Rêves-Episode 1 : "Les Zigotos contre l'arracheur d'organes en série". Première partie.
Depuis quelques temps, j'écris un genre d'autobiographie, selon un nouveau concept ré-vo-lu-tion-naire.
En résumé : je note mes rêves, et à partir d'eux, j'invente un fil directeur en en mixant plusieurs à la fois, en rajoutant des morceaux ici ou là, etc. Au fur et à mesure, apparaît une géographie des gens et des lieux que j'ai croisés au cours de ma vie, et mes rapports avec eux -réels ou fantasmés...
Et alors comme Jay me réclamait à corps et à cris (oh oui ! Sexmuch...) une autre histoire comme Soirée écossaise, je me suis dit pourquoi pas rédiger pour ce blog un épisode de cette aubiographie rêvée ? Après tout, pourquoi me casser la tête pour trouver une histoire originale, alors que j'en ponds déjà deux ou trois quand je dors... ?
Alors voilà, je vous propose cette petite enquête policière un peu surréaliste, qui mélange une demi-douzaine de rêves que j'ai faits.
(Evidemment, j'ai dû modifier un peu le texte de base, mes rêves contiennent pas mal d'érotisme, j'ai pas non plus envie d'étaler ici mes fantasmes nocturnes. Enfin, du moins, pas les plus crus...)
Encore une soirée arrosée… Même pas un fauteuil où poser mes fesses éreintées. Stéphanie a dû se rabattre sur le tapis du salon. Bon, je me décide pour la chambre : un seul lit et les trois garçons y ronflent déjà. Je pousse Jay et Xuc à grands coups de lattes. Xuc grogne un peu mais prend bien garde à ne pas se faire éjecter du plumard. Je soupire, enfin allongée… Je ferme les yeux, m’endors immédiatement…
J’ai l’impression d’avoir eu à peine le temps d’apercevoir l’intérieur de mes paupières que je suis réveillée par des coups sur mon bras. Xuc bouge : qu’est-ce qu’il veut, merde ? Si c’est pour plus de place sous la couverture, il peut toujours danser la gigue, je ne bougerai pas ! Je ferme les poings, contracte mes muscles et enfonce ma nuque dans l’oreiller (piqué à Jay) d’un mouvement décidé. Mais je ne parviens pas à me rendormir. Contre mon épaule, Xuc n’arrête pas, gigote de plus belle. Je me redresse, pour évaluer la situation et voir s’il n’aurait pas un moyen, par un coup de pied bien placé, de l’envoyer finir son tour de piste sur la moquette.
Mais sa façon de bouger et la position de son corps, qui me sont révélées par la lumière de l’aube qui apparaît à la fenêtre, m’intriguent. Il a des mouvements saccadés, comme ceux d’un autiste. Il se balance d’un côté et de l’autre. Mais nom de nom, à quoi peut-il bien rêver ? ? Et voilà que Jay de l’autre côté commence à reprendre conscience également. Je me frotte les yeux, ma nuit semble bel et bien foutue. En plus il fait de plus en plus jour et Fried va se réveiller bientôt en râlant parce que personne n’a songé à fermer les volets. Je soupire. J’y vois un peu plus clair, maintenant, et d’ailleurs… J’ai l’impression d’apercevoir des tâches sur le lit, là où Xuc a posé sa tête. Je suis encore bourrée ou bien il transpire vraiment beaucoup du cuir chevelu ?
Soudainement Jay se redresse en poussant un « Putain ! » retentissant auquel répond aussitôt un « Putain… » ensommeillé et plein de reproche du côté de Fried. Il fait maintenant presque totalement jour. Encore un peu dans les vaps, je me tourne vers Jay. Et je me réveille tout à fait. Son T-shirt blanc est maculé de sang. Il ne comprend pas. Moi non plus. Il me regarde, écarquille les yeux. Je baisse les miens : je suis pleine de sang moi aussi. D’un commun mouvement, on tourne la tête vers Xuc. Ce que j’avais pris pour de la sueur de cheveu n’est autre qu’une gigantesque flaque de sang, qui continue encore à s’étendre. Xuc a les yeux fermés, il bouge, comme un débile mental.
Je réveille Fried, je me jette dans ses bras, je crie, je pleure et Jay aussi. On a en effet compris tout de suite, en constatant les dégâts : l’arracheur d’organes en série vient de faire une nouvelle victime… Et c’est Xuc, le vieux Xuc, l’ami tendre et fidèle, le guénie à l’algodistrophie galopante qui gît là, dans le même lit que nous. Je hurle. Et nous sommes couverts de son sang. Fried me serre fort contre lui. J’éprouve soudain le besoin de lui expliquer ce qu’il sait déjà, décrire la réalité à haute voix, briser le silence et mes sanglots. L’arracheur d’organes en série, l’enfoiré, l’immonde dont tous les journaux parlent, lui a découpé proprement le protocerveau. Pas si proprement d’ailleurs, vu les litres de sang qu’il perd, il a dû toucher une artère… Ca pouvait arriver à n’importe qui, merde… et voilà que c’est à nous. Il a laissé Xuc vivre… Enfin, si on peut appeler ça vivre… Sans protocerveau, notre poteau est condamné à vivre, vivre sans pouvoir faire autre chose que vivre…
Et Fried et moi avons l’impression de mourir. On se regarde, on est prêts à tout puisqu’on a plus rien à perdre, comme on dit. L’arracheur d’organes en série, hein ? Le criminel psychopathe que toutes les polices recherchent ? On va le trouver, nous. On va aller lui dire deux mots en tête à tête. Il va comprendre ce qu’il en coûte de toucher à notre meilleur ami, de briser inutilement, injustement un tel destin.
On laisse Jay mariner dans le sang et les larmes et on claque la porte de l’appartement.
2 commentaires:
Wahou ! Une histoire comme je les réclamais depuis si longtemps ! La suite ! La suite !
Putain, comment c'est glauque ton histoire. Pas trop envie de lire la suite là.
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