jeudi 3 septembre 2009

Le Club des Cinq sur les pas des Montreurs d'Ours : Chapitre 1

Un vieux projet littéraire, destiné à mes nièces et à un neveu qui parviennent à mener de front une croisade anti-mes clopes, et la lecture de l'intégrale de mes Club de Cinq...
Ce qui a commencé comme une tentative de pastiche d'Enid Blyton, mâtiné de private jokes ariégeoises, évolue tout doucement vers un gentil second degré pour sourire du côté réac de ces bouquins que je connaissais par coeur, il fut un temps...
Publication en feuilleton !


Le Club des Cinq sur les pas des Montreurs d'Ours


Chapitre 1 : Premier jour à Ercé



- Maman ! Est-ce qu'on peut partir se promener pour digérer ? cria Claude depuis le rez-de-chaussée de la petite maison de location.
- Ah ça oui ! Après ce repas grandiose ! ajouta Mick qui avait toujours été le plus gourmand de la bande. Quelle bonne idée ta mère a eue Claude d'emmener Maria avec nous !

Mick, François et Annie étaient venus cet été-là rejoindre leur cousine, en vacances avec ses parents dans un petit village en Ariège. Tous trois adoraient leur tante Cécile, qui était très gentille. Ils craignaient un peu leur oncle Henri, qui avait le même caractère difficile que sa fille. Madame Dorsel avait réussi cette année l'exploit de l'arracher à ses chers travaux pour deux semaines. Henri Dorsel était un grand savant, et même si Claude fit la grimace en apprenant que son père venait avec eux (il est parfois grognon avec les enfants et ne supporte pas le bruit), tout le monde était ravis de se retrouver ensemble dans cette magnifique vallée du Garbet, d'autant que le soleil était au rendez-vous. Il faut dire aussi que monsieur Dorsel avait accepté de louer cette petite maison assez loin de leur Bretagne natale, car il voulait étudier avec les paysans du lieu les effets de la biodynamie sur les élevages de bovins. Bref, il serait souvent parti, et les enfants ne seront pas obligés de marcher sur la pointe des pieds toute la journée. Ce qui les soulageaient car ils étaient naturellement exubérants une fois ensemble. Pour finir, Maria, la fidèle cuisinière des Dorsel, était elle aussi du voyage, au grand bonheur de Mick.

- Mick, commença Annie sur un ton de reproche, attention ! Aux dernières vacances à Kernach, tu avais pris tellement de poids que tu ne parvenais plus à fermer ton pantalon...

- Oui, et Maman a dû faire un nouveau trou à ta ceinture trop petite, souviens-toi ! ajouta François.

Mick haussa les épaules :

- Bah ! Avec toutes ces montagnes à escalader et à explorer, il faut bien que je me nourrisse ! Hein Claude ? demanda-t-il en se tournant vers sa cousine, brune comme lui, et dont les yeux bleus pétillaient de bonheur à l'évocation de ces futures explorations.

- Un peu ! répondit celle-ci en lançant une grande bourrade à Mick. Dans quinze jours, nous connaîtrons tous les cailloux de cette vallée. D'ailleurs, si on s'y mettait maintenant ?

- Il faut prévenir Tante Cécile, objecta François. Le grand garçon blond était le plus âgé et aussi le plus raisonnable de la bande. Il passa un bras autour des épaules d'Annie, sa petite sœur, blonde comme lui, plus jeune et plus timide aussi. Tu as vu Tante Cécile ?

- Maman ! hurla Claude derechef. Nous allons nous promener !

Henri Dorsel surgit furieux en haut de l'escalier.

- Qu'est-ce que c'est que ce boucan ? On ne peut plus lire le journal tranquille ? François, Mick, Annie, que faites-vous là ?

La distraction du savant était aussi célèbre que ses travaux. Sa femme surgit derrière lui et sourit d'un air apaisant :

- Allons Henri, nous ne sommes plus à Kernach, rappelle-toi. François et les autres sont arrivés hier soir et tu avais promis que tu te reposerais pendant ces vacances.

- Maman ! coupa Claude que les colères de son père n'impressionnaient plus (du moins voulait-elle le faire croire. Elle qui avait toujours voulu être un garçon, elle mettait un point d'honneur à se montrer plus décidée et courageuse que tous), est-ce qu'on peut aller se promener ?

- Bien sûr, les enfants, il fait si beau dehors ! Mais dites-nous où vous comptez aller, en cas de problème, nous saurons où vous retrouver.

- Il n'y aura pas de problème, Tante Cécile, s'avança François. J'ai une carte et ma boussole. De toute façon, pour aujourd'hui, nous comptons monter à cette petite grange, Fraguet, que la propriétaire du gîte nous a indiquée hier.

- Oui, ajouta Annie. Et je vais demander à Maria des provisions, nous goûterons là-haut !

- Et nous ne risquons rien, puisque Dago sera avec nous !

Dagobert, Dag ou Dago, était le chien de Claude. Inséparable de la petite bande, il leur avait rendu maints services au cours de leurs aventures. Fidèle et affectueux, il est vrai que sans lui jamais leurs parents laisseraient les Cinq camper si souvent seuls. Il montait la garde et montrait les crocs dès qu'un individu louche faisait mine de s'approcher des enfants. Et son instinct était sûr. Annie était bien plus rassurée lorsqu'il était avec eux car il avait l'ouïe très fine. Et son flair ! J'aimerais bien avoir un nez comme le sien, ce doit être pratique pour faire la cuisine, se disait-elle en cherchant le brave chien des yeux. Mais ce dernier, qui habituellement ne lâchait pas sa petite maîtresse de vue, n'était pas dans les pattes de Claude. Celle-ci s'en aperçut aussi et l'appela à tue-tête, ce qui fit grincer son père qui se réfugia dans la chambre où il lisait son journal près de la fenêtre.

- Dag ! Mon chien ! Viens ici !

Soudain, ils virent un énorme chien marron tirant sur le jaune, avec de grandes oreilles qui battaient au rythme de sa course débouler de la porte de la cuisine. Il avait la gueule ouverte, ce qui donnait l'impression qu'il souriait, comme s'il avait fait une bonne blague. Derrière lui surgit Maria, la cuisinière des Dorsel, une poêle à la main, qu'elle brandissait comme une matraque.

- Ce maudit chien ! répétait-elle. Ce maudis chien ! Claude ! Si tu ne le surveilles pas mieux, je te promets que je me mets en grève et que toi et tes cousins ne mangerez rien des vacances !

Les yeux de Mick s'écarquillèrent, horrifié qu'il était à cette perspective. Mais François sourit. Il savait bien que Maria était une femme adorable et qu'elle aimait beaucoup Dago. Ce qui était réciproque, d'ailleurs ! Se plaçant prudemment entre son chien et la petite femme replète qui se tenait, les mains sur les hanches, sur le seuil de la cuisine, Claude donna le signal du départ.

- Bon, je crois que nous sommes au complet, il est temps de s'éclipser !

- Allez-y, je prends le goûter et je vous rejoins dehors, ajouta Annie qui avec sa douceur naturelle, saurait bien amadouer Maria.



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