dimanche 12 décembre 2010

O temps pour moi

Jamais le temps n'a filé aussi vite... 

Au boulot je ne traite que les urgences, par conséquent le travail "de tous les jours" s'accumule et devient bien vite urgent à son tour. Ma collègue est au bord de la dépression nerveuse, ce qui la rend gronchon au possible et à la limite de l'autisme... On doit l'appeler trois fois par son prénom avant qu'elle ne sorte la tête de ce qu'elle est en train de faire... (mais elle est sympa quand même)
Ma thèse avance bien, merci. Je mets un coup de collier le soir quand je rentre, pour lui tordre enfin le cou. Rien qui ne va révolutionner la recherche française, mais pour ce que j'en ai à foutre en ce moment, de la recherche française...

Je vais très certainement acheter un appart, bientôt. J'ai en vue un petit 20 m² à retaper du sol au plafond... Travaux, déménagement, rangement, et travaux à nouveau j'imagine... Ca coûte combien de monter une salle de bain ? En partant des murs, jusqu'aux arrivées/évacuations d'eau, tuyaux, électricité, carrelage mural... Oui parce que les toilettes sur le palier et se laver au robinet de la cuisine, ça va un temps...


Des livres s'entassent sur mon bureau, de chouettes lectures sur lesquelles j'aurais voulu faire une petite chronique mais je manque de temps : 

Robert Merle, Malevil : Décidement ce bon vieux Robert a une obsession pour les communautés humaines en circuit fermé, rongées de l'intérieur et attaquées de l'extérieur... Nous suivons un petit groupe de survivants à un genre d'apocalypse nucléaire, à travers le journal tenu par Emmanuel le propriétaire du château de Malevil. Ils étaient tous en train de picoler le vin du domaine dans la cave, en sous-terrain et protégés par des murs épais lorsque la bombe a explosé... La petite touche de génie de ce livre, ce sont les interventions de Thomas, un jeune étudiant de passage à Malevil, qui commente les écrits d'Emmanuel. Thomas doit intervenir trois-quatre fois, pas plus, mais ces petites touches font ressortir le personnage d'Emmanuel qui prend dès lors un relief qui n'aurait pas été aussi marqué sans ces interventions... A conseiller pour ceux qui se sont inscrits au challenge Fins du monde, par exemple. 


Il y eut aussi Des Fleurs pour Algernon (Daniel Keyes) ces jours-ci. Un bouquin présenté comme un des "grands ancêtres" de la SF. Un "classique", une "source d'inspiration"... Une lecture pas forcément désagréable, mais pas passionnante non plus. Des scientifiques ont trouvé le moyen de rendre les êtres vivants "intelligents". Après une expérience réussie sur une souris - Algernon - , ils la tentent sur un homme, un débile léger du nom de Charlie Gordon. Le livre est le journal que ces scientifiques lui ont demandé d'écrire. Le journal de Charlie ne passionne pas autant que celui d'Emmanuel de Malevil, il manque peut-être justement d'une touche de mise en perspective. Est-ce le style ? Est-ce la traduction ? en tout cas, ce n'est pas écrit assez finement pour nous faire suivre les évolutions de Charlie. Alors que le titre pouvait être délicieusement ambigu (on offre des fleurs à plein d'occasion...), la quatrième de couverture contient un énorme spoiler qui m'a gâché en bonne partie la lecture.
Reste un livre parfois intéressant, pas forcément pour la SF (finalement très peu présente), mais plutôt pour le handicap mental et sa vision, par la société, la famille, les amis, les scientifiques...


Et pour finir un chouette coup de coeur, The Hunger Games, de Suzanne Collins. Dans un monde uchronique, chacun des 12 districts doit envoyer un jeune homme et une jeune femme tirés au sort pour participer aux "jeux de la faim" (jeu de mot intraduisible, games voulant également dire gibier - j'ai lu le bouquin en VO). On met les ados dans une gigantesque arène pour qu'ils tentent de survivre et qu'ils s'entretuent et le dernier à rester vivant a gagné. Nous suivons en focalisation interne une jeune fille, Katniss Everdeen, qui va donner du fil à retordre à ses concurrents et aux organisateurs des jeux... Un livre réellement "haletant", dont j'ai eu du mal à décrocher, une bonne parabole de l'adolescence (dans cette arène Katniss se heurte à des concepts qu'elle ne connaissait pas avant : l'amour, l'amitié, la trahison, s'interroge sur ses propres sentiments et devient, paradoxalement, un véritable être social), et une jolie critique, cruelle et drôle à la fois, des sociétés hypermédiatisées, tout y est pour un excellent roman jeunesse. 
Le seul bémol est... que le livre ne se finit pas ! 20 pages de plus et l'auteure aurait pu nous boucler une fin, mais elle a préféré ouvrir sur une suite... Grr. Ca m'a tellement énervée que je ne me suis pas renseignée sur ladite suite.


Et enfin, la sympathique Edwoodette m'a "tagguée", pour connaître les livres et les films que je regarde/lis toujours à Noël. Le tag aurait été vite expédié (réponse : aucun), mais comme c'est toujours chouette de découvrir quelqu'un qui a les mêmes goûts que soi, je me suis auto-challengée. Je suis donc chargée de voir et de chroniquer tous les "films de Noël" d'Edwoodette que je n'ai pas déjà vus, et tout ça jusqu'au 24 décembre. Au programme ces prochains jours : 
- Les Noces funèbres
- Gremlins (que j'ai vu il y a tellement longtemps que ça compte pas)
- Batman le Défi (idem)
- Les Quatre filles du Docteur March
- Bridget Jones. 


Et puis il faut que j'aille au cinéma, ya plein de films qui me font de l'oeil : 
- Machete a l'air excellent
- Scott Pilgrim est selon certains avis décevant, mais à voir quand même (merde, c'est Edgar Wright quand même)
- et puis Harry Potter bien sûr, mais pour cela il faut que je finisse de relire la série (j'en suis au milieu du tome 5)

Et ces derniers jours, je crois bien avoir un semblant de vie sociale. Déjà j'ai un colloc. Et puis des gens ont l'air d'avoir envie de me voir, ce qui est toujours une surprise et un sujet d'étonnement...


Bref... On se revoit en janvier ?

lundi 1 novembre 2010

Dracula l'immortel

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'un partenariat Livre de Poche et Livraddict. Merci ! 
Merci pour cette lecture qui m'a fait passer de vrais bons moments...
Ce livre est présenté comme la suite "officielle" de l'histoire écrite par l'irlandais Bram Stocker à la fin du XIX° siècle. On se souvient de ce roman épistolaire, qui relatait la folle lutte d'une poignée de jeunes gens contre un monstre dont l'intelligence le disputait à la séduction...
Eh bien, nous explique l'appareil critique de Dracula L'Immortel, la famille Stocker, frustrée dans son héritage (aucunes royalties et aucun droit de regard sur les adaptations, dérivés etc. de cette histoire géniale) a approuvé l'initiative d'un arrière-petit-neveu de l'écrivain, Dacre Stocker, de donner une véritable suite au livre originel. Il s'est pour cela allié à Ian Holt, scénariste et fan absolu du Maître des Ténèbres. 
Non, non, aucun des deux n'est un écrivain... Et c'est bien sûr le défaut principal du livre que je tiens entre mes mains : on peut dire concrètement qu'il n'a aucun style et certaines descriptions sont quelque peu lourdes... Il manque d'imgination et de justesse dans le choix des mots et des tournures de phrases. 
Mais vous savez quoi ?
On s'en fiche. 
L'histoire est drôlement bien faite. Les deux auteurs parviennent à la fois à nous faire revivre une histoire passée, à nous ballader dans le Londres et le Paris du début du XX°, et à nous emmener quelque part.
Leur livre est bourré de clins d'oeils à l'histoire originale (ah ! Quincey Harker - le fils de Jonathan et Mina - qui soupire en recevant une lettre de son père : "Nom d'un chien ! Treize pages !  La famille Harker se singularisait toujours par son volumineux courrier...") mais peut parfaitement être lu par un profane...
Dans l'appareil critique du livre, les auteurs expliquent comment ils se sont appuyés sur les notes originales de Bram Stocker pour construire leur récit : titre, nouveaux personnages, tout est estampillé "Stocker original". Mais en même temps, ils proposent une véritable relecture du roman de l'arrière-grand-oncle que j'ai trouvée assez audacieuse. Elle modernise le mythe et offre une toute autre perspective... Après tout, Dracula est un personnage ambigu : cruel et plein d'amour... un meurtrier et une victime... Pourquoi pas ? Mais s'il n'y avait pas eu la pirouette finale (totalement inattendue, pour ma part) j'aurais trouvé cette fin un poil décevante. 
En conclusion, ce roman est un bon thriller qui vous promène de Paris à Londres dans un univers réaliste très bien décrit, les personnages sont suffisamment caractérisés pour le déroulement de l'intrigue mais pas trop car le but n'est pas l'analyse psychologique non plus, les meurtres sont sanglants, il y a du sexe et de l'angoisse et du cinématographe...
Mention spéciale à l'équipe de flics, nouveaux personnages mis en scène pour ce roman, qui traquent désespérément, entre deux whisky, l'horrible Jack l'Eventreur...
Et si on est fan de la correspondance enflammée du roman original, c'est juste du plaisir en plus ! 
(Mais assurez-vous que vous avez bien votre exemplaire sous la main... J'ai une envie de relecture en ce moment... Mais où est passé ce f*** Dracula de Stocker !!???)




dimanche 24 octobre 2010

Chuis trop flattée

Il y a quelques temps déjà, pour amuser mes nièces et mes neveux (et un peu moi aussi), j'ai écrit une fanfiction/parodie du Club des Cinq. Nos héros, qui ont fait mon enfance et qui font celle de la future génération familiale, passaient ce coup-ci des vacances animées dans notre petit village d'Ariège...

Le Club des Cinq sur les pas des montreurs d'ours, oeuvre immortelle s'il en est, a inspiré une fanartiste ! Une vraie, un qui habite à l'autre de bout de la France et que je ne connais absolument pas et tout !
Imaginez ma surprise lorsqu'en farfouillant sur la toile, je tombe sur un extrait de mes pages... mis en image ! 



Moi je dis : bravo et merci Léa !!
Et longue vie à l'atelier BD de Villefranche de Lauragais
Je suis sûre que mes lecteurs l'ont tous en mémoire, mais voici tout de même, en bonus, l'extrait en question : 

Ce furent des murmures qui éveillèrent la fillette au petit matin. Encore endormie, elle se demanda un moment où elle était. Le soleil, plus matinal qu'elle, dardait ses rayons par le fenestrou. Les murmures s'intensifièrent.
- Rends-moi cette couverture !
- Grmbl... laisse-moi dormir...
- Va-t-en de mon matelas, ou je te jette au bas de la pente, Mick !
- Hum...
Mick ! Annie s'éveilla soudain tout à fait. Elle était avec ses frères et sa cousine et ils avaient passé la nuit à Fraguet, sans se faire attaquer par les ours... Ni par les chauves-souris, d'ailleurs ! se dit-elle lorsqu'elle aperçut les petits mammifères tranquillement pendus au-dessus d'elle aux poutres de la cabane. Au cri d'effroi qu'elle poussa, les autres se réveillèrent complètement à leur tour. Claude jetait des regards furieux à son cousin, dont la tête brune émergeait à peine d'un tas gigantesque de couvertures en bataille. François fut debout en clin d'œil, le corps en alerte, jetant des regards partout et tendant les bras pour protéger sa petite sœur :
- Annie ! Tout va bien ?
Cette dernière, réfugiée au fond de son duvet, tendit sans répondre un doigt tremblant vers la cause de sa frayeur. Mick se redressa soudainement, jetant du même geste ses couvertures sur la tête de sa cousine. Il adorait les chauves-souris.
Eclatant de rire pour chasser le ridicule de son remake de Prince Vaillant, François entrepris de faire descendre Annie de l'étage sans déranger le sommeil des inoffensives petites bêtes. Ce rôle de protecteur lui allait comme un gant, si vous voulez son opinion. Mick entreprit d'expliquer à Claude les mœurs nocturnes de ses animaux favoris, et combien elles étaient utiles dans la lutte contre les insectes nuisibles, mais le regard plus que furibond que lui jetèrent les deux yeux cernés de sa cousine le poussa à battre en retraite lui aussi au bas de l'échelle. Après tout, c'était l'heure du petit-déjeuner et il était connu pour son appétit, non ? Annie préparait déjà le café, tandis que François installait une table dehors, à l'aide d'une grande pierre plate et de plus petits cailloux.

lundi 11 octobre 2010

Pourquoi les feuilles changent-elles de couleur en automne ?

Ce lundi, je participe au défi bottérien de Maxoo, qui nous propose une question à laquelle le blogueur doit fournir deux réponses. La réponse du savant, et celle du poète. J'ai choisi de mettre en scène un jeune homme, Emile (évidement...), qui tente de faire son éducation entre deux maîtres aussi fantasques l'un que l'autre, quoi que dans un style très différent...


Aujourd'hui Emile voudrait savoir pourquoi les feuilles des arbres changent de couleur en automne.

(Le Savant remonte ses lunettes sur son nez, s'assoit en soupirant devant Emile et le fixe, se demandant visiblement comment expliquer un phénomène aussi complexe à un esprit aussi simple) : "Tout, ici encore, est affaire de relativité. Te souviens-tu, mon jeune ami, de E=MC² ? Einstein, n'oublie jamais Einstein ! Bref, le vert des feuilles est dû à la chlorophylle contenue dans celles-ci. Or la chlorophylle est un assemblage de trois molécules d'aluminium qui tournent autour d'un photon de lumière verte. Bien, jusqu'ici, tu suis ? Or donc, si tu te rappelles de nos leçons d'astronomie, tu sais que les saisons sont dues à l'inclinaison de la Terre sur son axe, qui lui fait adopter au cours de sa Révolution une exposition différente à la lumière du soleil. Tous les ans, vers septembre-octobre, les rayons du soleil frappent notre petit coin de Terre selon un axe très spécial, appelé automnus photonum, et qui... 
P-H. Photonum, commence par un P et un H. Heureusement que je suis là pour surveiller ta prise de notes..." (Emile se gratte le nez d'un air désolé) 
"Bref, l'angle des rayons du soleil du début de l'automne frappe le photon de la chlorophylle de plein fouet et ce dernier se rétracte à l'intérieur de l'arbre, puis dans la terre. L'aluminium, comme tu le sais, étant le métal le plus lourd, il attire le photon jusqu'au centre de la Terre (la gravité, Emile, la gravité !). Et là le photon reprend le relais, car comme mes recherches personnelles l'ont brillament démontré "la lumière appelle la lumière" comme j'aime dire..." (Le Savant ménage une pause, pour voir l'effet que fait son théorême sur son jeune élève. Ce dernier reste impassible. Le Savant reprend, un peu plus sèchement.)
"Et donc le photon aspire à retrouver les rayons du soleil, mais les rayons les plus compatibles avec sa nature atomique, ceux du printemps. Il traverse donc la Terre dans l'autre sens et refait surface à l'intérieur des arbres et des plantes à notre exact opposé géographique du noyau terrestre, et là-bas, c'est le printemps. Ce sera tout pour aujourd'hui, Emile."
(Le Savant ouvre un livre délibérément énorme et poussiéreux et chasse l'Emile d'un revers de la main.)

Très satisfait de cette réponse dûment notée dans son carnet (bien que très honnêtement il n'ait rien compris), Emile, par acquit de conscience, part à la recherche de son deuxième maître, le Poète. Il le trouve au jardin, couché parmi les branches d'un saule pleureur. Justement c'est le début de l'automne, le vent souffle qui ne parvient pas à arracher les feuilles encore trop vertes des arbres du jardin. Emile répète sa question et le Poète lui sourit.
Il fit signe à son élève de s'allonger auprès de lui et réajustant ses bras croisés derrière sa tête, le Poète expliqua : 
"C'est une courtoisie que nous fait Dame Nature, espiègle toujours pourtant en son grand âge. A chaque équinoxe, elle fait semblant de mourir... Et nous, pauvres fous pauvres poètes, la suivons dans son délire et nous lamentons et cherchons, et cherchons, ce beau vert tendre couleur d'espoir. Rien ne vient, et la Nature rit bien, bien cachée sous son manteau de neige qui ne tarde à s'installer. Nous écrivons alors des vers déchirants, la nostalgie au bout de la plume et nous préparons à dépérir au coeur de l'hiver..." (Emile est bouche béée, appuyé sur un coude et ne quittant pas le Poète du regard. Ce dernier écarte une branche de saule qui lui chatouille les narines d'une puissante expiration) 
"Et c'est alors que tout espoir est mort que cette coquine réapparait, au détour d'un sentier, sous une feuille morte, bourgeonnante, prometteuse et bientôt verte ! Et à chaque année la même honte : nous avions marché ! nous y avions cru ! Mais tout au bonheur de retrouver le printemps, nous ne lui en voulons pas, nous poètes, mais nous sautillons et nous galopons dans cette couleur adorée retrouvée..."
(Il conclut sa tirade par un soupir. Emile, consciencieux, note quelques phrases qui lui semblaient bien tournées et dont son maître aura peut-être besoin pour une de ses futures oeuvres. Le Poète ferma les yeux et murmura :)
"Accepte ce que t'offre la Nature, Emile, de la couleur des feuilles au bruit des nuages, et ne cherche jamais le pourquoi du comment. A la rigueur, invente-le."
(Et plus rien. Le Poète s'était endormi. L'Emile s'éloigna sur la pointe des pieds, pour méditer sur sa leçon du lundi.)

vendredi 8 octobre 2010

Nicolas Bokov, Opération Betterave



Dans le cadre d'une nouvelle édition de Masse Critique, sur Babelio (merci !), me voilà à rédiger un billet sur un livre totalement inattendu, Opération Betterave, de Nicolas Bokov. 
Ne connaissant pas l'auteur, j'avoue que mon choix avait été orienté par le résumé de l'éditeur : 

Un réseau de hackers moscovites, tout droit sorti de l’ex-KGB, s’empare des données sur la betterave sucrière dans l’Union européenne. Gaston Mba, le génial informaticien, saura-t-il les empêcher de faire main basse sur les secrets de cette nouvelle énergie, qui pourrait remplacer le pétrole et le gaz ? Son prodigieux allié, l’ordinateur Jerry, sera-t-il capable de contrer les espions venus du froid ? La pianiste japonaise Tamiko, qui détourne Gaston de l’intelligence artificielle et lui fait découvrir l’amour, pourra-t-elle le sauver d’un empoisonnement au polonium 210 ? En revenant sur les traces que l’URSS a laissées dans les esprits, Nicolas Bokov se joue des clichés de la guerre froide et nous livre une fable loufoque et subversive.

Je m'attendais à un récit burlesque, haut en couleurs et à la limite de l'absurde, un peu comme Les Barbouzes, pour les connaisseurs...
En fait, Opération Betterave, c'est tout ça et c'est autre chose. 
Et tout d'abord, Opération Betterave, c'est très court. 180 p. écrites très gros pour un livre au format poche. Mais il faut faire attention à ne pas lire Opération Betterave trop vite. 
Nicolas Bokov met plus ou moins en scène deux personnages désincarnés, des êtres parfaits qui ne peuvent pas exister et qui d'ailleurs traversent ce récit comme en état de grâce, sans toucher terre et sans faire bouger l'intrigue (et c'est particulier, des héros qui influent si peu sur le déroulement de l'histoire) : Gaston Mba, informaticien africain de génie ("MBA", j'adore...) qui pêchait le crocodile dans une Afrique et une jeunesse inutiles et poétiques, et Tamiko, pianiste japonaise à la peau très blanche, génie de la musique qui ne se produit même pas en concert tellement elle est bonne. Le sujet du livre, principalement, c'est leur rencontre et leur amour. Trois actes, classique : ils tombent amoureux très fort très vite, le drame survient qui les sépare, et puis le dénouement. 
Bon, et la betterave dans tout ça ? 
Elle reste très anecdotique... C'est une histoire de à-hacker-hacker-et-demi, de Moscou au Parlement européen, en passant par le quai d'Orsay. Une galerie de personnages secondaires complètement loufoques : flics, espions, bureaucrates, coiffeurs... qui se croisent, se courent après, se tendent des pièges et s'assassinent. Dans l'anecdote gît le génie du détail : l'auteur sème des jeux de mots et des références à foison (le boulot du traducteur n'a pas dû être des plus faciles - le livre a été écrit en russe originellement, même si l'auteur a fuit son pays pour la France) et impose un rythme de lecture plus lent. L'ex-URSS en prend certes pour son grade, mais les petites mains du Parlement européen également. 
Finalement, de cette lecture ressortent ces deux caricatures de personnages, Gaston et Tamiko, la falaise et son oiseau blanc, au coeur d'un tourbillon d'une histoire d'espionnage intemporelle à l'ère des ordinateurs, si je me fais bien comprendre. Et si ce n'est pas le cas, la seule solution est bien de lire ce livre, intéressant, et qui, si je ne le place pas dans mon top ten, m'a donné la curiosité d'aller voir d'autres livres de cet auteur... 

jeudi 7 octobre 2010

Farewell, Pôle Emploi...

Bon eh bien voilà. C'est fait. J'ai "décroché" un CDI, selon le terme consacré (je n'ai toujours pas trouvé l'arbre sur lequel ils poussent, cela dit). 
J'ai sué du sang, et surtout des larmes. 
Je me suis écorchée les pieds dans des chaussures à talons hauts qui correspondaient à l'idée que je me faisais d'une "tenue correcte". 
Et j'ai surtout survécu à l'ENTRETIEN D'EMBAUCHE, une forme particulière de relations sociales, une situation inédite pour moi, potentiellement anxiogène (car il y a mon pinard et mes clopes à la clé quand même ! il y a des choses avec lesquelles on ne plaisante pas), et aussi source de curiosité et d'étonnement. 


Il y a les entretiens où l'on s'ennuie, avec la jeune fille qui vient juste d'avoir son examen de RH et qui épluche scrupuleusement votre CV, en posant sur chaque ligne des questions directement piochées dans le manuel. 
Il y a les entretiens "mais vous êtes beaucoup trop qualifiée pour ce job", où on se retrouve à papoter sociologie pour éviter de crier : embauchez-moi j'ai besoin de bouffer !
Il y a les entretiens "mais vous êtes trop jeune pour ce job" où on s'épuise à essayer de ressembler à la femme qu'on espère secrètement n'être jamais dans dix ans pour éviter de hurler : mais si personne ne m'embauche je ne pourrais pas me faire d'expérience !
Il y a les entretiens merveilleux, le recruteur sympathique, le job intéressant, où l'on ne parvient à rien dire d'autre que : ce poste m'intéresse, aucun problème, je suis compétente, et où l'on s'étonne ensuite de ne pas recevoir de nouvelles. "On vous rappellera", pourtant... 
Il y eut cet entretien également : "Bonjour Mademoiselle, je ne vais pas vous engager, vous savez. Mais je vous ai fait venir car je suis curieux de votre parcours"...
Et ce dernier, celui qui couronna le tout, celui qui fit déborder la goutte du vase au long ma joue, celui qui fut réussi seulement par le connard de chasseur de tête que j'avais devant moi, triomphal à la fin lorsqu'il me proposa un salaire de misère pour un job à la con. Que je me suis permise, avec délectation, de décliner parce que j'avais une meilleure offre...

Niark niark.





vendredi 1 octobre 2010

L'homme qui mouchait une photocopieuse à vingt mètres sans utiliser la magie

Un soir de désoeuvrement, je matouillais une petite série, The Dresden Files, en me disant que ce n'était pas de la grande série mais qu'il y avait du potentiel. En apprenant que c'était adapté d'une série de bouquins, je note l'info dans un coin de ma tête, jetant un regard désespéré à ma PAL auto-extensible. 
Puis lors du livraswap de livraddict, je cherchais un livre à offrir à Mam'zelle Bulle pour lui faire découvrir la féérie, un livre qui soit à la fois de la fantasy et à la fois autre chose... J'ai arrêté mon choix sur Les Dossiers Dresden, pour le côté roman policier. 
Une lecture commune plus tard, et me voici à devoir écrire un avis...
L'action se déroule à Chicago, comme dans toutes les bonnes histoires policières. Nous suivons, en focalisation interne, les pérégrinations d'un détective privé, fauché comme de juste, et légèrement désabusé. L'idée rigolote, c'est de faire de ce privé un magicien, qui aide la police de Chicago pour arrondir ses fins de mois lorsqu'elle est confrontée à des forces qu'elle refuse d'appréhender ou de comprendre. 
Un personnage humain et sympathique, avec son humour et ses petites faiblesses, une idée de base plutôt originale mais qui salue le genre avec de nombreuses références, ce n'était pas une lecture désagréable. 
Mais tout de même un peu frustrante. 
A l'inverse de la série, je serais tentée de dire : il y a du potentiel, mais ce n'est pas un grand bouquin. La lecture en est trop rapide, peu approfondie. Le style est parfois pénible (phrases courtes, accroches au début et à la fin de chaque chapitre). J'en veux un peu à l'auteur car s'il s'était pris la tête un peu plus longtemps, il aurait pu nous offrir quelque chose de vraiment intéressant, en approfondissant plus à la fois l'enquête policière (mettre du suspense, du rebondissement : tous les auteurs savent faire ça, non ?) et le "background" de la magie et de l'histoire personnelle de Harry. 
(un peu justement comme la saga éponyme...)
Je vais me laisser tenter par le tome 2 (car franchement, ce n'est pas une lecture qui demande beaucoup de temps !) mais si je ne sens pas la série décoller, ce sera le dernier...

Voici les avis de mes co-participants livraddictiens :
 Phooka : une histoire très bien dosée, rien à désirer de plus (sauf la suite !)
Frankie : prête pour une LC sur le tome 2 ! 
Penelope : un excellent moment de détente avec un personnage principal attachant 
Galleane : un peu faiblard tout de même. 
Yumiko : inscrite au fanclub des personnages ronchons ! 
blueverbena : accorde une tournée de pizza pour remercier Jim Butcher d'avoir créé un excellent univers 
Taylor : qui cherche à tenter le lecteur avec de poétiques citations extraites du bouquin... 
latite06 : à court d'adjectifs en "ant" pour décrire le charme de Harry !

mardi 21 septembre 2010

Amour : l'arme suprême de destruction massive


Voilà un livre que j'avais lu au lycée, il y a plus de dix ans maintenant... (pff, ça nous rajeunit pas) J'en avais gardé, il faut le dire, un excellent souvenir. J'avais été bouleversée par une histoire d'amour gâchée par la dureté des hommes et de la société (j'étais comme ça, au lycée, jeune fille romantique et révoltée).
Deux passages m'avaient marqués, tout d'abord le fameux « Elea, c'est Païkan ! » du Docteur Simon, qui est le point nodal de cette histoire. Et également, je me souvenais de cette petite réflexion, après que les télévisions du monde entier aient montré les images des deux survivants : 
 
« L'humanité, par le moyen d'un peu plus de bruit, s'efforçait d'oublier ce qu'elle venait de comprendre en regardant les deux gisants du pôle : à quel point elle était ancienne, et lasse, même dans ses plus beaux adolescents. »

La relecture, avouons-le dès maintenant, a été extrêmement frustrante. Animée par la sympathie pour cet auteur, pour ce roman et pour mes souvenirs, j'ai passé mon temps à soupirer, à gratter quelques notes énervées, refusant de conclure à la médiocrité de ce livre !

Le principal problème, c'est le sens des priorités, qui frôle l'absurdité. Elea n'en a que faire de la grande histoire de l'humanité, de ce qu'elle pourrait découvrir ou apporter. Son histoire d'amour est tout ce qui importe. Et l'utopie, au passage, en prend pour son grade. Description angoissante d'un monde régit par la science, par l'ordinateur... Et proposer aux hommes leur parfait compagnon, calculé par ordinateur, les désintéresse finalement de la recherche, du dynamisme, de l'histoire (Coban, le scientifique de génie, n'a pas de compagne : aucune n'a pu lui être trouvée. Du coup, c'est le seul qui garde un peu la tête sur les épaules). C'est pareil que pour l'argent : il ne peut être économisé, géré, placé. Il se contente de circuler, en vase clos. Cette utopie est une société sans histoire. 
 
On aurait aimé plus de détails scientifiques lors de la découverte de cette nouvelle civilisation, par exemple sur la langue parlée. Les explications (langue-lui et langue-elle) sont insuffisantes. Alors que franchement, l'histoire d'Elea et Païkan me passait largement au-dessus de la tête. Mais Barjavel n'a pas assez poussé son histoire, sa documentation, son imagination : "Coban sait". Un raccourci de l'auteur pour éviter de se prendre la tête avec des machins scientifiques... Frustrant. 
Quelques raccourcis scénaristiques dommageables également : Barjavel fait intervenir le monde pour nourrir Elea, alors qu'il aurait été plus simple de lui présenter plusieurs types d'aliments, ou tous les objets présents avec elle dans l'Oeuf. Bon, d'accord, l'intervention de toute la planète c'est beau et ça fait frémir :

« Du bout de la Terre, Lukos tenta et réussit la plus fantastique association. Sur ses indications, tous les grands calculateurs furent reliés les uns aux autres, par fil, ondes-images et ondes-sons, avec relais de tous les satellites stationnaires. Pendant quelques heures, les grands cerveaux serviteurs de firmes concurrentes, d'états-majors ennemis, d'idéologies opposées, de races haineuses, furent unis en une seule et immense intelligence qui entourait la terre entière et le ciel autour d'elle du réseau de ses communications nerveuses, et qui travaillait de toute sa capacité inimaginable dans le but minuscule et totalement désintéressé de comprendre trois mots... »

Et d'un autre côté, on ne pouvait pas passer à côté de la réaction du monde à cette incroyable découverte scientifique, il fallait trouver un biais pour la montrer. C'est là que le bât blesse. Barjavel oscille entre la politique-fiction, type Un Animal doué de raison, et la romance. J'aurais préféré qu'il verse carrément dans la première catégorie, plutôt que cette histoire bancale où l'amour dévastateur, accaparant, détruit tout sur son passage et perd le lecteur en route. 
Et que dire des journalistes, ces idiots, qui devant cette découverte extraordinaire en soi, ne recherchent que le spectaculaire ? Ou ces micro-trottoirs qui ne semblent se tendre que devant des débiles profonds ? Ce n'est pas assez creusé, trop manichéen, et surtout ça nous laisse un mauvais arrière-goût dans la bouche : Elea et Païkan sont prêts à tout détruire juste pour leur histoire d'amour, les journalistes pour vendre leur papier, les nations du monde pour se faire la guerre. Le monde est-il ainsi divisé, en communautés qui campent sur leurs intérêts ? La petite bande de scientifiques, isolée à la fois géographiquement sur cet Antarctique hostile et humainement - ils apparaissent littéralement comme les seuls êtres véritablement humains du bouquin - par contre-coup apparaissent comme des naïfs, impuissants de surcroît. 

Je trouvais que le titre était mal choisi, que le point fort du livre de Barjavel, ce n'était pas l'histoire d'Elea et Païkan, mais la bêtise du monde et des hommes (de tous les temps). Mais finalement le titre est peut-être plus judicieux que je ne l'avais pensé : nous vivons encore dans la nuit. Et cette lueur d'espoir que représentent les scientifiques, attention ! voyez, au temps d'Elea et Païkan, ce sont eux qui ont apporté la nuit éternelle...

En résumé, je garde pour ce livre un capital sympathie indéniable, mais je l'ai trouvé inachevé. Beaucoup de potentiel, mais pas assez de travail, dirait un prof. 
PS : Et franchement, cette histoire de choisir les hommes destinés à survivre pour leur intelligence et leurs connaissances, alors que les femmes sont choisies pour leur beauté et leur santé ?
Moi j'aurais tout misé sur l'intelligence, mais après c'est peut-être parce que je suis plus intello que top modèle...

Et comme il s'agit d'une lecture commune sur livraddict, je rajouterai ici-bas au fur et à mesure les liens des critiques de mes co-lecteurs : 


Les enthousiastes :

Karline05 : Une relecture enthousiaste, portée par un amour éleaetpaïkanesque pour Barjavel, qui partage mon avis sur le relatif peu d'intérêt de l'histoire d'amour.
Evertkhorus : ce livre l'a décidée à demander René Barjavel en mariage.  
Maïko : qui a réussi à découvrir une nouvelle facette lors de sa dixième relecture... On veut des photos de l'état de ton édition ! 
Vero : pour un premier Barjavel, une réussite sur toute la ligne !


Les mitigés :

Cacahouète : ou la relecture de trop...
Frankie : a versé sa petite larme à la fin, mais c'est vraiment parce qu'elle a bon coeur...

vendredi 10 septembre 2010

La pub du jour

Trouvée dans Le Monde, année 1968 ou 1969...

 

mardi 7 septembre 2010

Balade en compagnie d'un bijou

De nombreux débats ont eu lieu, pour déterminer par où attaquer la catégorie Valar du Middleearth Challenge...
J'ai choisi pour ma part l'ordre chronologique de l'histoire qui nous est contée. 

C'est donc par la création du monde que j'ai commencé. 
"Il y eut Eru, le Premier, qu'en Arda on appelle Ilùvatar ; il créa d'abord les Ainur, les Bénis, qu'il engendra de sa pensée, et ceux-là furent avec lui avant que nulle chose ne fut crée."

Tous ces joyeux personnages se mettent à faire de la musique, à accorder leurs violons et à créer la Terre et la vie par ce biais. 
Ensuite les choses se compliquent. Ambitieux et orgueilleux, Melkor part faire son petit bout de chemin en solitaire, embarquant les Silmarils (trois diamants contenant la musique du monde) et c'est la guerre. Pendant ce temps-là, les Elfes et les Hommes, créés par les Ainur, croissent et se multiplient... vivent leurs petites aventures, tour à tour jouets et défis aux dieux. Jusqu'à ce que les Valars ne prennent peur devant la soif de connaissance de leurs créatures et ne séparent leurs mondes définitivement, n'admettant parmi qu'une poignée d'élus. 

"Alors les plus savants des Humains dirent qu'il devait exister une Voie Droite pour ceux qui avaient la permission de la trouver. Et ils enseignèrent qu'alors que le nouveau monde était courbe, l'ancienne route et le chemin du souvenir de l'ouest continuaient tout droit comme un pont invisible et gigantesque jeté dans l'air du souffle et de la lumière (désormais courbé à l'instar du monde) qui traversait Ilmen, où la chair ne peut vivre sans aide, pour atteindre Tol Eressëa, l'Ile Solitaire, et peut-être même Valinor où les Valars vivaient encore et contemplaient le déroulement de l'histoire du monde."


Voilà comment on pourrait tenter de résumer Le Silmarillon... Ce livre a essentiellement pour but de nous raconter les événements les plus importants du Premier Age de la Terre, ceux du Seigneur des Anneaux se déroulant au Troisième Age. Et si effectivement, nous retrouvons Mithrandil, les Hommes de l'Ouest et Numénor, les éclaircissement sur le SDA sont plutôt mineurs. 
J'avais gardé un souvenir un peu pénible du Silmarillon lors de ma première lecture (en 1999, me rappelle la dédicace de l'ami Xuc qui me l'avait offert), et les obtacles à la lecture sont effectivement nombreux et bien connus : un style élliptique, des noms en veux-tu en voilà qui changent tout le temps, des dynasties aux arbres généalogiques impressionnants...
Mais mon erreur était là : tenter de lire ce livre comme un roman, alors que c'est un long poème en prose. 
J'ai tenté une approche différente cette fois-ci : se laisser tout simplement porter par les mots et accepter, lorsqu'on lit le nom d'un personnage, de ne pas savoir exactement qui il est, le fils de qui ou le père de quoi. 
Et ça marche beaucoup mieux. C'est ainsi qu'on se rend compte que le Silmarillon est un très beau texte, qui lorgne du côté des grandes épopées antiques (certains passages de la Bible, bien sûr, mais aussi Gilgamesh ou Beowulf) et qu'il y a matière, dans les grandes lignes du scénario ici esquissé par Tolkien, à plusieurs bons livres d'héroïc-fantasy. Mais que ce n'est pas, insistons là-dessus, l'objectif du Silmarillon

J'ai retrouvé les défauts inhérents au genre de ces grands mythes fondateurs : Melkor, l'Ange déchu, était bien sûr le plus intelligent, celui qui s'est permis d'avoir une vision personnelle au lieu de rester soumis au Père. Et ce bel acte de liberté dans l'affirmation de soi est présenté comme une chute, et Melkor devient le méchant de l'histoire. De même, la soif de connaissance des Hommes, qui veulent aller toujours plus loin, les pousse à rechercher le bonheur et l'immortalité... Rien de répréhensible là-dedans, si ? Et pourtant les dieux les punissent d'avoir osé. 
Mais heureusement, des passages lumineux font oublier tout cela, tel le duel de chansons entre Sauron et Felagund, qui me donne envie de lire des poèmes de Tolkien - mais il faudrait aller les voir en VO.


Alors, faut-il avoir lu le SDA pour lire le Silmarillon ? Faut-il commencer plutôt par l'un, plutôt par l'autre ? 
Je n'en sais rien, honnêtement. S'ils partagent le même univers, ils sont radicalement différents dans leur forme et dans leur conception (faut-il lire Chrétien de Troye avant de regarder Kaamelott ?)... 
A vous de voir (comme disait un copain). 

1/8

Et pour la suite ? Eh bien, je vais me laisser porter au gré de mon édition, et relire les quatre Contes et légendes inachevées. Je continuerai certainement sur les cinq tomes de L'Histoire de la Terre du milieu, avant d'aborder le Hobbit...
Mais je me suis récemment payée un petit coup de déprime, et le terme est choisi : je me suis acheté pas mal de bouquins et quelques paires de chaussures, ça risque de repousser la suite de ma balade avec Tolkien...

mardi 24 août 2010

Goliards, goliardes !

Il était une fois, il y a bien bien longtemps, Chronos créa du haut de l'Olympe une race d'humains bienheureux. Il les fit batifoler dans les champs, sans jamais connaître la douleur, la peine ou le travail. Toute leur vie se déroulait le ventre plein, l'esprit en paix et les sens comblés. Ils mourraient comme ils avaient vécu, le sourire aux lèvres.
C'était l'Age d'Or.

Nous aurons du pain,
Doré comme les filles
Sous les soleils d'or.
Nous aurons du vin,
De celui qui pétille
Même quand il dort.
Nous aurons du sang
Dedans nos veines blanches
Et, le plus souvent,
Lundi sera dimanche.
Mais notre âge alors
Sera l'AGE D'OR.
Nous aurons des lits
Creusés comme des filles
Dans le sable fin.
Nous aurons des fruits,
Les mêmes qu'on grappille
Dans le champ voisin.
Nous aurons, bien sûr,
Dedans nos maisons blêmes,
Tous les becs d'azur
Qui là-haut se promènent.
Mais notre âge alors,
Sera l'AGE D'OR.

Nous aurons la mer
A deux pas de l'étoile.
Les jours de grand vent,
Nous aurons l'hiver
Avec une cigale
Dans ses cheveux blancs.
Nous aurons l'amour
Dedans tous nos problèmes
Et tous les discours
Finiront par "je t'aime"
Vienne, vienne alors,
Vienne l'AGE D'OR.

(Léo Ferré)


Mais la chute de Chronos précipita la fin de cette douce époque. Dès lors, tout alla de mal en pis : le travail d'abord, puis la souffrance, la maladie... pour finir par les gens qui mangent du popcorn dans les salles de cinéma.

L'Age d'Or est devenu un mythe (a-t-il jamais été autre chose ?), un genre de promesse paradiasque d'un futur meilleur. Car Léo Ferré le souligne très bien, la principale caractéristique de l'Age d'Or, c'est qu'il reviendra. En attendant, deux solutions :

- on trinque en serrant les dents et en faisant bien ses prières avant de manger ;
- on fait comme Bruegel l'Ancien et on rêvasse...


Main dans la main camarade ! Que tu sois paysan (reconnaissable à son fléau), chevalier (la cotte de maille), écuyer (le casque), ou clerc (la braguette prête à se baisser...), on est tous égaux devant la sieste... Et on a chacun les mêmes chances d'attraper les oeufs à la coque à pattes.
Bruegel l'Ancien a peint ce tableau en 1567, deux ans avant sa mort, alors que la Flandre (il habitait Bruxelles) est déchirée par les guerres de religion et que tout le monde se massacre joyeusement.
On comprend alors la tentation de partir ailleurs, et je suis bien contente que Bruegel ait rêvé au lieu de vivre, parce qu'il dessine vachement bien. Je ne suis pas très sensible à la peinture, mais j'aime ses tableaux.

La "nostalgie" de l'Age d'Or fait froid dans le dos : on regrette une époque qui n'a même jamais existé, c'est dire à quel point l'ici et le maintenant sont bien pourris. C'est en mythologie ce que le Big Bang est à la physique nucléaire : un point de départ théorique auquel la matière va revenir, écrasant tout - l'histoire, les hommes - sur son passage. Crunch.

Mais il y a également une troisième solution, pour ceux qui en ont vraiment plein le dos.
On pourrait l'appeler l'Appel de la Goliardise.
Les Goliards sont un genre de vagabonds médiévaux. Des étudiants fauchés, à ce que j'ai compris, qui voyageaient en troupe avec d'autres fauchés (les ancêtres de Jeudi Noir, en somme), les poches vides et la langue bien pendue. La plupart sont des clercs non par aspiration religieuse mais pour échapper, une fois tonsurés, aux obligations séculaires et millénaires (le service militaire, les différents impôts pour l'Eglise, etc.).
"C'est la vie de Bohême", auraient rigolé Bourvil et Mariano.
Non contents de se servir éhontément des avantages accordés à une Eglise à laquelle ils ne se donnent pas, ils se fichent ouvertement de ses clochers ! En parodiant les cérémonies religieuses (Wiki raconte l'histoire d'un âne et de harengs que l'on ramenait à la messe) et surtout en composant des pelletées de chansons à boire, de chansons paillardes ou de chansons anticléricales, ou les trois mélangées.
Et la plupart seront consignées dans un recueil intitulé... Carmina Burana (l'oeuvre de Carl Orff - qui ? - mais si ! "O Fortuna"... vient de là).
Et là où c'est sympa c'est que ces ménestrels ont aidé la langue française, en tout cas dans sa version écrite (puisque ces chansons ont été consignées par écrit, à l'époque ça joue beaucoup) à se départir d'une rigueur latine un peu préjudiable à la mélodie de la langue. La Tuna explique ça mieux que moi... Ou ici pour les amateurs de détails.

Pour échapper à l'horreur de l'Age d'Or dont j'espère vous avoir convaincus, entrons tous les amis à l'Abbaye de Thélème dont la célèbre devise, "Fais ce que voudras" (Rabelais, Gargentua) ne peut s'entendre sans cette autre citation du même auteur : "Ignorance est mère de tous les vices".

dimanche 22 août 2010

Buffy comics

Je découvre ladite "saison 8" de Buffy contre les vampires, celle qui est en cours de publication sous forme de comic. Toujours ces références bien marrantes à la pop culture, et les comics en premier lieu, bien sûr ! ceux qui explosaient dans tous les sens, avec des Big Bad qui ont toujours plus d'un tour dans leur sac, et les onomatopées en rose fluo... De bien belles choses parfois, comme cet issue 5 qui m'a un peu serré le coeur. 

Mention spéciale également à l'arc consacré à Faith et Giles, qui prouve tout d'abord que Faith est un personnage riche et plein de possibilités et également que Giles n'a rien perdu de son anglitude (je veux le même pull!)...


Maintenant, pour les amateurs, Dark Horse, la maison qui publie ces comics propose quelques planches en ligne sur son myspace. Buffy : Always Darkest m'a bien fait rire (issue 24) ; de même que Sugarshock (issue 1, 2, et 3), pure galéjade, mais un chouette personnage de Dandelion.
 

samedi 7 août 2010

Oh, fais-moi rêver Jean-Claude !


Anita Blake, dans la vie, elle fait Réanimatrice. Elle relève les morts, créée des zombies, quoi. Autant dire qu'elle a le coeur bien accroché. Sinon sur son temps libre, Anita Blake est une Tueuse de vampires. Il y a plusieurs manières de tuer un vampire, mais Anita a une préférence pour les méthodes traditionnelles : le pieu, le truc tranchant qui tranche la tête. Ou le flingue qui explose le crâne. Autant dire qu'elle n'est pas une nunuche. Anita Blake n'a pas beaucoup d'amis, à part une nunuche qui fait rien qu'à l'emmerder à se marier et à vouloir qu'elle soit sa demoiselle d'honneur. Car Anita Blake ne porte pas de robes. Et il y a aussi un tueur à gages vachement sexy mais un peu dangereux quand même. Autant dire que la vie, pour Anita Blake, c'est pas du gâteau tous les jours.
Et surtout Anita Blake est sur le point de commencer un genre d'histoire d'amour/haine très étrange et pas du tout cliché avec un ténébreux vampire, très vieux et très puissant, nommé... Jean-Claude.
Non, non, j'affabule pas. Jean-Claude. Et ce fut une merveilleuse idée que de l'appeler Jean-Claude ! au moins quelque chose qui m'aura fait sourire dans cette histoire que j'ai trouvée profondément ennuyeuse...

Oh, certes, le monde créé présente une certaine cohérence. Il y a une intrigue policière également (mais qui donc s'amuse à tuer des vampires ?) qui est résolue à la fin. Quelques personnages secondaires sympathiques (le patron d'Anita, par exemple, et son rapport décomplexé à l'argent). Le vocabulaire est plutôt simple, les phrases ne sont pas difficiles à comprendre et le livre est court... Je n'ai pas trop souffert.
Maintenant que dire de plus ? Je l'ai fini il y a quelques jours et je ne m'en souviens déjà que très partiellement (sauf de Jean-Claude, naturellement). Cette lecture a glissé sur moi comme un canard sur un rocher mousseux, sans originalités pour accrocher la mémoire : une femme forte pour héroïne, garçon manqué célibataire : déjà-vu. Des forces démoniaques qui s'en prennent aux humains et qu'il faut repousser : déjà-vu. La nécessité de frayer avec le diable et le frisson de plaisir coupable ce faisant ? déjà-vu et re-déjà-vu. Un vampire très hot prénommé Jean-Claude ? dé... Ah non. Ca, ça m'a marquée.
Bref : je n'avais pas de grandes attentes avec ce livre, je cherchais une petite lecture d'un soir pour reposer mes neurones de thésarde en fin de rédaction, un truc frais et sympatoche. Je ne l'ai même pas trouvé...

Voici la liste des valeureux participants à cette lecture commune (sur livraddict) : 

Les enthousiastes :
Love-of-book (un véritable coup de coeur pour les personnages)
Mycoton32 (une histoire originale pour cette grande consommatrice de bit-lit)
Setsuka (enfin de la bit-lit chaste !)
Cécile (qui aime les héroïnes avec du mordant... mais juste au sens figuré)
Vozrozhdenyie (qui partage mon opinion au moins sur la super-virilité du prénom Jean-Claude)
Lily (qui aime les livres où les femmes sont à l'honneur)
Galleane (qui va surveiller de près ces hommes qui tournent autour d'Anita en lisant le tome 2)
Cathy (un roman qui résiste à une relecture)

Les mitigés :
Pikachu (qui visiblement, "ne sait pas" trop quoi en penser !)
Lisalor (qui pense qu'il devrait y avoir une limite de taille pour faire Tueuse de vampires)
Yumiko (qui a eu beau tourner et retourner, la sauce n'a pas pris)
Lolo (qui s'est décidée à passer outre la couverture lorsqu'elle a compris que ce n'était pas un roman érotique)
Nanet (qui situe Anita entre James Bond et Buffy)

Fée Bourbonnaise
Mystix
Stieg
Kristus
Lexounet



mercredi 4 août 2010

Le Trône de fer

Dans un royaume imaginaire, des familles se battent et se déchirent autour de la succession au Trône de fer, le symbole du pouvoir et de la royauté sur les Sept couronnes.
Voici un cycle dit de Fantasy d'où la magie est à peu près absente. Les complots et les batailles en revanche, foisonnent... Ce qui rend encore plus inquiétantes les petites touches de fantasique. Le royaume se déchire de l'intérieur, alors qu'il est menacé, au Nord, par la présence des Autres, genre de spectres qui hante les cadavres des hommes. Le Mur est la seule frontière entre ces rivalités familiales pour le pouvoir et l'horreur de ces fantômes qui reviennent avec l'hiver. Le Mur, hélas, est de moins en moins gardé. C'est tellement plus important de placer ses pions dans le futur gouvernement...
Voici un cycle de Fantasy à gros sabots, sans originalité et assez clairement commercial. Mais ça marche. Nous n'avons pas affaire complètement à un attrape-couillon.
Deux choses expliquent à mon sens ce petit miracle : le talent de scénariste de Georges Martin ; et des personnages riches décrits tout en finesse.
J'ai apprécié de ne pas pouvoir discerner les bons des méchants. Les notions de Bien et de Mal, dans ce royaume au bord de la guerre de succession et menacé par des forces surnaturelles encore plus inquiétantes sont plutôt floues. Bien malin celui qui pourrait qualifier un Tyrion Lannister, par exemple : héros ou salaud ? Et Ned Stark, l'homme d'honneur, le père de famille aimant et le dirigeant droit et honnête (voire rigide), devant le choix de sauver son royaume ou sa famille, qui pourra deviner ce qu'il va faire ?
Pas moi, en tout cas. Rien n'est téléphoné dans la manière dont les personnages réagissent face aux événements. On va de surprise en surprise, accompagnant les personnages, leur reprochant telle ou telle décision, jouant à deviner avec eux ce que trament tels personnages secondaires... Une vraie réussite, surtout pour une lectrice aussi casse-pieds que moi à ce niveau-là !
 En ce qui concerne l'histoire proprement dite, je suis restée un peu sur ma faim. J'aime les grands cycles, mais j'aime également quand une histoire se déroule, puis se conclut avant de rebondir... On pourrait dire que l'auteur prend son temps, mais on a parfois un peu l'impression qu'il tire à la ligne. Des histoires de famille compliquées, des rivalités, des batailles, attisées par le souvenir d'anciennes histoires de famille compliquées, des rivalités ancestrales, des batailles du passé... C'est peu de dire que c'est un peu compliqué d'y rentrer, au début. Pour nous faciliter la vie, chaque chapitre suit un personnage en particulier parmi une petite dizaine qui forment donc des sortes de personnages principaux à travers les yeux desquels nous voyons l'histoire, forcément partielle, forcément orientée. Ce mode d'énonciation créée le suspens, car nous n'avons pas accès aux autres personnages importants (je pense à Jaime Lannister Le Régicide dont on parle beaucoup, mais qui glisse comme anguille. Il m'intrigue particulièrement).
J'ai été séduite également par cette idée des saisons qui durent de nombreuses années, et l'hiver qui approche est particulièrement bien rendu, petit à petit, dans ce qu'il a de sinistre et d'effrayant. L'hiver vient, les Autres approchent...
L'hiver vient, la devise de la famille Stark, me fait sourire. C'est drôlement sinistre comme devise de Maison... L'illustration parfaite du pessimisme ! 
Les hommes du Mur sont très bien rendus, ces silhouettes noires et muettes, des hommes que l'on imagine burinés et boueux, qui ont fait voeu de chasteté et qui vivent toute l'année dans la neige et le froid, pour garder cette mystérieuse forêt... Ca aurait pu être romantique en diable et ouvrir la porte aux fanstasmes, mais là encore l'hiver vient : la Garde de Nuit n'est plus qu'un futur ramassis de violeurs et de délinquants. Les hommes, les vrais, ne trouvent plus de relève... A part peut-être le Bâtard, Jon Snow, au nom prédestiné. Oui décidement, il fait très froid dans ce livre...
Un tout dernier mot sur l'écriture. Le traducteur a tenté de rendre un genre de style médiéval bizarre, je ne sais pas ce que ça donne en VO, mais en français j'ai trouvé cela pas trop mal. Rencontrer des "La couronne m'écherra" par exemple est plutôt sympathoche ("écherra", futur simple un peu vieilli mais encore utilisé de "échoir"... Oui, comme dans "Et la bobinette cherra" !). En revanche, le 'parler peuple' des péquenots m'a un peu fatiguée.
En conclusion, que dire ? Ce serait mentir que de ne pas avouer que j'ai passé un bon moment de lecture. Mais ce n'est pas un roman qui m'a fait grimper au plafond. 
Continuerai-je ? Pas dans l'immédiat : la violence (physique et psychologique) des événements qui se déroulent est un peu éprouvante. En lisant les dernières lignes, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire : "Eh bien, ils sont pas dans la merde...".
NB : le bouquin est en cours d'adaptation sous forme de série TV par HBO... J'avoue que je crains un peu.
(Et du coup, j'ai enchaîné avec De Bons présages de Gaiman et Pratchett, histoire de souffler un peu...)

Les billets des autres participants (oui, car c'était encore une LC) :

Poulp
Evertkhorus (qui a dû s'accrocher mais qui est loin de le regretter)
Miss Spouky Muffin (qui a épuisé ses réserves de patience à la troisième page de description de la cuisson du foie de veau)
Erell
Lexounet
Deliregirl1
Iani (qui a l'air motivée pour refaire la traduction française)
Séverine

samedi 31 juillet 2010

J'ai été mordue...

Les lectures communes de livraddict sont un puissant stimulant pour découvrir des livres que l'on aurait jamais eu l'idée d'aller voir, ainsi que pour tenter de régler son compte à une PAL qui j'en suis sûre, est auto-extensible (elle grandit pendant la nuit, ou quand je regarde ailleurs...).
J'étais curieuse, en librairie, de l'ensemble des livres de La Communauté du Sud (Charlaine Harris, en poche chez J'ai Lu), à cause de leur couverture tape-à-l'oeil. A cause de la série True Blood que j'ai beaucoup aimée (et semble-t-il je ne suis pas la seule : l'éditeur en fait un argument commercial sur la couverture). A cause de la Lousianne qui pour une raison ou une autre est un endroit qui m'attire (je rêve depuis plusieurs années de partir en vacances en Louisiane. Oui, même après Katrina, même après la marée noire. N'empêche, vu le nombre de catastrophes naturelles qu'ils enchaînent, j'ai intérêt à me dépêcher. A ce rythme, elle va bientôt être rayée de la carte...). A cause de cette idée, les vampires faisant leur coming-out.
Mais j'avais trop peur de l'effet "chick-lit" (ou "bit-chick-lit" ?) pour aller lire par moi-même.

Merci donc aux lectures communes, car j'ai aimé. Et j'en ai été la première surprise.
J'ai lu ce premier tome, Quand le danger rôde, en une journée et je suis allée m'acheter la suite dans la foulée.

Le récit est à la première personne. Nous sommes donc dans la tête de Sookie Stackhouse, jeune serveuse au bar Chez Merlotte dans la petite ville de Bon Temps. Sookie est blonde, elle est belle, elle est vierge et elle est télépathe. Elle est aussi toute excitée lorsque le premier vampire que le coin ait jamais vu, Bill Compton, fait son entrée dans son bar. Du coup, elle en tombe amoureuse aussi sec. Mais beaucoup d'hommes tournent autour de Sookie, à commencer par son patron, Sam Merlotte, qui ne semble pas complètement humain non plus. Je serais Bill, je serai jaloux également d'Eric Nordman, son supérieur hiérarchique. Et puis je m'inquiéterais un peu plus à propos de toutes ces jeunes femmes assassinées dans cette petite ville sans histoire...

Je suis bien embêtée, arrivée à ce stade de mon billet, d'expliquer pourquoi j'ai été tellement conquise par cette histoire.
Le livre a deux gros défaut : le style, et la narration. Enlever ça, et il ne reste plus que l'histoire ! Qui heureusement, elle, tient la route : l'idée de base est excellente et très bien exploitée.
Le style est simplissime. Simplet. On pourrait même dire que c'est écrit avec les pieds. Mais à cause de la focalisation interne, on peut se dire que ce sont les pensées de Sookie qui veulent ça : jeune fille qui naît au monde en rencontrant Bill. J'ai donc laissé parler le bénéfice du doute sur ce point. Et j'ai eu raison : le tome 2 est bien plus fin, Sookie a progressé (et l'humour y est bien plus présent).
Le deuxième défaut, c'est que l'histoire est racontée beaucoup trop vite. On a parfois du mal à suivre les actions des personnages à cause d'ellipses à répétition dans le déroulement de l'intrigue voir même, au coeur d'une scène, dans les actions des personnages (comment il s'est retrouvé près de la porte, celui-là ? Je le croyais assis à son bureau... etc.). Et ça, hélas, ne semble pas s'améliorer dans le tome 2. On voudrait plus d'intrigue, de suspens, d'exploration psychologique, etc. Du coup, l'effet série joue à plein : on a envie d'aller plus loin, donc on lit la suite.

Dernier point à aborder, évidemment : les rapports avec la série télévisée.
Même si une série est quelque chose de très différent d'un livre, je dirais qu'elle est plus réussie. A mon sens, elle prend tous les bons côtés du livre et en gomme les défauts. L'intrigue du tome 1 correspond à une saison entière : l'intrigue est donc plus développée, le suspens présent. La série adopte également la focalisation externe : il est donc possible de développer les autres personnages, pour le plus grand bonheur du spectateur. J'ai été déçue, dans le livre, de la fadeur des personnages secondaires. La série m'avait habituée à un Jason, un Lafayette, une Arlène, bien mieux écrits et beaucoup plus drôles, attachants. Le livre ne nous laisse pas la possibilité de s'y attacher.

Donc, pour résumer, une lecture rapide, agréable et addictive. Et puis ne nous voilons pas la face : c'est bourré à craquer de beaux mecs sur lesquels il n'est pas bien difficile de fantasmer. Si le jean-centuron de Sam dans la série TV remportait haut la main la première place dans mon palmarès perso, le Eric des livres lui a complètement rabattu son caquet, grâce à son humour décomplexé et sa perversité assumée.

Les autres billets des participants :

Ceux qui ont aimé :
Lebonsai (qui panse les plaies que lui a laissées Twilight)
Vozrozhdenyie (qui aurait des leçons de maintien à donner à ce soi-disant gentleman de Bill)
tachas (qui va poursuivre son voyage dans la "sans chichis Amérique")
Auudrey (qui a passé du "bon temps"...)
melcouettes (qui l'a dévoré à pleines dents)
Lelf (qui a apprécié de pouvoir se reposer un peu les neurones)
Klemocius (qui veut plus de laâarmes)

Ceux qui n'ont pas aimé :
Belledenuit (qui trouve qu'elle a perdu son temps avec un bouquin mineur bourré d'incohérences)
Leyla (qui a peur de se mettre à rêver de Sookie...)
Lynnae (qui avait hâte d'arriver à la fin... pour que ce soit enfin fini !)
Nymi (qui se demande où sont l'histoire et les personnages)

Les mitigés :
 love-of-book (qui a toujours du mal avec les scènes de sexe, qui sont pourtant mieux passées la deuxième fois...)
 Setsuka (qui a accroché à l'histoire mais pas aux personnages)
Endorphinage (qui trouve que Sookie couche un peu trop vite...)
Fée Bourbonnaise (qui veut nous faire croire qu'elle a aimé malgré toutes ses critiques)

Ceux dont on attend les billets !

Nadège
Mycoton32
Mystix
(Bulle)
poet24
minifourmi