final, on se retrouve dans des Etats-Unis alternatifs des années 80, au bord de la guerre nucléaire. Les héros sont à la retraite, n'ont plus le droit de porter des masques et se moquent gentiment de leurs anciens costumes...



De celui-là aussi j'ai rigolé : le justaucorps en latex est tellement échancré qu'on voit une bonne partie du pubis... En plus, elle passe son temps à donner des coups de pieds en l'air pour casser la gueule aux méchants... (Mais l'effet Cuneyt Arkin tant attendu n'a jamais lieu.)

Bref, des superhéros à la retraite, fatigués ou névrosés, qui n'ont jamais eu de pouvoirs, sauf le Docteur Manhattan (le 'bleu-bite') mais il vient de se faire plaquer et il se déconnecte complètement du temps et de la race humaine en méditant accroupi à un mètre cinquante de la surface de Mars.



Une guerre nucléaire menace, ils reprennent plus ou moins du service. Le Comédien, un superhéros violeur et assassin est assassiné à son tour, Le Hibou porte des lunettes affreuses et est impuissant sexuellement, Rorsharch en roue libre tue des méchants à la machette et se perd dans ses théories du complot, un autre va tuer des millions de personnes, le grand gentil sera obligé de passer pour le méchant, etc.

Même la happy end n'en est pas une... Le mal a été éradiqué de la Terre, les nations du monde se prennent par la main et dansent tout autour de la planète... Horreur, c'est la Fin de l'Histoire... On ressort de là encore plus déprimé qu'en entrant...

mercredi 4 mars 2009

Quand nos grands-parents faisaient la fête

(lu dans le cadre du programme Masse Critique de Babelio)



Par Jean-Michel Le Corfec, éditions Sud Ouest, 2008.

Un joli livre d'images.
A partir de différentes thématiques (les fêtes religieuses, les noces, les fêtes des fleurs, les Carême, etc.), l'auteur nous offre un aperçu très documenté des fêtes populaires d'il y a soixante (bonnes) années. Par fêtes populaires on entendra ici les fêtes qui rassemblaient un village dans la rue, qui se déroulaient sur la place publique (donc, rien sur Noël, les anniversaires, etc.).



Saluons tout d'abord le remarquable travail documentaire de l'auteur en matière de recherche d'images. Le livre est en effet richement illustré (et de manière pertinente : les images ne sont pas là pour remplir un vide) par d'anciennes photographies ou cartes postales.



Par contre-coup, les images étant tellement belles et bien mises en valeur, on est tentés de lire ce lire à partir des images, et de négliger quelque peu un texte parfois touffu, et qui manque d'aération.



Mais dans la catégorie "beaux livres", celui-ci est incontestablement une bonne pioche ! Un cadeau d'anniversaire ou de Noël idéal pour cette fameuse génération 1920 à laquelle on ne sait jamais quoi offrir...

lundi 2 mars 2009

Les gauchistes droit-de-l'hommistes ont encore frappé...

... au XIII° siècle au Mali !

J'ai croisé, sur le Bord de sa fenêtre, cette Charte du Manden, qui aurait été proclamée lors du couronnement d'un empereur malien vers 1222 :

1. Les chasseurs déclarent :
Toute vie (humaine) est une vie.
Il est vrai qu'une vie apparaît à l'existence avant une autre vie,
Mais une vie n'est pas plus "ancienne", plus respectable qu'une autre vie,
De même qu'une vie n'est pas supérieure à une autre vie.

2. Les chasseurs déclarent :
Toute vie étant une vie,
Tout tort causé à une vie exige réparation.
Par conséquent,
Que nul ne s'en prenne gratuitement à son voisin,
Que nul ne cause du tort à son prochain,
Que nul ne martyrise son semblable.

3. Les chasseurs déclarent :
Que chacun veille sur son prochain,
Que chacun vénère ses géniteurs,
Que chacun éduque comme il se doit ses enfants,
Que chacun "entretienne", pourvoie aux besoins des membres de sa famille.

4. Les chasseurs déclarent :
Que chacun veille sur le pays de ses pères.
Par pays ou patrie, faso,
Il faut entendre aussi et surtout les hommes ;
Car "tout pays, toute terre qui verrait les hommes disparaître de sa surface
Deviendrait aussitôt nostalgique."

5. Les chasseurs déclarent :
La faim n'est pas une bonne chose,
L'esclavage n'est pas non plus une bonne chose ;
Il n'y a pas pire calamité que ces choses-là,
Dans ce bas monde.
Tant que nous détiendrons le carquois et l'arc,
La faim ne tuera plus personne au Manden,
Si d'aventure la famine venait à sévir ;
La guerre ne détruira plus jamais de village
Pour y prélever des esclaves ;
C'est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable
Pour allez le vendre ;
Personne ne sera non plus battu,
A fortiori mis à mort,
Parce qu'il est fils d'esclave.

6. Les chasseurs déclarent :
L'essence de l'esclavage est éteinte ce jour,
"D'un mur à l'autre", d'une frontière à l'autre du Manden ;
La razzia est bannie à compter de ce jour au Manden ;
Les tourments nés de ces horreurs sont finis à partir de ce jour au Manden.
Quelle épreuve que le tourment !
Surtout lorsque l'opprimé ne dispose d'aucun recours.
L'esclave ne jouit d'aucune considération,
Nulle part dans le monde.

7. Les gens d'autrefois nous disent :
"L'homme en tant qu'individu
Fait d'os et de chair,
De moelle et de nerfs,
De peau recouverte de poils et de cheveux,
Se nourrit d'aliments et de boissons ;
Mais son "âme", son esprit vit de trois choses :
Voir qui il a envie de voir,
Dire ce qu'il a envie de dire
Et faire ce qu'il a envie de faire ;
Si une seule de ces choses venait à manquer à l'âme humaine,
Elle en souffrirait
Et s'étiolerait sûrement."
En conséquence, les chasseurs déclarent :
Chacun dispose désormais de sa personne,
Chacun est libre de ses actes,
Chacun dispose désormais des fruits de son travail.
Tel est le serment du Manden
A l'adresse des oreilles du monde tout entier.

L'origine et le texte de cette charte sont controversés, et posent la question du statut des sources orales en histoire. Il n'existe pas de texte de ce texte : il a été transmis par voie orale donc sujet à réécriture au cours des âges et des époques.
Cela dit, c'est beau.