jeudi 20 mars 2008

Tout ça n'empeche pas, Nicolas, que la Commune n'est pas morte


Lorsque j'étais jeune étudiante toute fraîchement diplômée de ma maîtrise (oui, vous pouvez m'appeler Maitresse...) et que je me suis inconsciemment engagée dans un DEA et que bille en tête je disais aux professeurs que je rencontrais : oui ! absolument ! je veux faire une thèse sur l'oeuvre éducative de la génération 1968 !, que n'ai-je, à cette époque, fais mes comptes...
Or le temps passant nous sommes aujourd'hui en 2008 (sauf pour Philippe Sollers...), et la petite Alerte Google que j'avais mis sur "Mai 68" me rapporte dorénavant des dizaines de pages à lire quotidiennement. Car oui, au cas fort improbable où ça vous aurait échappé, cette année ce sont les 40 ans de Mai 68 (et même pour Philippe Sollers...).
Alors, outre le fait que j'en bave pour écrire ma thèse et que j'en ai déjà par-dessus la tête de mon sujet (et que, vous l'auriez compris, dès que je relève la tête de mon boulot, je retombe dedans de force), toutes les personnes que je rencontre (le classique : qu'est-ce que tu fais dans la vie ? Une thèse... Ah ouais ? Sur quoi ? Mai 68...) me donnent des infos sur telle réunion, tel colloque, telle projection. Y en a partout, mais partout. Et je ne compte pas les invitations officielles que j'ai reçues à participer à des journées d'études universitaires et que j'ai décliné parce que non piété ! surtout pas parler de mon sujet de thèse que je ne maîtrise absolument pas devant des gens susceptibles de me poser des questions...
Et même Nicolas Sarkozy s'y est mis, comme vous le savez, dans ce fameux discours.


Tout le monde est contre moi. (Dessin de Maester trouvé sur Bellaciao)
Si j'étais une véritable étudiante consciencieuse et passionnée, oui, je courrai les meetings et happenings avec mon microphone et après je ferai un beau compte-rendu véritablement scientifique sur ce nième anniversaire de Mai 68, mais non. D'autres le feront certainement à ma place (les premières analyses commencent déjà à arriver, d'ailleurs, l'événement encore en marche). Moins bien, bien sûr (ah !) mais ça me donnera l'occasion d'acheter leurs bouquins et de les critiquer. Toujours quelques pages de grattées gagnées.

Et puis le titre de ce post est une vieille chanson de Pottier qui me trotte dans la tête ces jours-ci (on l'entend encore quelques fois en manif, du côté des anars surtout. Elle a curieusement retrouvé une actualité après l'élection de notre nouveau président). J'ai trouvé les paroles sur le site Drapeau Rouge :

On l’a tuée à coups de chassepot,
À coups de mitrailleuse
Et roulée avec son drapeau
Dans la terre argileuse.
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.

Refrain
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte !

Comme faucheurs rasant un pré,
Comme on abat des pommes,
Les Versaillais ont massacré
Pour le moins cent mille hommes.
Et les cent mille assassinats,
Voyez ce que ça rapporte.

On a bien fusillé Varlin,
Flourens, Duval, Millière,
Ferré, Rigault, Tony Moilin,
Gavé le cimetière.
On croyait lui couper les bras
Et lui vider l’aorte.

Ils ont fait acte de bandits,
Comptant sur le silence.
Achevez les blessés dans leur lit,
Dans leur lit d’ambulance
Et le sang inondant les draps
Ruisselait sous la porte.

Les journalistes policiers,
Marchands de calomnies,
Ont répandu sur nos charniers
Leurs flots d’ignominie.
Les Maxim’ Ducamp, les Dumas
Ont vomi leur eau-forte.

C’est la hache de Damoclès
Qui plane sur leurs têtes.
À l’enterrement de Vallès,
Ils en étaient tout bêtes
Fait est qu’on était un fier tas
À lui servir d’escorte

C’ qui prouve en tous cas Nicolas,
Qu’la Commune n’est pas morte.
C’ qui prouve en tous cas Nicolas,
Qu’la Commune n’est pas morte !

Bref tout ça prouve au combattant
Qu’ Marianne a la peau brune,
Du chien dans l’ ventre et qu’il est temps
D’crier vive la Commune !
Et ça prouve à tous les Judas
Qu’si ça marche de la sorte

Ils sentiront dans peu nom de Dieu,
Qu’la Commune n’est pas morte.
Ils sentiront dans peu nom de Dieu,
Qu’la Commune n’est pas morte !
La chanson date de 1886, les paroles sont d'Eugène Pottier sur l'air de T'en fais pas Nicolas de Parizot

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah tiens mais c'est super ça ! Ça te dirait pas qu'on refasse la commune plutôt que monter une boîte de prod ou trouver le mouvement perpétuel ?

Bon après on peut toujours tenter de de produire une pièce sur la commune dans un théâtre alimenté en électricité par des machines à mouvement perpétuel bien sûr...

Anonyme a dit…

Quizz, retrouve la bonne réplique en citant le bon film :

"Bon alors vous tapez au clavier en bégayant ou quoi ?!"

louise miches a dit…

Arf ça m'dit kekchoz...

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup le dessin.
Notre mini maxi président a su aborder ce sujet historique (celui de mai 68) comme tous les autres, comme l'holocauste, la résistance et la guerre 14... avec la "légèreté" qui le caractérise.

Anonyme a dit…

Je suis tombé sur ce blog car je m'étais fait la même réflexion à propos de ce poème. Je cherchais qui était le fameux Nicolas. Donc merci pour la réponse. C'est vrai que cette chanson est bourrée d'allusions possibles à la France d'aujourd'hui : Chassepot = taser, Versaillais = Neuilléens et autres allusions qui ne nécessitent même pas de changer les termes. Parfois le double sens joue à plein (Marianne a la peau brune).

ps: courage pour la thèse (en tant que membre du club de ceux qui en ont marre qu'on leur demande : "Et tu travailles sur quoi ? Tu vas soutenir quand ?").

louise miches a dit…

Les tasers en tant que chassepots du XXI° siècle, j'aime beaucoup !
Il faudrait aussi proposer Marianne a la peau brune comme slogan à certaines assocs...
Bref, bienvenue tchavolo et tiens bon la rampe ! (j'en ai encore pour un an ou deux, de mon côté...)