samedi 12 décembre 2009

Quand les femmes s'en mêlent...

Le site du Nouvel Obs m'apprend que des recherches sur la pilule contraceptive pour homme commencent à obtenir des résultats un peu probants.

Voilà un excellent sujet de recherche. La contraception pour homme est complètement sous-développée par rapport à celle pour les femmes.

Et bien entendu, je ne suis pas surprise que le chef de cette équipe de recherche soit une femme.

dimanche 29 novembre 2009

Bienvenue à Zombieland : tout le monde aime Bill Murray



Longue vie aux films de zombies !

C'était la sortie ciné de la semaine... Bah oui, je ne pouvais décemment pas passer à côté ! Surtout avec une nana zombie aussi sexy qui court au ralenti...



Eh oui, à Zombieland, on peut même pas boire un coup tranquille dans une boîte chaude après le boulot. Triste monde.

Alors, le film est conforme à ce que j'en avais lu ici ou là : drôle, jouissif, inspiré des jeux vidéos (mais du point de vue des joueurs, de ceux qui "shoot them all"). J'ai pris mon pied.

J'ajouterai pour ma part : complètement désespéré. Il n'y a plus rien à faire qu'à buter du zombie dans ce monde dévasté. Même la mort perd de son sens et finit par laisser indifférent... Les personnages prennent tout ça du bon côté car ils n'ont pas vraiment le choix. Et c'est ça qui donne cette tonalité désespérée.


Et puis il y a le cameo de Bill Murray. J'ai rit tout le temps qu'a duré la séquence dans sa baraque, soit dix-quinze minutes... Il faut le tenir, le fou-rire ! De quoi attraper des crampes...


Je me souviens de cet ami qui avait toute cette théorie sur la confiture d'abricot. Il avait travaillé dans une boulangerie et me racontait comment ils tartinaient la plupart des pâtisseries avec de la confiture d'abricot, parce que ça les rendait brillantes et que tout le monde aimait la confiture d'abricot.
J'ai l'impression de me retrouver devant le même phénomène avec Bill Murray. Tout le monde aime Bill Murray...




Bill Murray, la confiture d'abricot du cinéma américain ?



lundi 23 novembre 2009

Pas taper...

Mais quelqu'un est d'accord pour dire avec moi qu'il a "Cantatisé" sa voix ?


samedi 21 novembre 2009

Sarkozy aussi

Une parodie de Pierre Lenuage...
Vous avez sûrement déjà vu la vidéo, mais j'ai bien rigolé, alors !
Il est vrai que la chanson a du potentiel, non ?

mercredi 18 novembre 2009

The Cabin in the Woods



Master Joss Whedon travaille sur un nouveau projet !
Un film co-écrit avec Drew Goddard, un vieux complice de Buffy, Angel mais qui a écrit quelques épisodes pour Alias et Lost également.
Il s'agit d'un film d'horreur. On en sais pas plus, mais des affiches-teaser sont sorties, et je suis déjà fan.




Quant à savoir ce que le film raconte... C'est l'histoire d'une bande d'étudiants et d'une cabane au milieu des bois... Drew Goddard "s'explique" :

There's a reason the title is so straightforward… It's its own sub-genre, the cabin in the woods, and this is sort of our take on it.




En gros, on va rigoler avec les codes des films de genre américains. Chouette, chouette !

samedi 7 novembre 2009

Le Club des Cinq sur les pas des Montreurs d'Ours : Chapitre 8

Chapitre VIII : Techniques de combat à base de myrtilles


Résumé des épisodes précédents : Claude, dans sa grande mansuétude, a décidé de faire avancer l'histoire en se jetant dans les bras des contre-bandiers au beau milieu de la nuit - et de leur repaire. Heureusement, Dagobert est parvenu à s'échapper...



Le sauvetage de Claude aurait pu prendre une grosse demie-heure. Dagobert descendant au gîte, réveillant les trois autres enfants. Ils montent tous ensemble à Lanes, maîtrisent les contrebandiers par la ruse avant de les attacher solidement et d'aller chercher les gendarmes par la peau du képi. Une bonne chose de faite.

Oui mais voilà, lorsque la brave bête arriva au gîte, la fenêtre de la cuisine par laquelle ils étaient sortis tout à l'heure avec Claude était fermée. Solidement fermée, et de l'intérieur, merci François. Le chien, perché sur le rebord, caressait la vitre de sa patte et gémissait doucement. On dit tel chien, tel maître, non ? Donc effectivement, au lieu de suivre l'option la plus logique dans cette affaire, à savoir : hurler à la mort sous la fenêtre de Monsieur et Madame Dorsel, Dagobert décida d'aller chercher de l'aide ailleurs. Et il savait exactement où.

En arrivant dans la cour de l'ancien corps de ferme, il baissait la tête. Le chien était dérangé par la proximité des grands prédateurs... Mais pour Claude, que ne ferait-il pas ? Il poussa la porte de la maison du montreur d'ours. Il connaissait le chemin de la chambre de Petit Jean et sauta sans plus attendre sur le lit du garçon. Ce dernier fit preuve d'un remarquable self-contrôle. Il ne poussa pas de hurlement, il ne tenta pas de frapper son agresseur. Non, il ne fit rien de tout cela. Il s'assit sur son lit et posant les yeux sur le poids sur ses jambes, il reconnut Dagobert. Cela lui donna matière à réfléchir...

A partir de ce moment, le sauvetage de Claude aurait pu prendre une petite demie-heure, à tout casser. Petit Jean réveille son père, ils prennent la carabine, deux trois amis bien costauds, ils montent à Lanes guidés par Dagobert, surprennent les contrebandiers, les maîtrisent, délivrent la petite, préviennent les gendarmes. Emballez c'est pesé.

Oui mais voilà c'était sans compter sur le fait que Dagobert n'était pas doué de parole. Et même si Petit Jean n'a jamais été beaucoup à l'école, on peut lui accorder qu'il n'était pas facile de deviner 'Claude est toute seule prisonnière à Lanes et je ne peux pas rentrer dans le gîte pour prévenir les autres' rien qu'en regardant dans ses grands yeux inexpressifs de chien. Jean accepta finalement de se faire tirer du lit par Dagobert et il le suivit. Le chien prit alors la décision la plus importante de toute cette histoire : il ne monta pas directement à Lanes, le fils du montreur d'ours sur ses talons. Non, il prit la direction du gîte. Pourquoi ? Mystère... peut-être une petite faim et l'appel soudain de la gamelle ? Ou alors un sens subtil du scénario ? En tout cas, ça nous arrange bien. Ce qui est très arrangeant aussi, c'est le fait que Petit Jean parvint à crocheter la fenêtre du living-room que la pauvre Maria avait laissée entrouverte la veille au soir pour aérer un peu pendant la nuit. Sept personnes et un chien, ça finit par sentir un peu le fauve quand on ne renouvelle pas l'air de temps en temps.

Dagobert guida Petit Jean directement dans la chambre de Mick et de François. Le jeune Ariégeois était maintenant curieux du comportement du chien. Il était habitué aux animaux, mais la situation était pour l'instant un peu inédite. Il secoua Mick pour avoir le fin mot de l'histoire. Le garçon brun grogna, se retourna mais ne se réveilla pas. Petit Jean n'avais pas choisit le meilleur client pour un réveil au beau milieu de la nuit, mais cela il ne le savait pas. Commençant à griller d'impatience, il tourna vers le lit de François et lui retourna une grosse baffe, pressé qu'il était d'avoir des explications. Il obtint enfin l'effet désiré et l'aîné des Gauthier se redressa dans son lit, comme mû par un ressort. Jean s'exclama :

- Tu m'expliques ?

François cligna des yeux, plusieurs fois. Sa joue était en feu, Dagobert était sur son estomac, et Petit Jean réclamait une explication. Et il faisait nuit. Et... Une explication à quoi ?

- De quoi ?

Oui, ce n'était ni très intelligent ni très élégant, mais sur le coup François ne trouva rien d'autre à dire.

- Dagobert, reprit calmement Petit Jean.

- Oui ? François tentait vainement de s'éclaircir les idées. Le fils du montreur d'ours alla secouer encore un peu Mick, n'obtenant qu'un grognement un peu plus agressif. Jean se demanda au bout de combien de secousses il allait se faire mordre.

- Il est venu me réveiller. Tu m'expliques ?

Un frisson descendit le long de l'échine de François, ce qui dissipa les derniers lambeaux de sommeil qui s'accrochaient à son cerveau. Qui dit Dagobert dit Claude, qui dit réveiller le montreur d'ours dit être dehors, donc Claude est dehors. Et qui dit Claude dehors au beau milieu de la nuit dit gros ennuis, généralement. Il sauta hors de son lit :

- Je crois qu'on a un problème.

- Tu m'expliques ? Jean était un fils de la montagne. Il était têtu.

François, qui avait dans ce domaine une expérience que l'autre n'avait pas, envoya une bourrade en plein dans le plexus de son frère. Mick eut la respiration coupée, ce qui eut pour effet d'enfin le réveiller. Devant la technique parfaitement maîtrisée, Petit Jean se sentit un peu frustré. Mais François enchaîna très vite :

- Chut. Je te dirai tout en chemin. Mick habille toi, on va chercher Claude. Je vais réveiller Annie.

Et à peine dix minutes plus tard, toute la petite troupe était sortie par la fenêtre du living-room que François dût à contre-cœur laisser ouverte après leur passage. Ils attendirent d'être plus loin sur la route pour prendre la parole. Mick et Annie, vieux briscards des aventures des Cinq, avaient déjà compris ce qui se passait. Annie expliqua – enfin !- obligeamment à Petit Jean que Claude s'était encore fourrée dans une situation improbable à cause de son caractère fougueux et qu'ils allaient la délivrer. Elle ajouta que cela signait certainement la fin de leur aventure avec les contrebandiers et que demain les méchants seront sous les verrous.

- C'est un résumé, tu vois. En général, c'est comme ça que ça se passe, conclut-elle.

- Hum. Petit Jean médita ces paroles. Il se méfiait un peu de la tranquille assurance de la fillette. Il n'avait pas passé l'intégralité de ses dernières vacances à courir après toutes sortes de bandits un peu partout en France, lui. Et heureusement, quelque part :

- Bien, je vois. Montez devant, je vais chercher Miel et je vous rejoins.

- Miel ? s'exclama Mick. C'était le premier mot qu'il parvenait à prononcer depuis qu'il avait recouvré l'usage de ses poumons et sa voix était un peu rauque.

- Oui, répondit Jean sur un ton d'évidence. J'ai tout bien compris. Il y a des méchants à maîtriser, il peut nous être utile. Et il est jeune lui aussi, comme nous, plaida-t-il. C'est pas comme si j'allais prévenir mon père ! Non, l'aventure reste entre nos mains.

Le dernier argument fit mouche, et les Cinq moins Claude ne tentèrent pas de le retenir lorsqu'il redescendit la route en direction de sa maison. Ensuite, le chemin fut sans surprises : on commence à bien connaître cette montée. Annie eut peur, François l'a rassurée, Mick s'amusait à deviner à quelles bêtes appartenait les divers cris nocturnes, ce qui faisait peur à Annie, et du coup poussait François à la rassurer, etc. Il y eut des arbres, des myrtilles, des cailloux et enfin... eh non. Pas de chiens. Bizarre...

- Claude a dû réussir à les maîtriser, devina Mick, de l'admiration plein la voix. Il aurait aimé être l'intrépide du groupe, celui qui prend les risques et rit devant le danger. Mais il fallait un gourmand dans leur petite troupe, alors bon.

Ils franchirent enfin l'amas de rochers qu'ils n'avaient jamais pu atteindre les jours précédents, et arrivèrent à leur tour en vue de l'entrée de la caverne. Ils avaient pris la précaution de remplir leurs poches de myrtilles (Maria allait bien rigoler en faisant la prochaine lessive...) au cas où ils auraient à se battre contre les contrebandiers. François aurait préféré des pierres, mais Annie avait fermement refusé : les pierres pourraient blesser quelqu'un. Et Mick l'a soutenue, toujours partant pour cueillir des myrtilles, de toute manière.

Ainsi armés, les trois Gauthier et Dagobert firent leur entrée dans la caverne.

Elle était vide.

Mais Dagobert ne sembla pas désemparé. Il fila au fond à gauche, vers un renfoncement de la paroi. Les enfants le suivirent et découvrirent Claude, ligotée :

- C'est pas trop tôt ! fit-elle. J'ai des fourmis dans les jambes.

Annie s'attaqua aux nœuds qui retenaient ses chevilles, François tira sur les cordes autour de ses bras et Dagobert essayait de ronger tout le reste. Mick grignotait quelques myrtilles pour passer le temps :

- Tu as trouvé les contrebandiers ? demanda-t-il sur le ton de la conversation.

- Ouaip, répondit Claude, pas peu fière.

- Mais... ils sont où ? Mick regardait dans toutes les directions, même en l'air, s'attendant peut-être à ce que sa cousine les ait pendus par les pieds au plafond de la caverne. Mais celle-ci haussa les épaules (François et Dag étaient venus à bout d'une partie des cordes) :

- Je ne sais pas. Sortis faire une course, je crois...

Annie prit alors la parole, d'un ton ferme :

- Alors on redescend et on va chercher les gendarmes !

François émettant un genre de petit bruit indistinct qui était tout sauf une marque de motivation, sa sœur ajouta :

- Bon, on redescend, on va prévenir Oncle Henri et c'est lui qui ira tout expliquer aux gendarmes.

François sembla se ragaillardir. Oncle Henri était si sérieux, si imposant... les gendarmes le croiront, lui, soupira le jeune homme intérieurement. Quand je serai plus grand je serai savant, et alors tout le monde me croira ! décida-t-il, pour la énième fois. Claude enfin sur ses pieds (elle sautait sur place en grimaçant pour rétablir la circulation dans ses jambes), le Club des Cinq de nouveau réuni se dirigea vers la sortie.

Mais, bien évidemment, c'est le moment qu'avaient choisi les deux affreux contrebandiers pour revenir de leur course. Plantés à l'entrée de la caverne, ils regardaient les enfants d'un air patibulaire. Le grand brun avait même un couteau, alors que le petit blond se contentait de ricaner. Mais ce faisant, il découvrait ses dents et le spectacle était particulièrement repoussant. A la plus grande satisfaction de sa cousine et de ses frères, Annie céda alors à la panique et poussa un hurlement qui en a fait fuir de plus coriaces. Malheureusement il n'eût pas l'effet escompté ce coup-ci : les méchants étaient des durs. Et ils s'élancèrent vers les enfants.

Le grand brun saisit de la main gauche Annie à la gorge, ce qui eut pour effet et de la faire taire et de la maintenir immobile, tandis que de la main droite il lança un aller-retour magistral à François qui, il faut le dire, encaissa plutôt bien. Le jeune garçon vacilla tout de même un petit peu, ce qui l'éloigna de son adversaire sans en être vraiment conscient.

Pendant ce temps, le petit nerveux s'attaquait à Claude et à Mick. Ou plutôt, à Dagobert. Ce fut vers le chien qu'il se précipita en premier, identifiant stratégiquement l'adversaire qui pourrait éventuellement lui poser un petit problème. Il parvint à l'attraper par la queue et à le coincer sous son bras sans se faire mordre. Etre collègue avec un allumé qui collectionnait les chiens dangereux avait ses avantages. Dagobert grognant et gigotant sous son bras droit, le contrebandier blond se tourna alors vers Mick, sur lequel il appliqua la même technique de combat (1). A peine quelques secondes plus tard, il se retrouvait avec ses deux bras occupés. Restait Claude, fortement handicapée par ses fourmillements dans les jambes qui avaient du mal à lui obéir. Impuissant, Mick vit sa cousine se prendre un coup de tête sur la tempe et s'effondrer sur le sol de pierre humide de la caverne. Le combat pouvait difficilement plus mal s'engager pour les Cinq...

Mais les choses peuvent toujours être pires. Ce fut Annie qui entendit le bruit la première. Légèrement violacée sous la poigne de l'homme, elle roula alors des yeux terrifiés, étant dans l'incapacité de hurler. Et le grognement qui venait de l'extérieur parvient ensuite aux oreilles des autres. Mick et François se jetèrent un coup d'oeil désespéré, et Dagobert gémit. Claude poussa un petit ronflement. Dehors, les chiens s'étaient réveillés...

C'était maintenant qu'il fallait agir, décida soudainement Annie. Elle refusait de se laisser mordre par ces molosses qui ne devaient certainement pas se laver les dents après tous les repas ! Elle sortit les myrtilles de sa poche et les écrasa sur le visage du grand contrebandier brun. François poussa un cri de victoire et, les esprits complètement remis de la première mandale qu'il eut reçu depuis l'âge de ses six ans, saisit à son tour une pleine poignée de myrtilles et sauta au cou de leur adversaire. Celui-ci avait des myrtilles dans les yeux, dans le nez, dans la bouche, il ne pouvait plus respirer et ne voyait plus rien. Il lâcha Annie pour s'essuyer le visage, mais celle-ci se pendit littéralement à son bras. Mick, témoin de cette scène héroïque, se mit à gigoter pour atteindre sa propre poche et régler son compte à son méchant. Mais hélas, il avait mangé toutes ses provisions... Dehors, le grognement s'intensifia... Si Claude ne se réveillait pas, Annie et François n'allaient pas tenir longtemps !

C'est alors qu'à l'entrée de la caverne apparut... un petit ourson tout mignon. Tenu en laisse par un gosse en pyjama. Le malfrat blond, qui attendait une troupe bavante d'une demi-douzaine de molosses, fut saisi par la stupéfaction et en laissa tomber Dagobert et Mick. L'autre, toujours aveugle, ne comprit rien à ce qui se passait et d'ailleurs il n'eut pas le temps de réfléchir car il trébucha sur une anfractuosité du rocher et s'étala de tout son long, la tête heurtant une pierre, et il ne bougea plus, assommé. Les enfants ne perdirent pas de temps à s'émerveiller de leur chance, sur le hasard qui faisait si bien les choses, et rapidement le dernier contrebandier encore debout fut entouré par cinq enfants, un chien et un ourson. Il déclara forfait et se laissa ligoter.


(1)L'histoire ne dit pas s'il l'attrape par la queue également, mais l'auteur pense que non. Cela dit, le lecteur peut très bien laisser libre cours à son imagination...



Epilogue :

En remontant à Fraguet, le lendemain après-midi, les Cinq étaient guillerets. Rien de tel qu'une croisade anti-bandits pour se remonter le moral. L'Ariège allait pouvoir dorénavant dormir sur ses deux oreilles.

Sur le pré, ils rencontrèrent les fils de l'éleveur, toujours en train de faucher. Ils leur proposèrent une nouvelle fois de partager leur goûter et les Cinq s'assirent sur les pierres, ravis, posant leurs yeux sur le panorama magnifique qui s'offrait à eux. Le vieil Albert vint rapidement les rejoindre et il les reconnut :

- Ah ! mes petits vacanciers avides de belles histoires ! Que voulez-vous que je vous raconte, aujourd'hui ?

- Eh bien... commença François, ne sachant pas trop quoi dire sans être impoli. Mick l'aurait bien aidé, mais il avait la bouche pleine.

- En fait, il se pourrait... reprit Annie avant de s'interrompre. Elle partageait l'hésitation de son grand frère. Mais Claude haussa les épaules et se pencha vers les paysans, une flamme au fond des yeux :

- Ce coup-ci c'est nous qui avons une belle histoire à vous raconter !


Il était une fois, à Fraguet...

samedi 31 octobre 2009

Ah le principe de précaution !



Dans la série : les absurdités de la logique, je vous propose aujourd'hui l'interdiction des DVD de La Petite maison dans la prairie aux moins de 18 ans en Finlande...
(lu sur Allociné)

Et non, il n'y a pas de croustillantes scènes coupées (ce qui se passe derrière le tas de bois, dans l'enclos des chèvres, etc.)... Et ce n'est pas non plus la transpiration virile de Charles Ingalls quand il plante un clou qui est en cause...
C'est juste que la série fait neuf saisons, et que la commission de censure finlandaise a eu la flemme de tout se retaper (et comme on les comprend !), et donc ils ont appliqué le principe de précaution et interdit, à tout hasard, les DVD aux moins de 18 ans...

Combien on parie que ça va faire grimper les ventes ?

PS : l'article d'Allociné précise que c'est pour des raisons financières que la commission n'a pas tout visionné... Et mon oeil, il a des contraintes budgétaires ?

mercredi 28 octobre 2009

La terre fait partie de cette identité nationale française

Replaçons un peu le contexte.


l'Appel du 25 Juin 1940

FRANÇAIS !

Je m'adresse aujourd'hui à vous, Français de la Métropole et Français d'outre-mer, pour vous expliquer les motifs des deux armistices conclus, le premier avec l'Allemagne il trois jours, le second avec l'Italie.

Ce qu'il faut d'abord souligner, c'est l'illusion profonde que la France et ses alliés se sont faite sur la véritable force militaire et sur l'efficacité de l'arme économique : liberté des mers, blocus, ressources dont ils pouvaient disposer. Pas plus aujourd'hui qu'hier on ne gagne une guerre uniquement avec de l'or et des matières premières. La victoire dépend des effectifs, du matériel et des conditions de leur emploi. Les événements ont prouvé que l'Allemagne possédait, en mai 1940, dans ce, domaine, une écrasante supériorité à laquelle nous ne pouvions plus opposer, quand la bataille s'est engagée, que des mots d'encouragement et d'espoir.

La bataille des Flandres s'est terminée par la capitulation de l'armée belge en, rase campagne et l'encerclement des divisions 'anglaises et françaises. .'Ces dernières se sont battues bravement. Elles formaient l'élite de notre armée ; malgré leur valeur, elles n'ont pu sauver une partie de leurs effectifs qu'en abandonnant leur matériel.

Une deuxième bataille s'est livrée sur l'Aisne et sur la Somme Pour tenir cette lignée soixante divisions françaises, sans fortifications, presque sans chars, ont lutté contre 150 divisions d'infanterie et Il divisions cuirassées allemandes. L'ennemi, en quelques jours, a rompu notre dispositif, divisé nos troupes en quatre tronçons et envahi la majeure partie du sol français.

La guerre était déjà gagnée virtuellement par l'Allemagne lorsque l'Italie est entrée en campagne, créant contre la France un nouveau front en face duquel notre armée des Alpes a résisté.

L'exode des réfugiés a pris, dès lors, des proportions inouïes. Dix millions (le Français, rejoignant un million et demi de Belges, se sont précipités vers l'arrière de notre front, dans des conditions de désordre et de misères indescriptibles.

A partir du 15 juin, l'ennemi, franchissant la Loire, se répandait a son tour sur le reste de la France.

Devant une telle épreuve, la résistance armée devait cesser. Le Gouvernement était acculé à l'une de ces deux décisions : soit demeurer sur place, soit prendre la mer. Il en a délibéré et s'est résolu à rester en France, pour maintenir l'unité de notre peuple et le représenter en face de l'adversaire. Il a estimé qu'en de telles circonstances, soit devoir était d'obtenir un armistice acceptable, en faisant appel chez l'adversaire au sens de l'honneur et de la raison.

L'armistice est conclu, le combat a pris fin. En ce jour de deuil national, ma pensée va à tous les morts, à tous ceux que la guerre a meurtris dans leurs chairs et dans leurs affections. Leur sacrifice a maintenu haut et pur le drapeau de la France. Qu'ils demeurent dans nos mémoires et dans nos coeurs 1

Les conditions auxquelles nous avons dû souscrire sont sévères.

Une grande partie de notre territoire va être temporairement occupée. Dans tout le nord et dans l'ouest de notre pays, depuis le lac de Genève jusqu'à Tours, puis le long de la côte, de Tours -aux Pyrénées, l'Allemagne tiendra garnison. Nos armées devront être démobilisées. Notre, matériel remis à l'adversaire, nos fortifications rasées, notre flotte désarmée dans nos ports. En Méditerranée, des bases navales seront démilitarisées. Du moins l'honneur est-il sauf. Nul ne fera usage de nos avions et de notre flotte. Nous gardons les unités terrestres et navales nécessaires au maintien de l'ordre dans la métropole et dans nos colonies. Le gouvernement reste libre,' la. France ne sera administrée que par des Français.,

Vous étiez prêts à continuer la lutte, je le savais. La guerre était perdue dans la métropole ; fallait-il la prolonger dans nos colonies ?

Je ne serais pas digne (le rester à votre tête si j'avais accepté de répandre le sang français pour prolonger le rêve de quelques Français mal instruits des conditions de la lutte. Je n'ai pas voulu placer hors du sol de France ni ma Personne, ni mon espoir. Je n'ai pas été moins soucieux de nos colonies que (le la métropole. L'armistice sauvegarde les liens qui l'unissent à elle. La Franc a le droit de compter sur leur loyauté.

C'est vers l'avenir que, désormais, nous devons tourner nos efforts. Un ordre nouveau commence. Vous serez bientôt rendus à vos foyers. Certains auront à le reconstruire.

Vous avez souffert.

Vous souffrirez encore. Beaucoup d'entre vous ne retrouveront pas leur métier ou leur maison. Votre vie sera dure. Ce n'est pas moi qui vous bernerai par des paroles trompeuses. Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal. La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la patrie elle-même. Un champ qui tombe en friche, c'est Une portion de France qui meurt. Une jachère de nouveau emblavée, c'est une portion de France qui renaît. N'espérez pas trop de l'Etat qui ne peut donner que ce qu'il reçoit. Comptez pour le présent sur vous-mêmes et, pour l'avenir, -sur les enfants que vous aurez élevés dans le sentiment du devoir.

Nous avons à restaurer la France. Montrez-la au monde qui l'observe, à l'adversaire qui l'occupe, dans tout son calme, tout son labeur et toute sa dignité. Notre défaite est venue de nos relâchements. L'esprit de jouissance détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié. C'est à un redressement intellectuel et moral que, d'abord, je vous convie. Français, vous l'accomplirez et vous verrez, je le jure, une France neuve surgir de votre ferveur.



J'espère que vous aurez noté le joli "Du moins l'honneur est-il sauf". L'histoire a ses perdants, parfois...
Alors non, le Maréchal Pétain n'a pas le monopole de l'appel à la terre. Ce n'est pas parce qu'un jour il a prononcé ces mots que l'idée doit être à tout jamais frappée d'opprobre.
D'ailleurs à ce compte-là, les anars sont pétainistes également, voir l'avant-dernière strophe : ne comptez pas trop sur l'Etat, etc.
C'est juste que parfois, il faut savoir manier l'histoire nationale avec un peu de doigté. Et du doigté, j'en vois pas beaucoup en ce moment. Pour être tout à fait franche, je trouve que ça pue.
Déjà cette histoire de questionnaire à remplir pour avoir la nationalité française... ça me fait penser à ça :




Si vous voulez approfondir, j'ai trouvé le texte du discours sur "marechal-petain.com" (! c'est tellement incongu ! J'adore internet...)

PS : Kaamelott saison 6 passe en ce moment sur la sixième chaîne. Et puis sur le site internet M6 replay pour ceusses qu'ont pas la télé. Et curieusement, ya des échos...
La romanisation de la Bretagne, et Leodagan qui s'inquiète un peu au moment de signer :

"La romanisation, c'est quoi exactement ? Enfin, je sais pas moi... Après c'est peut-être juste le mot qui fait que ça pue."

C'est exactement cette question que j'aurais envie de poser à Hortefeux et consorts.
(remplacer romanisation par identité nationale, of course.)

dimanche 25 octobre 2009

Le Club des Cinq sur les pas des Montreurs d'Ours : Chapitre 7

Chapitre VII : Claude passe à l'action

Résumé des épisodes précédents : Persuadés d'avoir localisé les contrebandiers (protégés par une redoutable meute de chiens qui bavent), les Cinq tentent de jouer la carte gendarmes. Ils se sont faits proprement humilier.


Ce fut paradoxalement à la suite de cette déprimante tentative que tout s'accéléra. Couchée dans la petite chambre qu'elle partageait avec sa cousine, Dagobert sur ses pieds, Claude fixait le plafond. Elle écoutait la respiration calme d'Annie mais ne parvenait pas à trouver le sommeil. Son fidèle chien ne dormait pas non plus, évidemment. Dans sa tête tournaient des images, des pensées... Et l'inaction la rongeait... Cette visite aux gendarmes lui ressemblait si peu : Claude était une fillette décidée et irréfléchie, et elle avait une réputation à tenir ! Alors elle prit comme de juste une décision irréfléchie et élabora en quelques secondes un plan extrêmement dangereux et totalement inutile.

Aussi silencieuse et discrète que Mick qui se faufile dans la cuisine pour une fringale nocturne, elle se lève, s'habille et se dirige vers la salle de bains, un Dagobert étonné sur ses talons. D'un geste, elle intime l'ordre à son chien de ne pas faire de bruit. Dans l'armoire à pharmacie, elle trouve ce qu'elle était venue y chercher : la boîte de somnifères tranquillisants surpuissants que son père emportait toujours lorsqu'il partait en vacances avec sa fille et ses neveux. Elle la glissa dans la poche de son pantalon puis descendit sur la pointe des pieds à la cuisine. Quelques minutes plus tard, sa silhouette sombre et souple émergea de la fenêtre et sauta dans le jardin. Le fidèle Dagobert, bien qu'excité par cette promenade inattendue, ne poussa pas un jappement lorsqu'il la suivit sur la route de Lanes...

Au gîte pourtant, quelqu'un d'autre ne dormait pas. François, totalement remis de l'humiliation de sa visite aux gendarmes, s'était brusquement souvenu qu'il n'avait pas fait son exercice du jour dans son cahier de vacances. Il alluma donc la lampe de poche sous ses couvertures. C'est le devoir accompli, lorsqu'il se recoucha, qu'il entendit Claude marcher dans le couloir. Elle aussi avait du mal à dormir, songea-t-il. Avec tous ces événements, aucun d'entre eux n'avaient eu le temps de faire leurs devoirs quotidiens, certainement que sa cousine était allée travailler dans la salle de bains pour ne pas réveiller Annie... Un bon quart d'heure plus tard, n'entendant pas sa cousine revenir dans sa chambre, François commença à avoir des doutes... Et si Claude peinait – comme d'habitude – sur ses mathématiques ? Le jeune homme suivant une classe supérieure à la sienne, il se sentait comme un devoir d'aller aider sa cousine à finir ses devoirs, pour qu'elle puisse enfin dormir comme lui du sommeil du juste. Il se dirigea alors vers la salle de bains, où il ne trouva personne. Descendant les escaliers, il explora alors la cuisine. La fenêtre était ouverte, il la referma consciencieusement, en se promettant de parler dès le lendemain à son oncle des négligences de sa cuisinière. Il avait beau adorer Maria, on ne badine pas avec les questions de sécurité. Et il alla se recoucher, s'endormant comme un bienheureux avec le sentiment du devoir accompli. En oubliant complètement Claude au passage, qui allait bientôt se trouver en grand danger...

Celle-ci, pendant ce temps, marchait aussi vite que la pente le lui permettait. Elle avait le cœur qui battait vite – à cause de l'effort physique, voulait-elle croire. Mais elle avait quitté le village depuis longtemps, et les arbres autour du sentier se faisaient de plus en plus noirs et menaçants. Dagobert, qui n'avait aucun mal à suivre sa maîtresse, pointait le museau et les oreilles dans toutes les directions, grognant de temps en temps. « Ce sont les bruits de la nuit qui l'inquiètent » pensa Claude. « Il n'est pas habitué à la montagne. » Elle non plus, d'ailleurs... Malgré elle, la courageuse petite fille ne pouvait s'empêcher de penser à toutes les histoires que leur avait raconté Jean, le fils du montreur... d'ours... Et à celles d'Albert, le père des éleveurs quand ils l'avaient rencontré à Fraguet... Elle força ses jambes à accélérer le rythme, pour sortir au plus tôt de ces bois. Elle regrettait la mer...

Arrivée au champ de myrtilles, elle s'accorda une pause, pour souffler un peu. Elle sortit alors de sa poche la boîte de médicaments de son père et les restes des petits gâteaux à la viande que Maria leur avait servis au dîner et qu'elle avait pris soin de prendre dans le frigo avant de quitter la cuisine, sans même une pensée coupable pour Mick qui allait certainement se faire passer un savon d'anthologie pour ce larcin alors qu'il était, pour cette fois, complètement innocent. Elle fourra rageusement une bonne dizaine des petits comprimés dans chaque gâteau. « Si avec ça ils osent encore me montrer les crocs, ces dangers publics... » Chaque gâteau aurait endormi un éléphant. Elle soupira et se tourna vers Dagobert :

- Qu'est-ce que je suis en train de faire, mon vieux Dag ? murmura-t-elle.

L'intelligent animal ne la quittait pas des yeux, semblant réellement comprendre ses paroles.

- Dans quel pétrin inutile me fourre-je encore ? ajouta-t-elle non sans raison, pensant à ses précédentes aventures...

Mais il était trop tard pour reculer, et Claude était de surcroît bien trop fière pour cela. En soupirant derechef, et maudissant son caractère qui la poussait à prendre toujours plus de risques, elle se remit en route, un Dagobert toujours inquiet et silencieux sur ses talons. Elle n'eut aucun mal à se repérer, par cette nuit sans nuages. Elle regrettait d'ailleurs de ne pas avoir pris un deuxième chandail, car le fond de l'air était frais, et maintenant qu'elle avançait plus précautionneusement, la brise qui séchait la sueur de ses vêtements la glaçait jusqu'à l'os. A l'ubac (1), une chouette poussa un hululement sinistre...

Parvenue au piton rocheux derrière lequel il fallait tourner, elle avança encore plus lentement, si c'était possible. Elle faisait particulièrement attention à ne pas glisser sur les cailloux du sentier. Ce n'était pas le moment de se fouler une cheville. Un bruissement soudain, à quelques mètres d'elle, la fit sursauter et elle faillit en perdre l'équilibre. Heureusement, elle se rétablit et se réprimanda intérieurement de son accès de froussardise. Jamais elle ne racontera à quelqu'un qu'elle avait si peur ! Elle était l'intrépide Claude Dorsel, oui ou non ? La main sur le collier de Dagobert, elle essayait de faire abstraction de tous les bruits de la nuit. Et enfin, ce qu'elle attendait arriva. Les poils de son chien se dressaient sous son collier. Presque instantanément, les aboiements qui les avaient tant effrayés, elle et ses cousins, en plein jour, retentirent avec une force décuplée dans le relatif silence nocturne de la montagne. En espérant qu'il y aurait assez de gâteaux pour tous ces molosses, elle lança ces derniers dans la direction approximative du bruit et redescendit le plus vite possible en direction du piton rocheux, qui semblait comme la limite tacite du territoire que les cerbères gardaient. Le vacarme des aboiements cessèrent en effet peu après. Les chiens s'étaient-ils endormis ? Avaient-ils réveillé leurs maîtres ? Claude frissonna à l'idée de ce que l'homme ténébreux pourrait faire à une enfant qu'il trouverait fouinant dans son repère au beau milieu de la nuit. Bah ! il lui suffisait d'être discrète et de ne pas se faire prendre, voilà tout ! Elle attendit encore une quinzaine de minutes, puis se décida à reprendre l'ascension, la main toujours sur l'échine de son chien. Mais arrivés à l'endroit fatidique, il semblait qu'elle put continuer sans ennuis. Dagobert restait calme.

La voie des contrebandiers était enfin libre.

Claude se permit alors un sourire, le premier depuis que la jeune intrépide était sortie de son lit. Ça y était ! C'était l'aventure, et elle y était jusqu'au cou ! En renversant la tête en arrière pour respirer silencieusement l'air de la nuit, elle se fit la réflexion soudaine qu'elle s'était ennuyée à mourir depuis le début de ces vacances. A l'instant, entre des chiens monstrueux (peut-être) endormis et un nombre indéterminé d'hommes patibulaires (sûrement) armés... elle se sentait bien. Tout simplement.

Tous ses sens en éveil (sauf le bon – le bon sens...), elle continua le semblant de chemin, Dagobert imitant par habitude tous ses mouvements. En étant le chien du Club des Cinq, c'était devenu une sorte de réflexe. Ils l'avaient entraîné dans tellement de situations invraisemblables auxquelles il n'avait jamais compris grand'chose !... Il n'avait peut-être pas de pedigree, mais il lui a fallu très peu de temps pour comprendre quand se taire et quand attaquer. Sa maîtresse lui avait posé la main sur l'échine en disant « Chut... » Et l'intelligent animal avait immédiatement adopté lui aussi une démarche de Sioux.

Au bout de quelques minutes de montée, Claude aperçut ce qui semblait être, dans la pénombre, l'entrée d'une caverne. Mais bien entendu ! Les anciens chemins de la Résistance passaient sous la montagne ! C'est pour cela qu'ils sont presque indétectables. Il suffisait de bien camoufler l'entrée et la sortie. Et hop, encore un mystère de résolu au crédit du Club des Cinq ! Mais la fillette se figea très vite dans son autocongratulation... Dans le silence de la nuit, des voix lui parvenaient de l'intérieur de la montagne. Elle se rapprocha de l'entrée de la caverne, et se camoufla tranquillement derrière un rocher pour écouter la conversation. Elle était à peine à quelques mètres des sinistres hors-la-loi.

- Bon, je crois qu'on a tout reçu, non ?

La voix était rude, profonde et bourrue. Celle qui lui répondit était plus nasillarde, mais contenait tellement de méchanceté qu'elle faisait froid dans le dos :

- Oui, la livraison de ce soir était la dernière avant le mois prochain. Il ne reste plus qu'à redescendre les sacs jusqu'à Foix...

Claude frémissait de bonheur. A quelques pas d'elle, il y avait et les contrebandiers, et la marchandise de contrebande. Quel beau coup de filet ! Si seulement elle avait quelque chose pour les arrêter, ici, maintenant... une escouade de gendarmes, ou bien une paire de menottes, ou à la rigueur un plan d'action ! Mais elle n'avait rien de tout ça. Rien du tout. Elle avait Dagobert. Faisant totalement confiance en son chien, la fillette s'élança bravement hors de sa cachette en criant :

- Vous êtes faits, mes gaillards !

Il faut lui accorder qu'elle récolta au moins deux secondes de stupeur, à mettre sur le compte de l'effet de surprise. Les deux hommes la regardaient, les yeux écarquillés. L'un était le grand basané, celui qu'elle avait déjà croisé à Lanes. Il sembla la reconnaître également :

- Qu'est-ce que tu fiches ici ??

Ah c'était à lui qu'appartenait la voix profonde et bourrue, nota tranquillement Claude dans son mémo personnel. L'autre devait alors être le pervers nasillard... Elle se tourna vers lui pour le détailler plus à son aise. Petit, blond, un air méchant sur le visage, il avait un genre de bec-de-lièvre et des cheveux filasses. Il était vraiment laid. Et ça ne s'arrangea pas lorsqu'il éclata de rire, découvrant des dents jaunes mal plantées :

- Un petit garçon et un chien ! C'est ça, la police moderne ?!

Il l'avait prise pour un garçon. Claude se rengorgeait. Elle adorait quand les gens se méprenaient sur ce point :

- Dag, je m'occupe de lui, maîtrise l'autre !

Du coin de l'œil, il lui sembla voir Dagobert qui hésitait, l'air interdit, tandis qu'elle s'avançait résolument vers le petit contrebandier blond qui l'attendait, un sourire en coin. Elle lui porta un coup décidé à l'estomac. Il eut la politesse de faire semblant de se plier en deux. Ou peut-être était-ce pour mieux saisir Claude à bras-le-corps et la percher négligemment sur son épaule. Il interpella son collègue :

- Hé ! Il est passé où, le sale cabot ?

L'autre lui répondit en haussant les épaules :

- J'en sais rien, il a filé sans demander son reste. On fait quoi du gamin ?

- Bonne question. Je vais ligoter là-derrière pour le moment. Peut-être que les Espagnols seront intéressés ? Ça pourrait être une monnaie d'échange intéressante pour un sac de clopes ou deux en plus...

- Mmm... On sait jamais, tu as raison, garde-le au frais. Je vais voir ce qui est arrivé à mes chiens.

Claude se débattait tant et plus, mais l'homme, en dépit de sa petite taille et de ses cheveux filasses, était rudement fort. Il l'emmena facilement dans un recoin de la caverne et la jeta sans ménagements sur le sol. Il déroula un bout de ficelle d'autour de sa taille.

- Alors, petit ! On est plus très bavard soudainement... C'est dommage, tu m'as bien fait rire, tout à l'heure ! Tu veux pas me la refaire, là : « Vous êtes faits ! ». Ah c'était vraiment bon...

Tout en ligotant solidement les mains et les pieds de Claude qui gardait obstinément les lèvres serrées et le regard fixe, il continuait son monologue :

- Dans mon métier c'est pas souvent l'occasion de rigoler, vraiment. Et tu as pu voir que mon copain Manuel Ibanez là, c'est pas exactement un boute-en-train. Oui, même s'il est français, il a des origines espagnoles.

Claude commençait à jubiler intérieurement, bien qu'elle s'appliquât à n'en rien laisser paraître. Le méchant était bavard. Les méchants sont toujours trop bavards...

- Ça doit être de là qu'il tient cette sévérité. J'ai vu sa famille, de Badalona, à côté de Barcelone. Ce sont eux qui nous fournissent une fois par mois toujours à la même date – c'était hier – alors forcément, parfois on se croise. Eh bah j'ai jamais vu une collection pareille de pierres tombales !

La fillette s'appliquait à bien tout retenir. Après il n'y aura plus qu'à sortir de cette caverne et courir prévenir les autorités pour qu'ils démantèlent tout le réseau ! Parfois, l'aventure, c'est presque trop facile, se dit Claude, ficelée comme un saucisson par un contrebandier prêt à tout sur le sol d'une caverne humide dont personne ne connaissait l'emplacement au sommet inaccessible d'une montagne rocheuse, en plein milieu de la nuit, seule et personne ne sachant où elle était exactement. Les bandits sont trop bêtes, c'en est presque dommage. Franchement.

- Alors moi j'essaie de garder la joie de vivre, tu vois petit ? Je me dis : « André Dubois ! Ne te laisse pas gagner par la morosité ambiante ! Pense plutôt aux fêtes de Pamiers, ta ville natale où tu habites encore aujourd'hui, et souris ! Souris, André Dubois ! »...

Il avait fini de ligoter Claude. Cette dernière testa la solidité de ses liens. Elle avait déjà été attachée des dizaines de fois au cours de leurs aventures, alors elle pouvait dire que le drôle savait y faire. Les liens étaient parfaitement serrés, parole d'experte.

Et pendant ce temps, sur la route qui descendait vers le village, le brave Dagobert courait, courait à perdre haleine...


(1) Versant orienté nord de la montagne. L'adret : versant orienté sud.

dimanche 18 octobre 2009

Le Club des Cinq sur les pas des Montreurs d'Ours : Chapitre 6

Résumé des épisodes précédents :

Dagobert est passé à un poil de la mort - au moins. Les méchants sont vraiment patibulaires, et pour le reste, les Cinq sont fidèles à eux-mêmes.

Ce chapitre est un peu long, profitez-en le suivant est tellement barbant que j'ai du mal à l'écrire...


Chapitre VI : Première visite aux gendarmes

Mick aurait bien remplacé le pain et la confiture, ce matin-là, par un reste même minuscule de la tarte aux myrtilles que Maria leur avait servie la veille au soir. Une tarte tellement savoureuse qu'elle était déjà légendaire. François, qui partageait la même chambre que son cousin, lui assurait d'ailleurs qu'il en avait parlé en dormant. Hélas il ne restait plus rien de l'incroyable dessert, pas même des miettes – Dagobert s'était occupé du plat que l'ingénieuse Claude était parvenue à glisser sous la table sous le nez de son père. Mick touillait alors nostalgiquement son café au lait. Mais heureusement pour le jeune homme, sa cousine semblait en apparence très intéressée par renouveler leur après-midi passée à cueillir des myrtilles. Elle faisait de visibles efforts pour mettre le sujet sur le tapis en discutant de manière anodine avec ses parents. Tante Cécile voulait les emmener passer la journée au bord de l'étang de Bethmale, et avait l'air de penser que son idée était excellente. Elle savait par expérience que ces enfants avaient une extraordinaire capacité à se mettre dans des situations impossibles lorsqu'ils étaient livrés à eux-mêmes. Et elle était décidée à passer des vacances tranquilles. Remarquant enfin le manège, Mick se mit alors à abonder dans le sens de sa cousine, même s'il avait bien compris que les raisons pour lesquelles elle s'intéressait à Lanes étaient bien éloignées de ses préoccupations alimentaires. Annie, en revanche, semblait ne rien comprendre du tout :

- Oh non ! Claude, la tarte était délicieuse, certes mais...

- Enfin, pour ce qu'on a réussi à en sauver de la voracité de Mick... la coupa François.

Annie sourit et reprit avec sagesse :

- Mais on ne peut en manger tous les jours, au risque de se lasser. Et de prendre du poids, ajouta-t-elle par-devers elle.

Claude manqua s'étrangler avec son café au lait. Trois quarts d'heure de manipulations habiles de la conversation réduits à néant ! Madame Dorsel approuva les propos de sa nièce. Alors que la situation apparaissait désespérée et la morne journée au lac sous la surveillance étroite des deux adultes inéluctable, Claude et Mick reçurent coup sur coup deux soutiens inattendus. Henri Dorsel, tout d'abord, qui avait retenu de cette histoire de myrtilles qu'elles étaient sur la montagne, loin, très loin, et que les cueillir prendrait aux enfants une bonne partie de la journée – une journée où ils ne seraient pas dans ses pattes, donc... Et le petit Jean, le fils du montreur d'ours, qui apparut soudain à la fenêtre de la cuisine :

- Bonjour ! Monsieur, Madame... Salut Annie ! Et les autres, aussi...

Après des débuts difficiles, la blonde fillette était visiblement devenue sa préférée. Sans gène, le jeune montagnard escalada la fenêtre et s'assit très simplement à table avec les autres. Oncle Henri fronça les sourcils, semblant réfléchir en fixant le garçon :

- Celui-là Cécile, je jurerais qu'il n'est pas à nous, même s'il en a les manières...

Sa femme soupira :

- C'est le fils du montreur d'ours... tu sais, celui qu'on a vu à Massat...

- C'est vrai que sans Miel, on pourrait presque te confondre, lui sourit François qui aurait reconnu le petit sauvage dans un bal masqué au milieu d'une centaine de personnes.

Tout en recouvrant une large tranche de pain grillé d'une quantité proprement phénoménale de confiture, Jean proposa :

- Je sais que la propriétaire du gîte a mis des vélos à votre disposition... S'il y en a un pour moi, on pourrait peut-être aller faire un tour à Saint-Girons...

Le garçon surprit le regard inquiet de Tante Cécile :

- Je connais tous les chemins faciles et où il n'y a pas de circulation, ajouta-t-il très vite. Je vous montrerai !

Cécile Dorsel eut une moue dubitative. Jean se sentait à court d'arguments :

- Et on pourra aller voir le musée de la Résistance, jeta-t-il pour finir, en désespoir de cause, le ton presque implorant.

François lança alors son avis d'aîné dans la bataille :

- En voilà une bonne idée, Jean ! Oncle Henri, tu sais comme moi que ces montagnes ont abrité beaucoup de résistants à l'occupant allemand... On va pouvoir apprendre plein de choses passionnantes ! Et au retour au pensionnat en septembre, je suis sûr que nous serons en avance sur le programme d'histoire. Tante Cécile, dit oui !

Claude et Mick se regardèrent en camouflant leur grimace derrière leur tartine de confiture. Bah... après tout... si c'est le prix à payer pour passer une journée loin du gîte et des adultes...

Tante Cécile accepta, au soulagement de son mari qui s'installa d'un bond dans le fauteuil et déplia le journal local du jour. Les enfants pressèrent alors Maria de leur préparer un pique-nique. Le temps qu'ils sortent cinq vélos de la remise et vérifient leur état général – ils étaient impeccables et parfaitement gonflés – la diligente cuisinière ressortit avec un panier dont le poids était porteur de bien des promesses...

Ils se mirent en route, en pédalant gaiement en file indienne derrière Jean qui ne s'était pas vanté : il les fit effectivement passer par de petits chemins peu fréquentés, à côté de la départementale qui descendait la vallée jusqu'à la ville, Saint-Girons. Les Cinq découvrirent de multiples petits hameaux, bâtis sur des soulanes que l'on ne voyait pas de la route. Le fils du montreur d'ours, très fier, les nommait les uns après les autres. Annie, qui avait un sens de la musique prononcé, rêvassait en écoutant ces noms de lieux qui, avec l'accent du pays, coulaient harmonieusement à ses oreilles. Dagobert était en pleine forme et sautait de ci, de là. Lui aussi préférait les chemins à la route !

Lorsqu'ils arrivèrent enfin en vue de Saint-Girons les quatre enfants poussèrent un cri d'admiration qui remplit le petit Jean de fierté pour son pays natal. La ville, typiquement ariégeoise, avait été bâtie au confluent du Lez et du Salat, et la plupart de ses maisons surplombait les deux fleuves. Claude et Mick se déclarèrent conquis et après avoir solidement attaché les vélos, ils insistèrent pour explorer la ville de fond en comble. En dépit de l'enthousiasme qu'ils y mirent, ils ne purent détourner François de leur but premier. Au bout d'une heure, celui-ci prit sa petite sœur par le coude et les entraîna d'un pas décidé vers le Musée de la Résistance.

Dès l'entrée du musée, Claude prit son air furieux des plus mauvais jours : les chiens n'étaient pas admis à l'intérieur ! lui indiqua d'un air revêche la préposée au guichet. Elle faillit rester bouder dehors avec Dagobert, mais ce qu'elle découvrit à l'intérieur lui donna matière à penser, et elle en oublia sa mauvaise humeur...

Un peu plus tard, assis à la terrasse d'un café traditionnel qui avait pour nom le Picou, les cinq enfants savouraient les glaces qu'ils avaient commandées. C'est alors que Claude aborda le sujet auquel elle n'avait cessé de penser :

- Vous avez vu ? demanda-t-elle sans plus d'explications, d'un air de conspiratrice.

Ses cousins et le petit Jean se regardèrent, ne comprenant pas de quoi elle parlait.

- Les chemins ! Les chemins que les brigadistes et les résistants empruntaient pour passer la frontière !

Les autres saisirent enfin où elle voulait en venir, sauf Jean qui suçotait sa cuillère d'un air ahuri.

- Tu crois qu'ils existent encore ? demanda lentement François.

- Bien sûr ! Et je mettrais la patte de Dag à couper que ce sont les mêmes que les contrebandiers empruntent encore aujourd'hui pour leur trafic !

Entendant son nom, le chien qui était couché sous la table poussa un bref jappement. Péremptoire, Claude affirma :

- Dag est d'accord avec moi ! Il n'y a plus qu'à les retrouver, ces chemins, et nous mettrons la main sur les bandits !

- « Il n'y a plus qu'à » grommela Mick dans une très mauvais imitation du ton surexcité de sa cousine.

- Claude, commença François d'une voix raisonnable, ces passages ont disparu depuis longtemps parmi les éboulements, nous n'avons aucune chance de tomber sur eux, même en cherchant pendant tout le reste des vacances !

C'est alors que Jean intervint. Il avait déjà fini sa glace au caramel et louchait sur celle d'Annie, qu'elle avait arrêté de savourer, prise par la conversation.

- Bien sûr que non, ils n'ont pas disparu. Ces chemins, c'est du solide, croyez-moi.

- Mais qu'est-ce que tu en sais, toi ? demanda Mick que la suffisance du garçon énervait parfois.

Ce dernier lui répliqua vertement :

- J'en sais que les connais, ces chemins, moi !

Les Cinq – même Dagobert, intrigué par le silence soudain – le regardèrent fixement. Claude se saisit de la glace d'Annie qu'elle poussa devant le garçon, un air obséquieux sur le visage :

- Et... tu pourrais nous en dire plus ?

- Ben... C'est quand on cherche les ours, avec Papa... Je ne peux pas trop vous expliquer, mais en revanche...

- Tu peux nous montrer ! finirent de concert Claude et Mick.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Annie a bien protesté un peu à l'idée de grimper tout là-haut après cette déjà longue randonnée en vélo, mais même François était enthousiasmé à l'idée de retrouver ces traces de l'Histoire. Le retour dans la vallée d'Ercé s'effectua rapidement d'une pédale ferme et décidée. La petite fille avait du mal à suivre.

Ils déjeunèrent au pied de la montagne maintenant familière et, pour le plus grand bonheur de Mick, ils eurent des myrtilles chaudes et fraîchement cueillies pour dessert. Les parts de gâteau au chocolat que Maria avait prévues furent précautionneusement mises de côté pour le goûter par Annie. Tandis qu'elle rangeait ce trésor dans le panier, elle eut pour Mick et Dagobert le regard d'une chatte qui couve ses petits... Ce qui les dissuada de réclamer un deuxième dessert ! Claude et François riaient à gorge déployée de la similitude de regard entre le garçon et le chien à ce moment précis.

Mais lorsqu'ils reprirent l'ascension, ayant laissé les vélos à l'ombre de l'arbre où ils avaient pique-niqué, et l'impressionnant sommet rocheux s'approchant, les conversations se firent moins enjouées. Même Claude avait le cœur qui se serrait. Elle se souvenait de leur rencontre avec l'homme menaçant, à ce même endroit, et elle ne quittait pas son chien des yeux. Seul Jean semblait serein. Au moment où les buissons de myrtilles se faisaient plus rares sur la terre caillouteuse, il vira brusquement en direction du piton rocheux que les cousins avaient déjà repéré. Seulement, le petit montagnard n'en fit pas le tour. Il passa devant et continua comme si de rien n'était. Il semblait ne suivre aucun chemin, mais être sûr de lui. Le terrain devenait de moins en moins praticable, et François dut lui demander de ralentir, car Annie peinait à le suivre. Bientôt, même Claude fut perdue. Tenant fermement Dagobert par son collier, elle n'avait aucune idée d'où ils allaient et comment ils étaient arrivés là. Soudain, un grognement de son chien la fit s'arrêter. Elle appela les autres à mi-voix. Sous sa main, le poil de l'échine de la brave bête se dressait et son flair ne l'avait jamais trompé. Il y avait du danger...

Les enfants n'eurent pas le temps de se demander ce qu'il se passait ou que faire. Soudainement, ils virent débouler à cent mètres d'eux six énormes molosses, qui montraient les crocs et bavaient abondamment. Les monstres se précipitaient vers eux, dans un ensemble impressionnant, ne laissant aucun doute sur leurs intentions : ils voulaient les dévorer vivants.

- Les chiens de l'enfer ! glapit Annie.

Pleins de réflexes, Mick et François l'attrapèrent chacun par un bras et se mirent à dévaler la pente. Rapidement, Jean les dépassa pour les guider. Claude était restée un peu en arrière, car Dago faisait mine de vouloir protéger la fuite des enfants et elle devait le tirer par son collier. Mais bientôt elle appela ses cousins. Sans s'arrêter de courir, Mick tourna la tête. Cela représentait une jolie performance qu'il n'eut pas l'heur de poursuivre car il stoppa brusquement lui aussi. Annie faillit être écartelée entre ses deux frères, François ayant continué à toute allure. Elle se retourna à son tour. Les chiens s'étaient arrêtés. Visiblement, ils protégeaient quelque chose des intrus dont ils ne voulaient pas s'éloigner. De leur poste d'observation un peu en hauteur, ils observaient les enfants en grognant, mais ne faisaient plus mine de vouloir les courser. Prudemment, les enfants continuèrent tout de même leur descente, à un rythme plus sûr. Claude était restée un peu en arrière, regardant autour d'elle comme si elle voulait graver le paysage dans sa mémoire.

Ce ne fut qu'arrivés aux premiers buissons de myrtilles que les enfants retrouvèrent l'usage de la parole. Ce fut Claude qui brisa le silence :

- Vous l'avez vu, vous aussi ?

- Vu quoi ? grogna Mick. A part les crocs de ces fauves, je n'ai rien vu de particulier, moi. Ah si ! la bave qui se répandait sur leurs babines retroussées lorsqu'ils regardaient nos tendres mollets...

François renchérit :

- Je suis sûr que cette race de chiens est interdite en France ! Ils sont bien trop...

- L'homme ! le coupa Claude qui n'avait jamais été très intéressée par la notion de loi ou d'interdiction. L'homme basané de l'autre jour ! Quand les chiens nous ont couru après, j'ai vu sa tête qui dépassait du rocher !

- Et il n'a pas essayé de rappeler ses chiens ? s'indigna Annie. Ils auraient pu nous dévorer !

- Mais enfin, Annie ! s'exaspéra Claude, c'est un des contrebandiers ! La vie n'a que peu de valeur pour ces gens-là (1), ajouta-t-elle, très sérieuse.

François réfléchissait :

- Je crois que tu as raison, Claude. Et cette histoire devient trop grave pour qu'on puisse la garder pour nous. Jean ? Peux-tu nous conduire à la gendarmerie d'Oust ?

Encore tremblants de leur mésaventure, les enfants reprirent leurs vélos et arrivèrent bientôt en vue de la gendarmerie, qui était située dans le village voisin. Réagissant à un vieil atavisme des gens du lieu, Jean battit en retraite et les laissa y aller seuls, prétextant l'heure tardive, et que son père allait s'inquiéter, et qu'il avait beaucoup de choses à faire, et que Miel devait être en train de mourir de faim, etc. Ce fut donc le Club des Cinq dans sa composition originelle qui frappa à la porte de la gendarmerie. Qui était fermée. Un vieil homme qui prenait le soleil sur le pas de sa porte à quelques pas leur indiqua une direction du geste, en marmonnant quelques phrases en patois. Se tournant vers l'endroit indiqué, les quatre enfants découvrirent un petit café, à la terrasse duquel étaient fermement installées les forces de l'ordre du canton du Couseran.

François s'avança, et entreprit de raconter leur mésaventure. Cependant, l'air sceptique des hommes en uniforme lui fit petit à petit perdre son assurance. Lorsqu'il en vint à leur conclusion, ils se trouva lui-même ridicule d'annoncer qu'ils avaient découvert le lieu par où les cigarettes de contrebande passaient en France depuis des années, au nez et à la barbe des douaniers. Il baissa la tête vers ses chaussures, piteux. Mais le brigadier avait un bon cœur – surtout après l'apéro. Il tapota donc l'épaule du garçon en lui expliquant que les Ariégeois n'avaient pas pour habitude d'attacher leurs chiens et que donc il n'était pas rare de se faire aboyer dessus en promenade. Puis il se tourna vers le patron pour offrir la tournée. Dépitée, Claude refusa dignement, et entraîna ses cousins avec elle en direction du gîte. Le soir tombait, ils n'avaient pas mangé le goûter, et ils se sentaient déprimés. Le repas fut particulièrement calme. François accepta à peine de parler à son oncle de leur visite au musée. Les Cinq furent longs à s'endormir cette nuit-là.


(1) Magnifique réplique prononcée par Brad dans le « Rocky Horror Picture Show ».

jeudi 15 octobre 2009

La pensée whedonesque du jour...

Entre deux pages jaunies, une petite phrase me titille et m'empêche de m'intéresser à l'évolution du débat sur la fonction sociale de l'enseignement supérieur après 1968...

"If you take sexual advantage of her, you're going to burn in a very special level of hell. A level they reserve for child molesters and people who talk at the theater."

C'est issu de Firefly, série méconnue bien à tort crée par Joss Whedon. Le shepherd (un genre de pasteur ?) Book menace un pauvre Capitain Mal' aux prises avec une adorable ingénue qui s'avérera très vite être une belle salope...

Saffron est un personnage hilarant de femme forte (entendez : "de tête" bien que, je vous l'accorde, ses arguments sont particulièrement frappants aussi !) qui est à l'origine des deux-trois meilleurs épisodes de la série, à mon humble avis...

En même temps, à la place du Shepherd je m'inquiéterais également. Tout d'abord parce que Saffron n'est pas plus ingénue que toi ou moi, loin de là. Mais aussi parce que sur presque toutes les photos officielles de la série, Nathan Fillon semble avoir du mal à contenir son excitation... (Et on ne me fera pas croire que ce sont les costumes ! J'ai un fantasme à cultiver, moi...)



______________________________________________

J'essaierai bien de me rappeler combien les Chinois ont de types d'Enfer différents, mais je dois retourner bosser. Démon de la thèse, quand tu nous tiens...


Et non, je ne saute pas du coq à l'âne, car Firefly est un WESTERN INTERGALACTIQUE et je suis sûre que l'idée a dû plaire à Carpenter, d'ailleurs il en est certainement à moitié mort de jalousie parce que ça fait bien longtemps que j'attends de ses nouvelles. En plus, la série a eu à peu près le même succès que ses films, alors...

Allez, juste pour le plaisir, Grosmoche (ou Groslaid je ne sais jamais) avant d'exploser :





... et la fameuse scène de l'ascenseur !!!




(ya un enfer spécial pour les doctorants qui ne parviennent pas à boucler leur thèse dans les temps ??)

samedi 10 octobre 2009

Le Club des Cinq sur les pas des Montreurs d'Ours : Chapitre 5

Chapitre V : L'inconnu de Lanes


Résumé des épisodes précédents : En vacances en Ariège, les Cinq découvrent la passionnante vie locale : les foins, les ours... De plus, les montagnes de la vallée ont la particularité intrigante de clignoter avec des lumières de lampes de poches le soir venu. Claude ne quitte pas Lanes des yeux car elle est incapable de profiter tranquillement des vacances. François est un ennuyeux rabat-joie passionné d'histoire, Mick a déjà pris un ou deux kilos depuis le début de cette histoire, et Annie a la phobie de... choses diverses et variées.


Et effectivement, le soleil du matin commençait à peine à éclairer les cimes des montagnes entourant le village d'Ercé que les Cinq, Dag y compris bien sûr, avaient déjà fini leur petit déjeuner. Ils patientèrent tant bien que mal jusqu'à neuf heures, pour ne pas arriver trop tôt chez Dimitri et son fils. Annie tenta bien de s'enfermer dans la salle de bains au dernier moment, prétextant qu'elle avait « besoin de se pomponner » mais Claude, à qui ces notions étaient étrangères et qui n'était même pas sûre de connaître la différence entre le shampoing et le savon, enfonça la porte et la tira par le bras tout au long du chemin.

La visite chez le montreur d'ours se révéla réellement passionnante. Il habitait un corps de ferme, à l'écart du village et sur les hauteurs. La vue était magnifique, on pouvait même voir le gîte. Les enfants apprirent tout ce qu'il était possible de savoir sur les impressionnants bestiaux qui vivaient presque dans la cour. Dimitri leur raconta l'histoire des « oussaillès », ces montreurs d'ours ariégeois du XIX° siècle qui quittèrent une montagne surpeuplée qui ne pouvait plus les nourrir, pour montrer leurs ours sur les routes d'Europe et, pour certains, jusqu'en Amérique. Il leur expliqua comment les oursons orphelins étaient recueillis, habitués à l'homme, puis comment on leur perçait les naseaux à l'adolescence pour y passer un anneau qui servirait à attacher l'indispensable corde. Annie poussa un cri d'indignation lorsqu'il leur décrivit cette mutilation, hélas nécessaire. Du coup, le petit Jean qui grommelait à l'écart du petit groupe se radoucit en présumant – par erreur – qu'elle partageait son affection pour ses animaux favoris. Ce fut lui alors qui termina la visite, soudain volubile, leur expliquant la différence de mœurs entre les ours sauvages et les deux spécimen qui vivaient avec eux. Ils purent même assister au repas des fauves !

Midi arriva bien vite, et les Cinq avaient passé une matinée instructive et passionnante. Ils avaient également le sentiment de s'être fait de nouveaux amis, en la personne du montreur d'ours et de son fils. Au moment de prendre congé, Claude eut une idée. Dimitri semblait connaître tellement bien la vallée ! Peut-être qu'il pourrait leur en dire un peu plus sur... Elle se décida :

- Pardon Monsieur, pouvez-vous nous dire comment s'appelle cette montagne, que l'on voit juste au-dessus ?

- Ah, celle-ci ? Il s'agit de Lanes, derrière le sommet de laquelle passe la frontière avec l'Espagne.

- Mais... Y a-t-il beaucoup de campeurs, là-haut ?

- Oh non, je ne pense pas. Vous pouvez aller vous promener au pied du sommet, la balade est jolie et pas trop difficile. De plus, il y a plein de buissons de myrtilles ! Au-dessus, la frontière est complètement inaccessible, défendue par des falaises rocheuses extrêmement dangereuses. Seules les chèvres osent s'y aventurer, et encore ! Mes ours n'iraient pas, eux...

Claude se dandinait d'un pied sur l'autre. Mais alors, d'où venait cette lumière, qu'ils avaient aperçue assez haut sur la montagne, quand ils avaient dormi à Fraguet ? Les cousins se regardèrent. Pouvaient-ils en parler au placide montreur d'ours ? Claude était partisane de garder ce secret pour eux et s'apprêtait à faire signe à ses cousins de se taire. Elle avait toujours tout voulu découvrir par elle-même, car c'était bien le propre de l'aventure ! Mais François, décidant de faire confiance à la sagesse de l'adulte, prit la parole et lui raconta tout. Dimitri prit un air grave, mais ce fut Jean qui répondit :

- Ce sont peut-être les contrebandiers !

- Les contrebandiers ? ! répéta Mick, stupéfait.

- Oui, Papa dit que la nuit ils franchissent la frontière espagnole et introduisent de la marchandise illégale et dangereuse en France. De l'alcool, des cigarettes... qu'ils revendent au marché noir !

- Au marché noir ?! répéta Annie, pas très rassurée.

- Au marché noir... répéta Claude, songeuse, une étincelle au coin des yeux.

Le montreur d'ours se méprit sur le ton de sa voix et lui tapota sur l'épaule d'un geste qui se voulait rassurant :

- Ces lumières peuvent très bien avoir une toute autre origine. Et même si les gendarmes ne parviennent pas à mettre fin à cet odieux trafic qui dure depuis des années, il y a peu de chances que vous tombiez sur eux, à moins que vous n'ayez envie de passer la nuit dans les cailloux au sommet de Lanes, à rechercher des malfaiteurs qui se ça se trouve ne passent même pas par là !

Et il partit d'un rire bonhomme, sans se douter qu'il venait d'évoquer aux yeux de Claude les vacances idéales... Les Cinq prirent congé non sans remercier chaleureusement l'homme pour son accueil. Ils promirent à petit Jean de revenir bientôt. Le silence de Claude sur le chemin du retour ne trompait personne. A tel point que François, l'aîné des quatre, anticipa :

- Claudine, il est hors de question que nous tentions de monter là-haut !

Sa cousine lui jeta un regard noir. Elle détestait qu'on l'appelle par son vrai prénom de fille. Mais elle avait visiblement autre chose en tête car elle se dérida rapidement (trop rapidement) et soupira :

- Je me rends bien compte que ce serait trop risqué, François ! Mais je ne comprends pas comment les contrebandiers, eux, parviennent à cheminer entre les falaises de rocher qui menacent à tout moment de s'écrouler !

- Tu as entendu ce qu'a dit Dimitri, objecta Mick. Il y a peu de chances que ce soient les lumières des contrebandiers que nous ayons aperçues l'autre nuit.

- Et que voulais-tu que ce soit ? lança Claude, rageuse. Des chauves-souris qui chassent les moustiques à la lampe de poche ?

- Claude... soupira doucement François qui avait vu Annie pâlir. Tu cherches vraiment la petite bête !

- Exactement ! Les ultra-sons de son radar à aventures sont bien plus perfectionnés que ceux des chauves-souris, sourit Mick pour détendre l'atmosphère.

Si sa boutade fit pouffer son frère et sa cousine, elle n'eut pas l'effet escompté sur Annie, qui gémit :

- Voulez-vous bien arrêter de parler de ces affreuses bestioles ?

Un éclat de rire général lui répondit.

- Bon, lança François, pris de pitié, pour changer de conversation. Que fait-on cet après-midi ?

Claude prit le bras de sa cousine et lui répondit, malicieusement, alors qu'ils arrivaient en vue du gîte :

- Je crois qu'une petite cueillette de myrtilles s'impose, hein Mick ?

Mick adorait littéralement les tartes aux myrtilles de Maria.

Et même si le repas ce midi-là en était dépourvu, il fut délicieux et les quatre enfants y firent honneur. Dagobert aussi, mais plus discrètement, car Oncle Henri refusait que sa fille le nourrisse à table. Claude devait alors redoubler de précaution et mettre en œuvre mille et une stratégies toutes plus ingénieuses et inventives les unes que les autres pour faire discrètement passer à son chien quelques (hum...) reliefs de nourriture. Parfois Maria s'étonnait que ce chien soit si gras alors qu'elle lui préparait chaque jour des gamelles de taille raisonnable et parfaitement équilibrées. Elle n'avait bien évidemment jamais fait part de cette réflexion à la fillette : la dernière personne qui ait dit que Dagobert aurait peut-être un peu de poids à perdre était son instituteur de maternelle à la première rentrée des classes et Claude ne lui avait plus jamais adressé la parole depuis lors.

Après le dessert, en avalant avec nostalgie sa dernière framboise à la crème tout en lorgnant sur l'assiette d'Annie qui n'avait pas encore fini les siennes, Mick évoqua l'idée qu'ils avaient eu d'aller cueillir des myrtilles sur Lanes. Tante Cécile s'inquiéta un peu, mais François lui assura d'une voix posée que Dimitri leur avait indiqué les coins les plus faciles d'accès et les mieux fournis. Ils obtinrent l'autorisation et, une fois la vaisselle expédiée, ils se mirent en route.

La montée ne fut pas aussi aisée que l'avait laissé entendre le montreur d'ours. Il avait grandi dans cette vallée, certainement était-il plus habitué qu'eux à gravir des pentes. Ou bien sa cuisinière était moins talentueuse que Maria... En chemin, les enfants rencontrèrent à nouveau le vieil éleveur et ses deux fils, qu'ils saluèrent familièrement et avec qui ils échangèrent quelques paroles de politesse. Les hommes de la montagne étaient toujours occupés à faucher les prés pour rentrer du foin en prévision de l'hiver. Mick était impressionné par la quantité de travail que ça représentait.

- Tu serais encore plus impressionné par la quantité de foin qu'une vache peut avaler en une journée, lui glissa Claude qui avait l'habitude de visiter les fermes de sa Bretagne natale.

Cette courte pause en compagnie d'Albert, Patrice et Joël fut la bienvenue, et les Cinq repartirent plus gaillardement à l'assaut de Lanes. Ils arrivèrent peu après en vue du fameux sommet rocheux. D'où ils étaient, il paraissait effectivement inaccessible. Claude regardait partout avec attention et poussa ses cousins à la suivre encore sur quelques mètres. Elle nourrissait peut-être le secret espoir de découvrir un chemin caché, ou une planque de marchandises volées ? Toujours est-il que même elle dut s'avouer vaincue, lorsque l'ascension s'avéra trop dangereuse pour être poursuivie. Annie avait déjà dérapé par deux fois sur les graviers et elle s'était un peu tordu la cheville.

De dépit, les quatre enfants se rabattirent avec une férocité sauvage sur les buissons de myrtilles, dont l'abondance même était un défi à l'estomac de Mick. Le plus discrètement possible, ce dernier en avalait d'ailleurs beaucoup plus qu'il n'en mettait dans les pots qu'Annie avait pris soin d'emporter à cet effet. Tout à son bonheur d'être en balade avec ses petits maîtres, Dagobert, à défaut de lapins qui ne vivaient pas à ces altitudes, courait après les papillons. Petit à petit, il s'enhardissait et s'éloignait de Claude sans que celle-ci s'en aperçoive. Ayant remarqué le manège de son cousin, elle était bien trop occupée à surveiller son appétit vorace qui risquait de compromettre le dessert de ce soir.

Soudain, un aboiement lointain, trop lointain, fit sursauter la fillette. Elle redressa la tête vivement mais n'aperçut son chien nulle part. Arrachant Mick à l'idée qu'il se faisait du paradis, allongé de tout son long entre des buissons particulièrement bien chargés, elle appela :

- Dag ! Ici ! Dago ! Où es-tu ?

D'autres aboiements lui répondirent, de derrière un piton rocheux à une cinquantaine de mètres d'eux. Les enfants se précipitèrent aussi vite que le sol inégal et caillouteux le leur permettait. Avant qu'ils aient pu en faire le tour, ils entendirent à leur plus grande horreur Dagobert émettre un gémissement plaintif. Claude accéléra en dépit du risque de s'étaler sur les pierres coupantes, dépassant ses cousins. Toute à son inquiétude, elle faillit rentrer dans un homme qui descendait à grands pas de la montagne rocheuse, son pied sûr et sa démarche rapide indiquant qu'il connaissait certainement le chemin. Hors d'elle, la fillette cria bille en tête :

- Qu'avez-vous fait à mon chien ?

L'homme était grand, basané. Claude devait lever la tête pour apercevoir son visage, d'ailleurs habilement dissimulé. Il avait un chapeau sombre qui lui descendait sur les yeux et le col de sa cape remonté. Ses vêtements, solides et pratiques, étaient usés, et il avait de grosses chaussures de marche, ainsi qu'un lourd bâton à la main. Ses yeux noirs dans lesquels brilla un instant un éclair de menace s'accrochèrent quelques secondes à ceux, bleus, de l'enfant, puis il haussa les épaules et continua son chemin, bousculant sans ménagement François qui était sur sa route. Claude ne prit même pas la peine de s'indigner. Elle se précipita vers son chien, qui était resté à distance raisonnable du mystérieux inconnu. Elle fut soulagée, ainsi que ses cousins qui arrivèrent après elle auprès du brave animal, de constater qu'il semblait aller bien. Il n'avait qu'une petite éraflure sur le flanc. Nonobstant, Claude décréta qu'il fallait d'urgence le descendre chez le vétérinaire et fit mine de vouloir porter Dagobert. Cela fit à peine sourire les autres, encore impressionnés par leur rencontre avec l'homme ténébreux aux yeux si froids. L'heure et l'humeur n'étant plus à la cueillette, ils redescendirent en silence.