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Bon, un peu de légereté ce matin...
J'ai participé, pour la 4e fois, à l'opération Masse Critique de Babelio. Je viens donc d'achever la lecture de Vingt minutes pour la mort. Robert Brasillach : le procès expédié, publié en 2010 aux Editions du Rocher.
Et maintenant je suis sensée en rédiger une critique. Si je n'étais pas liée par cet engagement moral "un livre, une critique", je crois bien que j'aurais botté en touche.
Philippe Bilger, avocat, se penche sur le procès de Robert Brasillach fusillé pour "intelligence avec l'ennemi" en 1945. L'auteur a une histoire familiale chargée qui le lie directement à son sujet (son père a été condamné pour faits de collaboration) et dont il ne se cache absolument pas (ce qui est à mettre à son crédit). Le livre s'ouvre même sur cette confidence que les sociologues appellent "l'implication du chercheur".
Ensuite, le livre nous livre quelques éléments sur le parcours de Brasillach, biographie, idées, n'hésitant pas à énoncer clairement l'antisémitisme du personnage, voire de citer quelques unes de ses phrases les plus nauséabondes. C'est sur l'"intelligence avec l'ennemi" que Bilger est plus circonspect. On ne peut le lui reprocher, l'implication qu'il a choisi de nous exposer en ouverture pose d'entrée cet ouvrage dans le registre personnel.
Les chapitres consacrés au procès sont plus détaillés et plus intéressants : le point de vue d'un homme "de l'art", forcément...
Le livre se conclut sur l'exécution, la fusillade et les derniers mots de Brasillach ainsi que ceux, horribles, d'un petit fonctionnaire bien content d'avoir respecté son timing.
Alors, que manque-t-il dans tout cela ?
Une mise en perspective historique.
Je l'attendais depuis le début, je me disais qu'il fallait forcément qu'elle arrive : comment écrire un livre sur l'exécution de Brasillach sans livrer deux mots sur le contexte ?
Mais elle ne vient pas, et c'est ce qui m'a le plus gênée dans cette lecture et m'a fait hésiter à écrire une chronique sur ce livre dans mon tout petit blog. Je n'ai pas compris par exemple l'insistance de l'auteur sur un "détail" (toutes proportions gardées, on parle tout de même de la vie d'un homme) tel que le fait que le père de Brasillach était "mort pour la Patrie" au cours de la Grande Guerre et que ce fait n'a pas été utilisé au procès. Ou bien lorsqu'il décrit la justice sous Vichy, se défendant d'avoir "l'impudence" de reprocher aux jurés de l'époque de ne pas s'être révoltés contre leur gouvernement, alors qu'au paragraphe suivant, il reproche justement clairement aux tribunaux du Gouvernement populaire d'avoir été aux ordres et d'avoir finalement alignés beaucoup plus de condamnés à mort que sous Pétain.
C'est compliqué, cette affaire-là. Extrêmement intéressant, mais compliqué. Je lirai volontiers, à l'occasion, d'autres livres, d'autres points de vue sur le procès de Brasillach. La prose de Philippe Bilger est parfaite, c'est un beau français et de belles phrases : digne d'un avocat. Je ne me risquerais pas plus loin dans mon analyse de cet ouvrage, on ne joute pas avec des pros du verbe.
Le lecteur sera seul juge...
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