mercredi 31 décembre 2008

Dernier jour...

Pour conclure en vrac les trucs commencés...
Tout d'abord, j'ai reçu un super cadeau de Noël de mon big bro' :



Eh oui, car en fait...



Le Bon tire en l'air !

Imaginons par exemple que le Bon, qui tire en premier, vise la Brute et réussisse son coup. En ce cas, c'est au Truand de tirer (puisque la Brute est éliminée de l'équation) et comme il ne rate jamais sa cible, le Bon meurt à coup sûr.
Si pour son premier coup, le Bon vise le Truand et le flingue, la Brute, au lieu de viser le plus dangereux (à savoir le Truand), va se retourner contre le Bon (puisqu'il n'y a plus que lui) et ce dernier sera donc deux fois plus menacé.
Etc, etc. imaginez la suite vous-mêmes.

Oui, je sais, la réponse est comme toutes les énigmes de ce type, à la fois décevante et bien maligne...
J'ai donc le regret de devoir annoncer que celui qui s'est approché le plus de la vérité, donc que l'on peut tenir pour notre gagnant, c'est Xuc, avec son : "
Moi je dis que s'il est pas trop con il se tire pour s'en tirer."
J'ai plus qu'à lui trouver sa citation-cadeau...

D'autre part, je voulais vous avertir de ne pas aller voir le remake "Le Jour où la Terre s'arrêta" qui ne vaut à mon avis que par sa future position de témoin pour les historiens à venir. En effet, dans les années 60, le premier film avait pour argument la menace nucléaire, et aujourd'hui c'est l'écologie qui est au centre de la morale du scénario. A part ça...
J'y suis allée, d'une part parce que j'adore me taper des bouses au cinéma, et aussi parce qu'à force de voir toutes ces affiches dans Paris, je finissais par avoir une certaine chanson dans la tête... Mais si, celle qui commence par : "Mickael Rennie was ill, the day the Earth stood still...".
Donc, j'aurais voulu partir en reportage un vendredi soir au studio Galande et faire un beau compte-rendu, oui mais voilà je ne suis plus à Paris, alors du coup je botte en touche en vous laissant une vidéo so glamour, et je retourne en vacances !




samedi 20 décembre 2008

Bouquineries

Ma bouquinerie préférée a fermé... Mon fournisseur principal, sis à Seix (si si !) en Ariège m'a lâchement laissée tomber. C'était un tout petit local, mais d'une richesse étonnante, comme il sied à toute bonne bouquinerie. Un instant, j'ai pensé arrêter de lire en signe de deuil, et puis finalement je me suis rabattue sur un autre magasin bien moins romantique, dans une autre ville qui porte un nom bien moins rigolo.
Bref, dans les bouquineries, on trouve des livres qui ont appartenu à d'autres et outre les noms inscrits en page 3, les annotations et autres dédicaces, on peut parfois aussi récolter des trésors oubliés entre les pages.



J'avais acheté ce livre, pour son sujet : un ancien de l'OAS raconte sa lutte pour l'Algérie française. Je suis plutôt du genre à fuire les fafs comme les madelinistes (tautologie ?), mais un livre ça ne risque pas de salir les mains et il est toujours intéressant de se plonger dans une réalité complètement différente de la sienne.
Rapide critique pour ceux que ça intéresse : ce texte écrit en prison en 1966 est un genre de recueil de souvenirs. On aurait aimé plus d'organisation, un fil directeur, quelque chose. Si certains moments sont savoureux, des anecdotes étonnantes, et une forte présence des valeurs travailfamillepatries, toute réflexion politique semble exclue, et c'est bien dommage : pourquoi se battre contre l'indépendance de l'Algérie ? Comment juger la position de De Gaulle ? Pourquoi avoir choisi la clandestinité ? etc. J'aurais aimé en savoir plus là-dessus.



Dans les pages, une carte de visite, qui dit :
"Monsieur, Madame Jacques Dat et Annie vous remercient de vos bon voeux et vous adressent à leur tour leurs souhaits bien sincères, pour la nouvelle année.
Nous espérons avoir le plaisir de vous voir dans le courant de l'été 1968 et vous adressons notre souvenir très amical."

Utilisée en marque-page par le lecteur précédent, certainement Monsieur ou Madame Auriac, à qui est dédicacé ce livre, par l'auteur lui-même :
"en souvenir des bonnes et mauvaises heures, avec ma très vive sympathie"

Si ces personnes lisent ce billet, par faveur contactez-moi ! Je brûle de savoir ce que vous avez fait, finalement, en cet été 68...

jeudi 18 décembre 2008

à vendre

La sirène de l'usine de Renault-Billancourt...
Allez, un pronostic : qui va se l'offrir ?
Un ouvrier nostalgique ?... Arf...

lundi 15 décembre 2008

Pour d'la saucisse à l'aligot, j'te défonce ton frigo






Pour écrire aux détenu-e-s vous pouvez envoyer des lettres à l'adresse :

Gabrielle, Manon, Binjamin, Yldun ou Julien
comité de soutien aux inculpés de Tarnac
19170 le bourg
Tarnac
FRANCE

mercredi 10 décembre 2008

La rupture


Modernisons aussi les Droits de l'homme, héritage de Mai 68...

mardi 9 décembre 2008

Avoir un bon copain au-delà du périph'




Et prendre le Petit Chat sous un bras, des idées recettes dans l'autre main, pour nourrir le futur meilleur ouvrier de France...














Robert Plante est toujours là, elle survit vaillamment...










Et si à Logres on est fort en pommes, en France, on est fort en Hôtel de Ville...














Sous la houlette culturelle morveuse des post-popartiens Marx, Lénine et Staline...



On a percé les mystères du Stonenge du coin, érigé vers novembre 2008...



Et grâce à quelques "pas plus haut que le bord", on a enfin trouvé le secret du génie des films de Carpenter : le casting de l'équipe technique basé sur la taille de la moustache !


(Pour le pinard, c'est pas de notre faute ! on avait pas le choix !)


Difficile, avec un argument si tentant, de ne pas avoir envie de revenir très vite...

dimanche 7 décembre 2008

Pédophilie



C'est bien la première fois que ces bons vieux Scorpions choquent quelqu'un, non ?






(je reprends pied à Paris, merci pour vos mails...)

dimanche 30 novembre 2008

Entertainment

Une petite série américaine pour digérer les patates sautées à l'ail en ce dimanche après-midi ?
Si vous n'avez pas d'idées, je vous conseille True Blood. J'ai été séduite par le générique, la musique est de Jace Everett (un peu trop american blues pour certains, peut-être ?) :







Et le reste est de qualité aussi, créé par Alan Ball, celui du film "Américan Beauty" et de la série "Six Feet Under". Il se débrouille bien, quoi.

Pour résumer, c'est une histoire de vampires qui se passe dans un petit bled en Louisiane (amis lecteurs d'Anne Rice, bonjour !). Grâce à un substitut au sang humain (le Tru Blood), les vampires ne sont plus obligés de tuer pour se nourrir. Ils ont donc décidé de vivre parmi les hommes, au "grand jour" si on peut dire.

L'analogie est claire et le scénariste ne cherche pas à la dissimuler : le héros vampire a été soldat pendant la guerre de Sécession, certains bars ne servent pas les vampires, les vampires restent le plus souvent entre eux et ne font aucun effort pour se faire accepter, bien au contraire, etc.

Les personnages sont très travaillés, drôles et touchants (sauf peut-être le couple principal, trop stéréotypé, espérons qu'ils vont évoluer), mention spéciale au frère abruti qui saute toutes les nanas et au cuisinier dealer ouvrier homo.

La série en est à sa première saison. Pour en voir quelques épisodes et se faire une idée, c'est ici.
Bonne digestion...

samedi 29 novembre 2008

REP, Lévy-Strauss...

Toi dont l'oeuvre a changé le cours de l'histoire, toi donc la rigueur intellectuelle...
Pardon ?
Il n'est pas mort ?... Oups...
Pourtant, il est publié dans la Pléiade, il a son ampithéâtre au quai Branly, sa bio dans tous les journaux...
Ca sent le sapin, non ?

Les médias aiment tant les commémorations qui permettent d'évoquer un homme (ou un événement) en restant soigneusement en surface, qu'ils commencent déjà du vivant de l'auteur.

Foutez-lui la paix, au vieux, et relisez ses bouquins plutôt. C'est pas pour rien qu'il les a écrits.

mercredi 26 novembre 2008

Faits divers : avril 1966

A l'époque, on ne faisait pas trop de blagues de cul dans les couloirs des ministères...

Conséquence du baby-boom et des « millions de beaux bébés », le nombre de jeunes (et d'étudiants) explose. Rien n'est prêt, institutionnellement et mentalement, pour les accueillir. J. F. Sirinelli a très bien décrit les effets de cette explosion démographique (SIRINELLI, Jean-François, Les Baby-boomers. Une génération 1945-1969, Paris, Fayard, 2003, 325 p.) : une nouvelle classe d'âge se créée. Le statut d'étudiant, plus un enfant pris en charge par la famille et pas encore un travailleur indépendant, concerne maintenant un nombre assez significatif de personnes pour que cela puisse changer la face d'une société. Mais quelques progrès dans les mentalités sont encore à faire...

Dans ces affreuses résidences étudiantes, bâties à la va-vite pour faire face au nombre, le règlement est clair et c'est partout le même, grosso modo : les filles peuvent rendre visite aux garçons, mais les garçons n'ont pas le droit de rendre visite aux filles... (je m'étais expliquée ailleurs sur cette iniquité, tellement « signe d'une époque » !).

Le pavillon de la Suède, à la Cité universitaire de Paris, est devenu « mixte » à la rentrée 1965. Il n'accueillait auparavant que des garçons, mais il s'est avéré, ô surprise, que les filles voulaient elles aussi pouvoir faire des études internationales... Alors on leur a réservé un étage du pavillon, fermé par une porte dont seules les résidentes possèdent une clé (et le directeur aussi, ah ah !). Dans la foulée, on a promulgué un nouveau règlement, les cités étudiantes n'étant pas destinées à devenir des lupanars, quand même ! qui stipule que les résidentes ne peuvent recevoir de visites masculines sans l'autorisation spéciale du directeur, mais que les résidents, en revanche, peuvent recevoir des visites féminines entre 12h et 23h.

L'heure est à la contestation étudiante, aux revendications existentielles de cette nouvelle classe d'âge qui ne veut plus être pouponnée comme à l'école élémentaire. Les étudiants suédois, le 22 mars 1966 (amusante concordance des dates, non ?) ont organisé une AG et ont décidé de « refuser ces règles archaïques ayant suscité de nombreux conflits » et ont demandé leur abrogation au conseil d'administration du bâtiment suédois.

Attention, c'est là que ça se corse. Quelques jours après l'AG, la femme du directeur a surpris un étudiant, Leif Biureborgh, à l'intérieur de l'étage des jeunes filles. Que venait y faire ce petit excité ? Eh bien il se trouve que c'était la grève des postes. Il était donc venu remettre la motion de protestation votée en AG à une jeune fille travaillant à l'ambassade de Suède pour qu'elle la transmette à l'ambassadeur. Cette jeune fille étant absente, il a remis sa lettre à Birgitta Oloffson. Et c'est là que – imaginons – la matrone ouvre la porte de la piaule à toute volée et surprend les deux pêcheurs en pleine remise de lettre. Le lendemain, le directeur annonce à ces étudiants qu'ils sont renvoyés de la Cité et ont quinze jours pour trouver une chambre ailleurs parce qu'ils avaient violé le règlement. Les étudiants ont fait appel devant le conseil d'administration du pavillon suédois et devant le délégué général de la Cité. L'histoire ne dit pas s'ils ont obtenu gain de cause ou s'ils sont retournés militer pour les libertés individuelles dans leur pays.

Je tiens tout de même à ajouter que ces gamins sont âgés de 27 ans pour le jeune homme et 22 ans pour la jeune fille...


(source : Le Monde, 8 avril 1966)


J'adore ces faits divers, racontés tranquillement dans le style si caractéristique du Monde de cette époque. Que cachent donc ces mots ? Le journaliste ne s'est pas trop fait suer à enquêter pour son article. Il ne nous reste plus que les suppositions, à nous bâtir des scénarii... Personnellement, le coup de « je voulais remettre une lettre pour l'ambassadeur à une copine et manque de pot, elle était absente et oh ! mais qui aperçois-je au fond du couloir ? Birgitta, ma petite amie, quel hasard... », moi j'y crois pas trop. De plus, je me dis que le directeur devait bien être content de pouvoir virer des étudiants engagés dans la lutte contre un règlement obsolète pour les uns, nécessaire plus que jamais pour les autres. Parce que franchement, virer pour remettre une lettre pendant la grève des postes, c'est la première fois que je croise une excuse qui sonne autant bidon...

Par contre, je me demande bien ce que vient foutre dans ce bordel la femme du directeur... Son rôle me paraît louche... A moins qu'elle ne passe son temps à arpenter les couloirs de l'étage des filles et que nos deux zigotos ne s'envoyaient en l'air contre un mur dudit couloir, je ne vois pas trop comment elle aurait pu les surprendre... Le directeur, à mon avis, a dû la mandater d'une quelconque manière... Peut-être qu'elle épiait ce jeune homme, l'a laissé entrer pour soudain (tadam ! ) le surprendre en flagrant délit.


Bref, cette anecdote m'a amusée, pour plusieurs raisons : la concordance des dates, l'âge des protagonistes, le ton imperturbable du journaliste... Elle peut en outre faire figure « d'événement analyseur » d'un petit bout, un petit champ social, de la société d'alors. La guerre est ouverte entre deux générations, deux époques.


L'Université Paris 8 organise un concours de nouvelles dont le thème est « A l'Ouest ». Il me donne quelques idées, ce pauvre directeur confronté à une fronde venue du Nord...



lundi 24 novembre 2008

Petite énigme mathématique

Dédicacée à Zac Galou, of course...

C'est la fin du film...
Le Bon, la Brute et le Truand se font face, au milieu de nulle part. Morricone à l'harmonica, un petit vent frais qui remue les franges des ponchos... Ils vont tirer.
Le spectateur, tenu en haleine deux heures durant, accorde toute sa sympathie au Bon : s'il ne reste qu'un, ce doit être celui-là !
Cependant, il se trouve que le Bon tire un peu comme une quiche : il ne fait mouche qu'une fois sur trois. La Brute tire un peu mieux et dézingue sa cible deux fois sur trois. Comme la vie est injuste, le Truand, lui, ne rate jamais sa cible.
Les ordres de tir ont été fixés par le scénariste : le Bon tire en premier, puis la Brute, puis le Truand. Et on recommence dans cet ordre jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un seul homme debout. Et c'est là que nous, spectateurs, pouvons intervenir :

Sur qui le Bon doit-il tirer en premier pour avoir les chances maximales de survie ?

mercredi 19 novembre 2008

Schizophrénie : un gros coup de lassitude







Sur flickr il y a des gens sympathiques...
L'ultra-pétillante Sad Eyed Lady qui se spécialise dans les concerts de vieux groupes de hard rock que je pensais morts...
L'OPNI (objet peignant non identifiable) Christophe Mendès, qui croit dur comme fer que je suis une pétasse de la Star Ac' (me demandez pas pourquoi)...
Shutterlag, évidemment, le doux, le discret, le poète...
Bentheh
ack, l'immortel auteur de "La Bite du Gévaudan"...

La représentation de soi, sur flickr, est à l'honneur chez certains. Comme sur les blogs, d'ailleurs, mais en version photo. Peut-être est-ce parce que je suis une grosse réac de l'écrit que ça me gêne parfois. JE ME prends en photo pour illustrer MA souffrance, etc.


Récemment j'ai fait des photos d'identité, avec un rendu horrible, une vraie screum.


-Ouh là !... Tu as une sale tête sur cette photo ! me souriais-je (j'aime bien me taquiner).



- Oui, me réponds-je (je n'ai pas beaucoup d'amis), mais tu sais je pense qu'on ne peut pas se fier à une image pour préjuger de la beauté, ou de la laideur d'une personne. On n'a jamais pu, en fait. Et on le peut de moins en moins. Ou alors en prenant certaines précautions.


- Aujourd'hui, enchaîne-je (car je comprends toujours où je veux en venir), avec la démocratisation de la photographie et l'usage de plus en plus répandu des logiciels de retouche d'image, on peut de moins en moins se fier à une photo. Les gens se prennent en photo eux-mêmes, dans une position voulue et choisie par eux. Et pour bien faire la nique à la spontanéité, l'image ainsi obtenue est retravaillée...



- Mais ce qui me lasse particulièrement (j'ai tendance à me couper aussi, quand je me lance dans des discours trop longs), c'est que ce travail de retouche est fait non pour se conformer, pour se transformer en son idéal de beauté, mais pour les autres, pour se conformer à l'idéal de beauté qu'on s'imagine être celui des autres.

- Donc, ils s'éloignent doublement d'eux-mêmes. Car s'ils trafiquaient leur image seulement pour eux, pour être plus conformes à leur idéal, ils nous auraient ouvert une porte vers ce qu'ils sont. Or, la diffusion de ces photos sur internet fausse la donne paradoxalement : l'intimité devient moins intime, si tu vois ce que je veux dire.


- ... (parfois, je me fous des vents. Oui, moi aussi j'ai du mal à me supporter)

vendredi 14 novembre 2008

Enfin, tabernacle !!



Dror, celui qui tient la chronique "musique" dans Siné Hebdo, remet les pendules à l'heure (SH n°9, 5 novembre 2008) :

"Les Français oublient souvent les génies francophones d'Outre-Atlantique. Ainsi, personne n'oublie de citer Léo Ferré, Georges Brassens, Serge Gainsbourg ou Jacques Brel dans les plus grands poètes francophones. Mais qui pense à y inclure le plus jeune d'entre eux, le Québécois Richard Desjardins ?"

Moi j'y pense ! En plus il est encore vivant, celui-là, profitons-en.

"Richard Desjardins ne fait que ce qu'il veut faire, et c'est pour ça qu'il fait tout bien. Il vit où il veut, en l'occurence dans sa ville natale, en Abitibi-Témiscamingue, région reculée du Québec à l'accent rocailleux. Il n'enregistre des disques que lorsqu'il en a envie et préfère parfois réaliser des documentaires. Ses concerts sont rares, généreux et drôles car il ne les donne que dans des lieux qui lui plaisent, souvent des petites salles, des soirées-bénéfices ou gratuites. Loin des modes, la musique qui accompagne ses textes est simple, c'est la musique populaire de la région d'où il vient, une espèce de country québécoise. Musique simple mais pas bâclée car Richard prend son temps pour écrire et composer, et c'est aussi un excellent pianiste et guitariste."

Vous lirez tous seuls la suite de sa chronique...
Une raison de plus pour lire Siné Hebdo !
(à force, je vais bien finir par convaincre Draleuq d'abandonner Philippe Val à ses rêves intellectualistes...)
Le blog de Dror propose aussi un complètement à ses chroniques. Et pour ma part, je vous aurais bien proposé d'écouter "Les Yankees" qui est, avec "Tu m'aimes-tu ?", la première chanson que j'ai entendue de lui, mais la vidéo est vraiment trop moche... Alors, allons-y pour "Et j'ai couché dans mon char"...


Et si vous décidez d'aller voir Le Peuple invisible à la Pagode à Paris au 26° Festival du film d'environnement...
Eh bien, on s'y croisera !


jeudi 13 novembre 2008

Mais Georges Lapassade, c'était un charlot, non ?

... me demanda hier soir un sociologue bourdieuso-meeticois dans un bar bobo-libertaire du 12° arrondissement...

Aujourd'hui, Journée d'hommage, à Paris 8. Les vieux et les nostalgiques défilent au micro. Le ton est aux anecdotes : qui était Georges Lapassade ?



Un professeur, oui, mais qui ne faisait jamais cours :

Florence Giust-Desprairies rappelle ses propos : "Le cours se passe là où se passe quelque chose à l'Université". Rémi Hess se souvient de deux cours que donnait Lapassade, qui s'intitulaient "Ici" et "Maintenant". Les horaires des cours étaient fixes, mais ils ne se déroulaient pas dans une salle : Lapassade était quelque part dans l'université, et les étudiants devaient le trouver... Il était évidemment là où "quelque chose" se passait. Paraît-il certains étudiants n'ont jamais réussi à dénicher leur enseignant du semestre...
Un témoignage écrit de F. Demichel, ancienne directrice de la fac, rappelle fort à propos que bien souvent ces crises, Lapassade les provoquait lui-même, pour faire émerger les solutions...

Un paysan béarnais avec la tête aussi dure que le bois dont on a fait sa pipe :

L'ancien directeur de Vincennes, Pierre Merlin, est là aussi. Il nous raconte le réseau de drogue qui s'était organisé sur le campus, bien à l'abri des franchises universitaires et du Bois. Un jour, une lycéenne fait une overdose dans l'enceinte de la fac. Branle-bas de combat. Le directeur convoque tous les responsables de conseils quelconques dans son bureau, pour discuter dans le plus grand secret de ce qu'il convient de faire. La réunion n'était pas encore commencée qu'arrive Georges Lapassade (il était toujours au courant de tout) suivi d'une trentaine d'étudiants. "Ce sont les participants à mon UV d'analyse institutionnelle, cette réunion à huis clos sera pour eux un excellent cours de travaux pratiques". Pierre Merlin explique patiemment à Lapassade que ce n'est vraiment pas possible... Peine perdue, Lapassade campe sur les lieux avec ses étudiants. Finalement, pour que la réunion puisse se tenir, Pierre Merlin abdique mais fait jurer le secret absolu à tous.
Le lendemain matin, en Une de Libération figurait le compte-rendu détaillé de la réunion à huis clos... Un des étudiants de Lapassade n'était autre qu'un journaliste...
Pierre Merlin en rigole aujourd'hui, mais à l'époque, "diriger" Vincennes, le bordel fait université, n'était pas de tout repos. Le département des Sciences de l'éducation était particulièrement ingérable, en raison de la présence d'un certain agitateur qui se réjouissait de cette désorganisation permanente et qui passait ses journées à essayer de créer l'événement pour mieux l'analyser ensuite. Souvent, il allait directement voir le directeur pour négocier ses "coups" avec lui...
Il possédait un "courage absolu", se souvient Claude Frioux, encore un ancien directeur, qui a été défendu par Lapassade lors d'une AG de gauchistes surexcités.

Max Pagès a livré par écrit aussi une anecdote de quand il était syndicaliste étudiant, ce que n'était pas Lapassade, mais ça ne l'empêchait en rien de fréquenter tous les syndicats. Le bureau devait tenir une réunion politique au sommet, juste entre eux. Lapassade voulait y assister, on lui avait spécifiquement demandé de ne pas venir... A l'heure de la réunion, qui était tranquillement installé parmi les membres du bureau ? Lapassade évidemment.
Il me semble que c'était Claude Frioux, ou Pagès je ne sais plus, qui s'adresse doucement à Lapassade pour lui dire : "Georges, tu sais bien que tu ne peux pas assister à cette réunion...". En face, aucune réaction. Lapassade est vissé à son siège. Deux malabars du service d'ordre se placent derrière lui. Le syndicaliste continue à tenter de raisonner l'intrus : "Geooorges...". Toujours pas de signe de vouloir bouger. Alors les deux malabars soulèvent délicatement Lapassade et son fauteuil et l'emmènent, toujours assis, en-dehors de la salle...
Ce qui a frappé Pagès dans cette scène, c'est la grande tendresse de tout le monde, y compris du service d'ordre, envers Lapassade...

Un résident à vie de Paris 8 :

C'est peu de dire que la fac était sa deuxième maison... Elle va paraître bien vide sans lui !
Lors de son pot de retraite, en 92 ou 93, il dit à la présidente de Paris 8 d'alors : "Irène, tu ne me chasseras pas, hein ?". De fait, je l'ai encore croisé en mai, deux mois avant sa mort, dans la salle des enseignants du département de Sciences de l'éducation. Il avait son bureau, un petit réduit sans fenêtres, rempli de documents et de dossiers. Paraît-il quelques fois il y dormait : personne n'a jamais su où il réussissait à s'allonger parmi son bordel. Il mangeait toujours au CROUS, d'ailleurs : "Le CROUS, la meilleure table de Paris" était une de ses phrases favorites.
A l'arrivée en retraite, il s'est acheté une maison à Saint-Denis, juste en face de la fac. Il n'y habitait pas, mais y logeait des étudiants nécessiteux ou sans logements. Il les aidait aussi parfois dans la réalisation de leurs mémoires, mais je demande à voir le résultat !

Et beaucoup d'autres souvenirs : ces malheureux organisateurs d'un certain colloque au Brésil qui ont accepté de donner un peu de temps de parole à Lapassade (qui n'était pas prévu au programme) vers 21h... A quatre heures du matin, il parlait encore...
Sa manière de téléphoner en Italie au milieu de la salle de reprographie, la plus bruyante et la plus fréquentée de l'université (mais qui était celle aussi où la ligne passait le mieux) a beaucoup marqué Florence Giust-Desprairies. Elle évoque l'image de ce vieil homme, assis tranquillement au milieu du bazard ambiant, les mains sur les cuisses de son pantalon de velours... Elle se souvient aussi de son Habilitation à diriger des recherches (genre de Grand Oral par lequel les simples maîtres de conférence sont intronisés Professeurs des universités) : en plein milieu de son exposé, Lapassade débarque. Il marchait déjà difficilement, il remonte lentement toute la salle. Son bonnet vissé sur la tête et sa chemise à carreaux, il devient rapidement le centre de toute l'attention. Tous les membres jury ne connaissaient pas le personnage, et il n'était pas facile, avec sa dégaine, de deviner en lui un professeur des universités (voir photo...). Plus personne n'écoutait l'exposante. L'olibrius s'assoit enfin, juste derrière Florence qui tente de reprendre son exposé... Difficile, car Lapassade est enrhumé. Il se mouche, il crache, etc. Et le public : "chut Georges !" "Georges, arrête de te moucher ! " etc. Les yeux de la psychosociologue brillent quand elle raconte.



Bref, plutôt qu'un charlot, un brésilien dont j'ai oublié le nom parle d' "anarchiste impérial":

J'aimais bien l'oxymoron...
Florence, encore elle, avance l'hypothèse qu'il ne possédait pas de sur-moi institutionnel, ce qui lui permettait de ne jamais être découragé, de jouer en permance avec l'institution, la prendre, la tirer et la pousser, de constater qu'elle est toujours là après, mais que le désir de jouer avec elle aussi. Lapassade n'avait pas peur de la provocation grâce à sa capacité de "dissociation du cogito".
Jacques Ardoino semble comprendre de quoi il s'agit puisqu'il nous dit que la capacité à la multiréférencialité que possédait Georges à haute dose lui permettait d'avoir fait le deuil de l'unité.
(Comment une personnalité aussi forte peut-elle avoir fait le deuil de l'unité ? est une question que je n'ai pas posée à haute voix car je ne parle plus aux psychosociologues, j'ai autre chose à faire de ma vie)
Finalement, conclut le grand Jacques Ardoino, Lapassade n'était pas un formateur, c'était un interventionniste.

Cette journée (je n'y suis restée que le matin, si vous voulez à 19h il y a un pot et à partir de 20h un bal -car Lapassade était un musicien aussi. Un slammer est venu pour lui rendre hommage) a été organisée dans un beau bordel.
"On dirait Vincennes" dit-on à droite et à gauche.

Mais Rémi Hess sourit :
"On a vu pire"...



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Peu de vidéos circulent avec Lapassade.

Il y a tout de même, celle-ci (à partir de 2min50) où on apprend l'existence d'un "stigmate" Lapassade qui fait que ses étudiants ne veulent pas trop se faire voir avec lui...





Et celle-ci, où il chante "Vive le PIIM" (le Parti Internationaliste Indépendantiste Marseillais...) en se penchant vers René Schérer pour lui crier à l'oreille comme s'il était sourd : Ce sont mes amis ! C'est Massilia Sound System, écoute ! etc.



lundi 10 novembre 2008

Exercice ô combien délicat...



Tu vois ma belle, je peine à t’expliquer
C’est pas facile de dire ce qui hante un homme.
Tu vois ma belle, tout ce que je peux sentir
C’est que je change tous les instants, à chaque fois différent.
Tu vois ma belle, parfois je suis au ciel
Comme le cerf-volant dans le vent, qui tombe au moment suivant.
Tu vois ma belle, je peine à t’expliquer,
Comment m’entendre si déjà tu as échoué à me comprendre ?


Tu vois ma belle, certains de ces cris ne sont seulement
Que le signe de quelque chose dedans, qui hurle pour sortir.
Tu vois ma belle certains jours durent une année,
Certaines phrases ne sont qu'un rien qu’il n’est même plus la peine d’entendre.
Tu vois ma belle les saisons et les sourires
Sont le salaire que l'on dépensera, mais avec toute la correction due.
Tu vois ma belle, je peine à t’expliquer,
Comment m’entendre si déjà tu as échoué à me comprendre ?


Tu ne comprends pas lorsque je cherche lors d'un soir
Un mystère d’atmosphère, celui qui est difficile à voir..
Quand je souris sans bouger mon visage,
Quand je pleure sans un cri, alors qu'à l’inverse je voudrais tant hurler,
Quand je rêve sur les phrases des chansons,
Derrière ces livres et ces cerfs-volants, je rêve à ce qui ne sera pas…
Tu vois ma belle, je peine à t’expliquer,
Comment m’entendre si déjà tu as échoué à me comprendre ?


Je ne regrette pas tout ce que tu m’as donné
Parce que c’est moi qui l’ai créé : je pourrais recommencer,
Même si je n'oublie pas, tout le temps que je suis avec toi,
Pourquoi ce temps dure encore.
Ne cherche pas dans un visage la raison, Dans un nom la passion qui m’ont fait, il y a si longtemps déjà...
Tu vois ma belle, je peine à t’expliquer,
Comment m’entendre si déjà tu as échoué à me comprendre ?


Tu es beaucoup, même si tu n’es pas assez
Et tu ne vois pas la distance entre mes pensées et les tiennes.
Tu es tout, mais ce tout est encore trop peu,
Tu es la paie de ton jeu et tu as déjà ce que tu veux.
Je cherche encore, essaie de ne pas t'effrayer
Quand tu me sens m’éloigner : le rêve fuit, je reste là !
Soit contente de ma part que tu as,
Je te donne ce que tu me donnes, à qui la faute ? on ne sait pas...
Cherche en toi pour comprendre ce que je ressens,
Pour comprendre que ce que je cherche n'est pas nouveau et ce n'est pas la liberté…
Tu vois ma belle, je peine à t’expliquer,
Comment m’entendre si déjà tu as échoué à me comprendre ?

(traduction libre à partir de Vedi Cara de Francesco Guiccini. Je lui présente ici toutes mes excuses...)

samedi 8 novembre 2008

No logo



Paraît-il, je vis des histoires
avec des gens bizarres...
Un maoïste un anarchiste un autonome
un plombier un autodidacte un aristocrate (...)
Et j'ai même fréquenté :
ce Jeune Bayouriste, le seul militant du Front de Libération de l'Extrême-Centre connu à ce jour
des services de la DNAT !

Fried est un artiste
qui ne crée jamais rien.

Fried ne sourit jamais. Jamais,
mais quand il sourit ! on a vu des gonzesses par douzaines,
s'asseoir sagement à ses pieds,
pour l'écouter,
et pour le regarder (instant vécu).

Fried fait partie de ces gens qui râlent devant leur télé
et qui, le matin, vont bosser en métro bondé.
Et devinez quoi ? ça les fait râler...

Fried est ce genre de type qui râle dans un métro bondé
parce qu'ils vont bosser
parce qu'ils vont pointer à un chagrin choisi
un chagrin moisi qu'ils n'auront jamais la force de quitter, parce que...

Car que veux-tu faire de toute manière ?

Fried est un artiste
qui ne crée jamais rien.

Parfois pourtant,
pour ses amis il sourit...
Parfois trop rarement
pour nous il écrit...
Et on se retrouve, tous, comme au lycée, comme à la fac, comme dans ces soirées,
à ses pieds.
Assis, et on plonge dans son sourire, dans ses pensées...

Et je m'énerve !
et je me dis !
Fried est un assassin un connard un criminel
(surtout un connard d'ailleurs j'ai dit
mais Fried est plus une victime qu'un bourreau,
ai-je fini par intégrer)

Bouge tes jolies fesses,
le monde est beaucoup plus vaste que tu l'imagines
En fait, il fonctionne comme une caresse :
Tu donnes et tu reçois...
Tu reçois parce que tu donnes
et quand tu donnes tu reçois,
et parfois ça ne marche pas comme ça...
mais franchement qu'est-ce que ça peut nous foutre ? Lançons tous les pavés de réserve dans la mare et on verra bien ! on verra bien jusqu'où les ronds parviendront...

Les pavés numériques, aussi.
Car Fried tient un blog.
Enfin, tenait. Ou a tenu ou tiendra, j'ai déjà oublié.
Le solitaire, l'égoïste, le misanthrope, le sans lecteurs, se dit
A quoi bon ?
Pourquoi ne sont-ils pas là, à mes pieds, assis tranquillement ? S'ils étaient déjà là, je pourrais les conquérir...

Mais Fried, on ne prêche pas les convertis,
comme on dit.
Pour les autres il te faut sourire... Et pour tout te dire puisqu'ici nous sommes entre nous j'ai vraiment apprécié ton post sur les logos : on y retrouve tes qualités ! ton humour, ton intelligence, ta capacité rédactionnelle (oui, je ne suis pas très sex quand je pars dans l'analyse...), ton sens artiste... Bref, ton "potentiel" ! mais... (cf. plus haut)

mercredi 5 novembre 2008

I want to break free...



Ma petite chatte déprime ce matin. Enfin, dans la mesure où les chats peuvent déprimer...

Elle s'est assise dans le bac de douche encore plein de flotte et elle regarde tomber les gouttes de mes soutiens-gorges que je viens de passer à l'eau. Il fait froid et sombre dans cette salle de bains. J'ai l'impression qu'elle met en place un happening intitulé "Tristesse".

Pourtant, ce matin tous les blogs sont couleur black power. Et RFI s'en pisse dessus...
Hier mon reuf de passage râlait contre Libé. Il me disait qu'il s'en foutait que la femme d'Obama soit métis ou pur teint, ce qui comptait c'était ce qu'il allait faire. Je le sommais d'abandonner sa franchouillardise : "think americain" !
Mais ce matin, du fond de sa mélancolie, la petite chatte noire me rappelle que Georges Lapassade est mort. J'écoute le parcours de celui qu'on nous présente à force matraquage comme le nouveau Président du monde : pas de danger, c'est le même... La seule chose qui va changer dans l'histoire, c'est que l'on va perdre la force subversive de l'instituant "être noir" dans la vie politique. Déjà que Margaret Tatcher avait maîtrisé les femmes, Georges, je ne sais plus trop ce qui nous reste pour peser sur l'institutionnalisation de l'avenir...

Il existe deux versions de la fameuse chanson "We shall overcome". A l'origine, le gospel disait : "we will overcome". Arf...

dimanche 2 novembre 2008

sms


Mon téléphone sonne... :


"D'après le calendrier maya, la fin du monde serait le 21 décembre 2012. Les prophètes des raves auraient vu sous drogues une renaissance de la civilisation dans les bois"

samedi 1 novembre 2008

Dehors novembre

1er novembre, jour des morts. Il pleut et il fait froid.

Kurt Cobain

Ian Curtis
Dalida
Nick Drake
Brian Jones
...
Et Dédé Fortin...



Il n'y a rien non plus sur la cassette de mon répondeur...

mercredi 29 octobre 2008

Avoir trente ans de plus

J’ai des fleurs dans mes cheveux, et je danse sans soutien-gorge dans les rues de San Francisco… A l’appel estival de ma génération.

J’ai 16 ou 17 ans, je fais l’amour sur une barricade à Paris, alors qu’un coucher de soleil anarchiste enflammait l’Hôtel de ville. Renaud chante encore juste, il est beau comme un poulbot et je braille « Crève salope ! » avec lui. Les grandes phrases et les petits mots, dans les amphis et sur la ville, nous effleurent sans vraiment nous intéresser. En loden et sans cravate, un leader politique est toujours un petit chef.


Je m’appelle Novo et je me laisse porter par cette nouvelle vague jusqu’au bout de son souffle, jusqu’à la rencontre avec cette fille appelée… Gloria… Elle me fascine, sur les plages de Jamaïque, avec son accent anglais et son bikini blanc. L’eau qui ruisselle entre ses magnifiques seins quand elle sort de l’eau à l’appel du Non…


Je me saoule copieusement en Toscane. Michèle, Guy et moi-même inventons sans cesse de nouveaux jeux, pour essentialiser notre microsociété aristocratique. Je suis sur le départ pour Bologne et ils me méprisent, ce n’est que dans les situations que se cherche la révolution.


Mais surtout je suis à la Sorbonne avec Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron à enquêter sur les situations pédagogiques et putain j’ai accès à leur matériau dans son intégralité et pas seulement à ce trop court article des Temps Modernes (que je suis quand même bien contente d’avoir déniché)…


Cthulhu-Bourdieu : 1-0

dimanche 26 octobre 2008

DAL... pour tous les âges de la vie

Les villes sont surpeuplées. Les apparts très chers. On a tous été un jour obligés de vivre l'expérience de la "cohabitation"...
Vous pensiez que c'était limité à une période de votre vie ? Qu'étant maintenant soigneusement marié et grassement salarié vous étiez tiré d'affaire ?
Vous, vous êtes plus naïf que Benoît Delepine et Siné...



vendredi 24 octobre 2008

Cayenne, etc.






L'autre jour, j'ai rouvert Surveiller et punir de Michel Foucault. Je cherchais des idées de supplices pour un ami qui m'embête, et je me souvenais de l'incipit percutant de ce livre. Disciples de Françoise Giroud, ces quelques lignes insoutenables accrochent le lecteur et le piègent en l'entrée de jeu.
Il s'agit de la description de l'exécution publique de Damiens, qui a essayé en 1757 d'assassiner Louis XV. Le crime est grave, et les tortures seront exemplaires. On lui cisaille diverses parties du corps, on le brûle, on sulfate les plaies, on le roue de coups, et on finit par l'écarteler. Pour bien faire comprendre où se situe le pouvoir, ses membres furent brûlés et les cendres dispersées. La maison natale du "parricide" (incrimination officielle) fut rasée, avec interdiction de reconstruire. La famille de Damiens fut chassée du pays.
Si après ça le peuple n'avait pas compris qui était le chef du royaume, c'est à désespérer...



Et c'est effectivement ce que raconte Foucault dans son livre : il est apparu que les désavantages liés à ce type d'exécution publique en surpassent finalement les avantages. La peine se cache.
Foucault le dit mieux que moi, lui qui en plus d'être un intellectuel particulièrement brillant était presque un poète dans ses écritures :
"Le châtiment est passé d'un art des sensations insupportables à une économie des droits suspendus"

Economie, le mot est lâché.
La semaine dernière, au détour d'un livre, j'apprends qu'il existait différents statuts pour les déportés au bagne du XIX° siècle. Je me suis laissé un peu déporter moi aussi, pour punition de ma curiosité, en Guyanne.
(Et bien m'en a prit ! L'En-Dehors soutient que c'est le paradis des anarchistes... Du moins, maintenant que le bagne est fermé...)
Effectivement, entre les déportés, les transportés et les relégués, les statuts étaient multiples. Tout dépendait du "crime" commis, d'où découlait la nature et la dureté de la peine. Enfin, "crime", c'est vite dit. Nous retrouvons là nos amis les anarchistes qui au lieu de se contenter de vivre et de militer tranquillement dans leur coin pour l'amour et la fraternité entre les hommes se sont mis, au XIX°, à poser des bombes partout et à faire sauter des inconnus... Camarades ! La fin ne justifie pas les moyens, laissez ça à ces connards de maoïstes, pour nous tout moyen doit être une fin en soi, hein ? Bref, la Troisième République affolée se mit à pondre une série de lois dites "scélérates", qui interdisaient, entre autres, l'anarchisme. Si je ne m'abuse, elle est toujours en vigueur d'ailleurs, cette loi (comme celle qui interdit aux femmes de porter le pantalon je crois !). Bref, selon une de ces lois, chaque récidiviste, même pour les voleurs de pomme, était envoyé à Cayenne. Une manière comme une autre de nettoyer la métropole...
Et de même que les galériens ramaient, les bagnards non seulement travaillent mais en plus peuplent les colonies. La Troisième République, grand gouvernement colonisateur, enrageait de voir la Guyane péricliter. Vers 1880, il fut donc décidé d'envoyer tous les condamnés là-bas, même les femmes (dans l'objectif qu'elles épousent les bagnards et fassent plein de petits colonisateurs). Les femmes avaient tout de même le choix entre Cayenne ou la Nouvelle Calédonie. De même, en vertu de la loi dite du "doublage", une fois effectuée la peine, les condamnés devaient encore rester un certain nombre d'années, équivalent ou supérieur à la durée de la peine, sur place. Est-ce pendant ces années de "doublage" que Louise Michel mit en place son école pour les petits Kanaks ?
Bref, belle illustration de l'expression : d'une pierre deux coups. On nettoie la métropole et on valorise la politique économique et coloniale du gouvernement.
(pour plus de détails)

Aujourd'hui, on sent bien que le pouvoir (au sens foucaldien) est un peu moins habile dans sa politique d'emprisonnement. Tous les condamnés, politiques, fous ou délinquants, sont enfermés dans des marmites surpeuplées. Nourris et logés à l'oeil, par nos impôts, quel scandale !
Aujourd'hui, un détenu s'est pendu dans sa tôle à Arras. Encore un.


jeudi 23 octobre 2008

J'ai clairement envie de quelque chose, mais je ne sais pas de quoi


Alors je vais plutôt la boucler et laisser parler ceux qui savent...
La bouddo-punk (!) Nina Hagen par exemple :




vendredi 17 octobre 2008

Les temps sont durs aussi pour les bidasses






Vous n'êtes pas sans savoir que Douce France possède deux espèces de cognes : les militaires et les fonctionnaires. Soit les gendarmes, qui dépendent du Ministère de la Défense, et les policiers au Ministère de l'Intérieur.
Un rapprochement est prévu entre les deux corps pour janvier 2009. La majeure partie de l'Arme (c'est comme ça qu'on appelle les rigolos à moustache sous leur képis) sera rattachée au Ministère de l'Intérieur. Mais ouf ! ils conserveront certaines spécificités du statut de militaire, à savoir : l'interdiction de se syndiquer, l'obligation de vivre en casernement. Et aussi un joli devoir de "défense des intérêts supérieurs de la nation"...
(lien vers l'article elliptique de viepublique.fr)

Les gendarmes sont et resteront donc des militaires. Ce sont, comme les fonctionnaires, des agents de l'Etat. Mais, contrairement à ces derniers, ils n'ont pas le droit de retrait.
Est-ce pour cela que les gendarmes ont sinistre réputation ?
Ou, plus prosaïquement, pour un certain nombre de faits d'armes que Yann Galera, docteur en histoire contemporaine et ancien gendarme (on s'en serait douté), raconte dans son dernier livre, Les Gendarmes dans l'imaginaire collectif ?
Je n'ai pas lu le bouquin, mais ce qui ressort du compte-rendu de parutions.com fait sourire, parfois jaune. Les gendarmes auraient mauvaise réputation parmi la population à cause des missions délicates dont on les charge. Entendez : l'Etat a besoin de larbins pour faire son sale boulot, et parfois le boulot est tellement dégueulasse que même les flics ne sont pas sûrs. Appelons donc les militaires ! dressés à obéir, pas de droit de retrait, pas de syndicat, etc.
Des boucs émissaires idéaux en somme, si on oublie le 17° régiment et les cas de "crosse en l'air", ainsi que le fait qu'à la base, ils ont tout de même choisi d'entrer dans l'armée, merde.
Et quand l'auteur du compte-rendu pré-cité, parlant de la mauvaise réputation des gendarmes qui leur viendrait de cette obéissance qu'ils doivent à l'Etat, notamment l'Etat vichyste, qui les a affectés à la rafle du Vel d'Hiv et à la garde des camps d'internement type Drancy, conclue par un magnifique : "La gendarmerie a une image noircie pour prix de son légalisme", je rigole. Pas de pitié, elle l'a bien cherché.

Et je me mets du côté de Georges Brassens, de la mansarde où je réside j'applaudis les farouches bras des mégères gendarmicides, lorsque ces braves pandores se mettent dans la tête d'intervenir dans les affaires du peuple de Brive-la-Gaillarde.

Tiens, Pandore, quel joli nom... La première femme paraît-il. La première cruche, en tout cas. Celle à qui Zeus donna une boîte contenant tous les fléaux de la terre. Trop curieuse, elle l'ouvrit... Et vous connaissez la suite.

J'ai du mal à saisir le rapprochement de ces deux termes. Quels chemins tortueux l'argot a-t-il emprunté pour en arriver là ?... Que peut être une boîte de pandores ? une gendarmerie ? un képi ? où se niche donc l'Espoir, le seul qui ne se soit pas échappé de la fameuse boîte ?

(celui qui me dit : "A Saint-Tropez" je l'attache devant les rediffusions estivales de M6 de tous les Gendarme. S'il aime l'humour...)

L'Espoir, parfois j'aime à l'imaginer coincé dans les calculs de Jean-Victor Verlinde lorsqu'il conclut son opus L'Ordre mon cul ! la liberté m'habite (L'Esprit frappeur, 2000) par ces mots :

"Il y a moins de 170 000 policiers, gendarmes et CRS affectés au maintien de l'ordre. Même en y ajoutant les renseignements généraux, la surveillance du territoire, la police anti-immigration (4 000 rien qu'à ça !), la PJ (Navarro et ses cosaques) et l'administration, la comptabilité, la formation, on arrive tout juste à 200 000. Ca fait un policier pour 300 personnes ! Même en enlevant les bébés et les vieillards, on reste 150 par policier !
L'âge d'or, c'est quand on veut."

mardi 14 octobre 2008

MP aux autochtones...

(et mort aux cons)

J'ai fini la relecture de Soirée écossaise et je l'ai mise en page. J'ai corrigé les fautes, repris un peu le style et ajouté (plus ou moins) une chute. Mais sinon vous y êtes toujours les mêmes (pardon).

Lien scribd pour télécharger le fichier PDF

Vous embrasse.

lundi 13 octobre 2008

Bonjour hormone

Tous les petits matins, mon jeune homme de voisin d'en face fait ses exercices physiques, dont je ne perçois, hélas, que l'expression orale.
Au petit matin, je me réveille tranquillement en écoutant ses cris d'effort, qui flirtent parfois avec la souffrance, lorsqu'il râle de toute sa gorge à l'achèvement d'une série d'abdoms particulièrement challengés, semble-t-il.
Des cris de souffrance donc, qu'en ce petit matin j'aime prendre pour des cris de plaisir.
Pendant cette délicieuse séance un ami à la langue douce et heureusement bien pendue me prévient par mp de l'arrivée imminente d'une monumentale fessée méritée sur "l'endroit où mon dos perd son nom avec si bonne grâce" (merci l'ami Georges).
Je m'interroge vaguement, du coup, sur les rapports entre souffrance et plaisir.
Et sur le pouvoir d'un subconscient malade, tellement frustré qu'il peut prendre les hahannements débiles d'un jeune homme qui a besoin d'expulser son trop plein d'énergie sexuelle pour ce qui devrait être de doux soupirs partagés.
De quelles ruses est-on capables, sans le savoir bien sûr sinon ça serait pas du jeu, pour échapper à des implications sentimentales dont l'issue ne peut pas être la reproduction patrimoniale et génétique ?

Maman est-ce que je suis vraiment une salope ??
Bises à tous, je me casse, j'ai à faire.

dimanche 12 octobre 2008

N'écoutez pas les mauvaises langues : je suis une vraie rebelle

Et pour en avoir la preuve, cliquez sur l'image...

samedi 11 octobre 2008

J'ai tellement rien foutu aujourd'hui que ça devait être hier

Xuc a prononcé cette phrase hier soir sur mon canapé, quelque part entre 21h et 5h du matin.
Xuc est un guénie.
Xuc a réussi à réparer un réveil qui n'était même pas cassé.
Un de ces jours je ferai un recueil de citations de Xuc.

Xuc et moi on a été partout.
Xuc et moi on a presque fini la bouteille de scotch hier soir.
Xuc et moi on parle beaucoup.
J'ai même réussi à traîner Xuc en Allemagne avec des maoïstes italiens.

Xuc est un guénie (mais je l'ai déjà dit)
Xuc a inventé la machine à contredire le hasard (mais ne l'a pas encore construite)
Xuc cherche le mouvement perpétuel (mais ça patine un peu)
Si vous avez quelque chose à construire ou à réparer, demandez à Xuc.

Xuc est mon co-stooge.
Xuc s'est auto-proclamé notre vieille Mémé à tous.
Xuc me connaît mieux que ma propre mère.
Tous ceux qui le connaissent aiment Xuc.

Et moi donc !



jeudi 9 octobre 2008

Se soumettre inespérément à penser avec des palmes

Il lui a mis le couteau sous la gorge.
Ils étaient deux pourtant : pas d’enjeu, pas d’otage. Mais c’était la crise.
Nul besoin de satisfaire non plus un désir par la force qui crevait les yeux, noirs ou bleus.
Le pays tout autour courait de plus en plus vite. A sa perte, bien sûr ! Les gens affolés passaient et repassaient avec leurs brouettes vides autour du couple, figé dans son face à face. To s’impliquer or not to s’impliquer. La question mérite d’être posée.
Au milieu de ce chantier, ce bordel des bourses personnelles et internationale, elle restait plutôt calme : car oui, elle a le droit, la justice et ses bracelets avec elle ! Sûre de son pouvoir, elle observe.
La lame de la main du maître appuyant ses mots de légères caresses sur la carotide, diablement bien placées, il la secoua :
- tu vas penser, salope !


La position était trop inconfortable. On ne peut avoir un pied dans la critique nihiliste et le cœur walking on the moon (for love). Parfois, fermer les yeux… Se soustraire, un peu, le temps d’une passe vite faite derrière un camion taggé. Sous la pluie, tout est une question de coup de main : on peut accélérer le destin.
Le destin pour le moment sens toujours la pointe de ce putain de couteau qui descend le long de sa gorge :
- décide toi ! Pense ! Décide ! Pense à toi !


Est-ce l’acier qui s’enfonce doucement dans ces chairs tachetées si délicates ? Est-ce la prescience, la clairvoyance enfin ? Elle a en tout cas un goût de sang qui lui remonte le long de la langue. Il lui vient du larynx, peut-être ? ou de la bile ?
Inutile de chercher à séduire à présent : elle peut fermer les yeux. Ce sang dans sa bouche est le sien bien sûr, et c’est aussi la sueur et la peur. Celles de ces fous tout autour qui continuent à courir et à tourner, à payer et à financer, sans considération pour sa douleur, pour ce couteau qui est son couteau maintenant qui s’est frayé un chemin à l’arrivée de ce train :
- je n’oublie jamais un visage !


Vite, inventer quelques idées. Penser à retirer les gants avant de les coucher tendrement sur le papier. Est-ce que c’est assez ?
Le couteau coincé maintenant au creux de son estomac la démange encore, pourvu qu’il se tienne tranquille.
Qu’elle puisse enfin pioncer.
Jamais été douée pour penser.


(titre généré automatiquement par Luciano-Z)

dimanche 5 octobre 2008

Poêt Poêt

Il y a presque dix ans j'offrais ce poème à Brice, suite à une nuit mémorable :

N’oublie pas la lune…

Merci d’avoir ouvert cette parenthèse
Une nuit de magie, et puis de tes paroles

Où les allumettes prennent seules leur envol

Peut-être unique lien entre mes hypothèses.


L’envie restera, contre ma volonté

Oh mais quel dommage qu’on se soit arrêtés

Tout au fond de mon sac on aurait pu trouver

Les moyens d’achever cette envie d’unité.

La statue aux deux faces sera le seul témoin
Ce que tu m’as offert, et j’en avais besoin

Ce fut de la tendresse, au bon moment, merci

Je garderai pour toi une place dans ma vie.


(Ne pas déranger - thésard en plein travail)

Ami aujourd'hui, Brice cherche à me voir depuis des mois.
Au moment où j'accepte l'invitation, il disparaît.
Occupé à s'occuper de ses occupations, jamais occasionnelles, toujours obsessionnelles, Brice fait une thèse comme on entre dans les ordres.
Et il doit écouter le paternel avant que le paternel ne s'en aille, laissant se perdre la sagesse en héritage "comme des larmes dans la pluie".

Bref, Brice, si tu m'entends :
Quand est-ce qu'on picole tous les deux ??

Heureusement que nous avons tous notre bonne vieille Mémé pour nous donner des nouvelles des uns et des autres, hein ?

People : moi aussi je le vaux bien !


Hier soir j'ai bu un verre avec la petite-fille d'Ernest Hemingway...

Elle n'est pas bien grosse, mais elle a descendu son canon comme les au-ô-tres !

mercredi 1 octobre 2008

Jeux géo


Je suis célèbre -entre autres- pour être une bille en géo.
Je vous propose ce jeu, auquel ma nièce Lila (11 ans, en 6e) me bat à plate couture.
On sait s'amuser chez les profs.

Un salut à mon père qui est parti faire la teuf au Festival de géographie de Saint-Die.
Non, ne me demandez pas où c'est, je ne sais pas.
(J'ai pas réussi à passer au niveau 6...)







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lundi 29 septembre 2008

Trop de délicatesse


Ce midi, en passant sur les trottoirs étroits de la rue de Provence, toujours encombrée à ces heures chaudes, j'ai dû passer entre deux personnes qui parlaient en langage des signes.
Comme j'avais anticipé le coup, je me suis dit : zut, en passant entre eux, je vais faire écran et je vais couper leur conversation (animée).
Du coup, comme je suis bien élevée, je suis passée quand même en les gratifiant d'un retentissant "Pardon !"

J'espère que l'une des deux n'était que muette...

samedi 27 septembre 2008

Un petit Kaamelott, et ça repart !

Je suis tellement désespérée que quand quelqu'un me dit qu'il m'apprécie, a priori je me méfie...
Et je le cuisine jusqu'à lui faire admettre qu'il ne recherche à travers moi qu'une image, un fantasme qui comble un manque dans sa vie à lui.
C'est le concept du "je tombe à pic".
Mais comme j'ai parfaitement conscience du ridicule de mes attitudes, je préfère en rire.
Et je rigole particulièrement sur les dialogues d'Alexandre Astier...
Le maître d'armes, mon personnage favori, attrape Perceval dans un couloir :

"- Ah ! Seigneur Perceval, vous tombez bien !
- Pas vraiment, non... Enfin, en général je me débrouille pour me rattraper à quelque chose..."

C'est plus fort que moi, je me gondole sec (et c'est pas si facile, demandez à une feuille de papier...)
Avec des Suppléants comme ceux-ci, les futurs chevaliers du royaume de Logres seront à n'en pas douter les as des as... (Livre III)

Kaamelott - Saison 3 Episode 30 : Les suppleants - wideo
Auteur : Alexandre Astier Réalisé par : Alexandre Astier Avec : Anne Girouard , Alexandre Astier, Nicolas Gabion, Lionel Astier, Thomas Cousseau © Calt - Dies Iræ – Shortcom

vendredi 26 septembre 2008

Du pain, du vin et Siné Hebdo

J'aurais voulu en parler avant, de la sortie de ce canard, mais jusqu'ici il n'a pas eu besoin de moi pour se faire connaître (maintenant non plus, me direz-vous, mais bon). En effet, cet été, pendant que j'étais occupée à préparer des kilos de tartes salées et de cake, que Patrick m'appelait "Miss flan au thon", et que je matais en coin les fesses du plombier au risque de rater ma béchamel, une polémique faisait rage dans les médias restés à Paris.
Le dessinateur de presse Siné aurait écrit un truc antisémite dans sa chronique pour Charlie Hebdo, et Philippe Val l'aurait renvoyé du journal. C'est ainsi en tout cas que cette info est parvenue dans notre petite vallée reculée de l'Ariège. C'est grave, depuis 1945 on ne badine pas avec l'antisémitisme. D'ailleurs, ne dit-on pas couramment, c'est un exemple, "des actes racistes et antisémites". L'antisémitisme est un racisme spécial, un überracisme en quelque sorte. J'en déduisis que Siné avait encore ouvert sa gueule un peu trop grand et qu'il était dans la merde.
Rentrée à Paris et reconnectée au monde futile et néanmoins dominant, je pus me renseigner sur l'Affaire et ça m'a bien fait rigoler. Surtout quand j'ai appris que le vieux lançait son propre journal, à 80 ans tout de même...



Ici, par Rue 89, on peut lire un résumé bien foutu du conflit récent entre Siné et Val (à propos de l'enquête de Denis Robert sur Clearstream, l'avocat de Charlie qui est le même que celui de Clearstream, etc.).

Il était notoire que Val et Siné ne s'entendaient plus depuis un moment. Et il est difficile, entre ces deux personnalités, de ne pas "choisir son camp". Et moi, c'est Siné.
Charlie Hebdo et moi, c'est une vieille histoire de famille.
Toute petiote, je m'entraînais à déchiffrer mes premiers mots dans Charlie Hebdo. Mes parents ont toutes les archives, depuis HaraKiri mensuel, jusqu'au Charlie nouvelle formule. Et puis j'avais repris le flambeau de la collection familiale, consciencieusement abonnée et fidèle lectrice. Et petit à petit je me suis mise à m'énerver contre Val, ses éditos puants, son ton sentencieux qui tentait d'imiter Voltaire en ne parvenant qu'à être insupportable, bref : j'avais arrêté de lire sa diarrhée. Mais petit à petit, le ton Philippe Val a gagné tout le journal. Cyran est parti le premier, sans heurts, sans clashs.
Et j'ai arrêté d'acheter Charlie.

Couverture du Professeur Choron, en 1976

Donc, cet été, Siné commente le mariage du fils Sarkozy avec la fille Darty, en ironisant sur la conversion du premier au judaïsme (information fausse qu'il tenait du président de la Licra...). Il conclut par : "Il ira loin ce petit". Du coup, Val s'agite, veut absolument désavouer Siné, etc. Je vais pas vous refaire le topo, lisez le résumé de Rue 89. Et d'autres journalistes prennent le relais, notamment un excité que je ne connaissais pas,
Claude Askolovitch, qui hurle au loup. A lire ici sa version de l'Affaire.
Du côté des soutiens de Siné, le vieux Delfeil de Ton s'étale dans le Nouvel Obs. Il joue la carte du : "j'y étais", il s'attaque à Val qui aurait complètement changé l'esprit Charlie, etc. Comme exposé précédemment, je suis plutôt d'accord avec lui. Mais Cabu et Val pas du tout, et ils réagissent en exposant leurs propres souvenirs.
Bref, ça sent l'oeuf moisi. Dans cette surenchère entre les pour et les contre, j'aime bien l'article de François Reynaert, calme et posé.
Mais le mot antisémite a été prononcé, et à ce sujet on reste rarement calme et posé. La palme revient à Alexandre Adler avec cette citation magnifique :
"Aujourd'hui, on voit en tout cas qui a la trempe d'un Zola, d'un général Picard : c'est Philippe Val. Et qui a la bassesse de Drumont, de Maurras ou de Bernanos : ce sont les pétitionnaires semi-trotskistes en faveur de l'éternel stalinien Siné."

Si, si, il l'a dit, dans le Figaro ! Texto ! La preuve ici...

Bref, pour couper court à tout ça, et c'était la seule chose à faire, Siné lance Siné Hebdo, chaque mercredi, 2 euros. Ne vous gourez pas au kiosque : il a exactement la même maquette que Charlie...



Je me suis sentie revivre quand il a été annoncé, sur le blog de Siné, ce canard. Je me suis aperçue que j'en avais besoin, dans cette période de marasme, d'un vrai journal anarchiste (pas dans le sens doctrinaire, hein ?), un truc qui pourrait accueillir tous ceux qui ont envie de rire et de provoquer et pas forcément de s'étaler en considérations vaseuses et pseudo-intellectuelles sur l'avenir politique du pays.
Il est évident que les deux journaux visent plus ou moins le même public, et que leur concurrence va leur faire du tort à tous les deux, mais Charlie Hebdo, ce n'était vraiment plus supportable.

Grâce à la médiatisation de la polémique cet été, le numéro 1 de Siné Hebdo, tiré à 140 000 exemplaires, a été épuisé en quelques jours. Je l'ai acheté moi aussi, c'est en quelque sorte un numéro 0. J'ai été déçue, il se résumait à des articles de copains de Siné qui disaient qu'ils soutenaient Siné, et qu'ils allaient faire ce type de chroniques dans Siné Hebdo. C'est vrai qu'il y a une belle brochette de noms. L'éternel stalinien semi-trotskyste Didier Porte, qui me fait beaucoup rire. Jacques Tardi, qui encore une fois oublie de dessiner avec ses pieds. Michel Onfray (on ne le présente plus, si ?). Le tenace Maurice Rajfus, qui doit avoir à peu près l'âge de Siné... Il a même réussi à sortir le vieux Raoul Vaneigem de sa cage !
(par contre, Charb est resté à Charlie...)
Heureusement, comme dans les belles histoires, ça s'arrange avec le numéro 2 qui est très bien foutu, et le numéro 3 qui est encore mieux.
J'espère tellement qu'ils vont tenir le coup...
Je me suis prise à penser que lorsque Siné sera mort, qui sera là pour "continuer le combat" ? Il a pu lancer ce journal parce qu'il en avait envie, certes, mais aussi parce que c'est un nom, Siné, et il a des contacts, de vieux amis, des admirateurs, un réseau...
Alors j'espère qu'ils vont tenir le coup et en plus qu'ils vont se transformer en pépinière de journalistes (vraiment) impertinents.

Philippe Val va pouvoir tranquillement continuer de gloser dans "son" journal, qui n'est plus le nôtre, et dans cinq ans à tout casser, je parie qu'il sera encore plus chiant que Jean Daniel. (Bah oui, l'essentiel de la polémique étant passé par le Nouvel Obs, il ne pouvait pas rester silencieux... Que ceux qui ont compris la position de Jean Daniel sur ce qui était en train de se passer dans ses pages veuillent bien m'éclairer, ils gagneront des bisous gratuits).