jeudi 26 février 2009

Bonjour, je voudrais une bière !


Continuons donc sur les origines des expressions que tout le monde semble déjà savoir et que je découvre...

Aujourd'hui, le croque-mort.
Que l'on doit (ou peut), selon la réforme de l'orthographe de 1990, épeler "croquemort", mais bon.

La légende voudrait que le nom vienne de la nécessité de s'assurer que les morts étaient bien morts avant de les mettre en bière. Pour cela, le dévoué monsieur des Pompes funèbres leur mordait un orteil...
(les premiers croque-morts étaient-ils suédois ? Car oui, nous apprend Lars von Trier, en Suède il y a mort et très mort. "Celui-ci est très mort, félicitations !" - Et merde, je découvre à cette occasion que Stephen King a fait un remake américain de l'Hôpital et ses fantômes...)



Passons sur l'absurdité néanmoins poétique de cette légende...

Il y a deux autres explications qui sont plus cohérentes.
La première attribue l'origine de croque-mort au mot "crochet", ou "croc" : pendant les épidémies de maladies, le monsieur des Pompes funèbres a pris l'habitude de ne manipuler les morts qu'à l'aide d'un crochet, avec lequel il les tirait pour les faire descendre dans le cercueil.
Ou bien, le mot viendrait de la signification originale de "croquer", qui signifierait "faire disparaître"...

Sinon, j'ai trouvé aussi une blague de mauvais goût sur l'origine des Pompes funèbres. (Pourquoi fallait-il que ce soit une fille ??)
Et un long texte très drôle de Petrus Borel sur les croque-morts, dans lequel il raconte notamment l'anecdote de l'Anglais qui rentre dans un bar et clame : "Célibataire ! Apportez-moi une bouteille de cercueil !"... (Oui, d'accord, on peut se demander : Pourquoi fallait-il que ce soit un Anglais ?? Mais là, je trouve ça drôle, curieusement...)

Tiens, vous savez comment on dit croque-mort en anglais ? Undertaker !



La fameuse star du catch (j'ai colocaté pendant un certain temps avec des individus de sexe masculin pour qui vendredi c'était catchy... Je ne suis pas responsable !)
Ce qui me fait une habile transition pour raconter ma vie et écrire que j'ai été voir The Wrestler au cinéma. Eh bah c'est bien, en fait. J'avais peur de m'emmerder, vu le sujet ; et j'avais peur de souffrir, vu le réalisateur (Aronofsky : vous avez vu Requiem for a dream ?). En fait, ni l'un ni l'autre. Bon, c'est sûr on est pas dans une comédie romantique avec Hugh Grant mais certains moments sont jouissifs. Même la fin. Et je n'en dirais pas plus.
Sauf peut-être que mon avis est certainement biaisée par le fait que je suis une pro-Mickey Rourke, depuis que je suis restée scotchée devant Rumble Fish de Coppola quand j'étais ado.



Depuis, appelez ça de la chance, mais dans tous les films où je l'ai vu jouer, Rourke était bon.



vendredi 20 février 2009

Les roberts

Tout le monde le savait déjà certainement (sauf moi), mais cette expression argotique pour désigner les seins de la femme viendrait d'une marque de biberons du XIX° siècle.
Ces ustensiles pour "l'allaitement artificiel" ont toujours existé (on a retrouvé des cornes percées datant de l'Antiquité), et les Cocoricos ont été paraît-il très performants pour en améliorer la technique.



Après tout, il suffisait de percer le bouchon de liège de la boutanche de pif et de rajouter une tétine !

Bref, fin 1860, Edouard Robert met au point un biberon en verre à tuyau (et avec un mécanisme de soupape), qui le rendit peut-être riche mais assura en tout cas la postérité à son nom :


M. Robert recevra diverses médailles d'honneur pour cette invention, et aussi ce magnifique éloge d'un certain Docteur Vandenabelle, qui fleure bon la rivalité séculaire avec la Perfide Albion :

« L'on s'est peu ému quand les Anglais nous inondaient de leurs biberons, dont les caoutchoucs contenaient de notables proportions de sels de zinc et qui empoisonnaient en France un tiers des nourrissons. Un ingénieur français, M. Robert, est venu heureusement suppléer à cet état de choses, en présentant un biberon, ayant non seulement des qualités commodes mais encore physiologiques. »
L'ensemble du bouquin est disponible sur le site de la BM de Lisieux


jeudi 19 février 2009

Le chat et la souris, ou la souris et le chat ?


Juste une réflexion en passant, en observant Petit chat jouer :

En poursuivant sa boulette de papier, le chat s'entraîne-t-il à la chasse future, ou bien lorsqu'il choppe enfin une proie cherche-t-il à reproduire le jeu qui l'éclatait tellement quand il était pitit ?

vendredi 13 février 2009

De l'éthique, ou de la solidarité

J'ai trouvé dans Michel Crozier, L'acteur et le système, ce paraît-il célèbre "dilemme du prisonnier". 


La situation est la suivante : deux malfrats ont commis un délit ensemble. La police les arrête, mais n'a pas de preuves contre eux. Elle a besoin de leurs aveux. 
Nos deux larrons sont enfermés dans des cellules séparées et ne peuvent pas communiquer entre eux. Les données du problème sont les suivantes : 

Si les deux prisonniers se taisent, la police n'aura pas de charges contre eux, et ils seront condamnés pour des délits mineurs, disons six mois de prison. 
Si l'un des deux parle et accuse l'autre, la police aura les preuves qui lui manquaient et pourra coller dix ans de prison à celui qui n'a pas parlé et libérer celui qui a balancé l'autre, car la police aime les balances. 
Si tous les deux s'accusent mutuellement, ils prennent cinq ans tous les deux. 

Mettons-nous dans la peau de l'un des filous. Il se dit : 
Dans le cas où mon complice me dénonce, si je me tais je prends dix ans... En revanche, si je le dénonce aussi, je ne prends que cinq ans.
Dans le cas où il ne me dénonce pas, si je me tais moi aussi je prends six mois de prison. En revanche, si je le dénonce, je suis libre !

Les deux prisonniers se font le même raisonnement bien sûr... Et il appert que si chacun des prisonniers suit la logique de ses intérêts personnels, ils se retrouvent à faire cinq ans de prison. Alors que s'ils s'étaient tus, ils n'auraient fait que six mois...

Apparemment, ce dilemme est pas mal utilisé en théorie économique (genre pour bâtir les stratégies de deux entreprises concurrentes), ce qui m'étonne pas. S'il y a bien un milieu cynique entre tous, c'est celui-là. 
Car en fait, le dilemme du prisonnier ne marche pas dans la réalité, enfin j'espère... Car on a affaire à des hommes, capables de collaboration, de projection (au cas où le coup foire), et surtout de confiance en l'autre...
Sans oublier la culture et l'histoire propres à un milieu social particulier. Dans cet exemple, on peut très facilement postuler que la coopération avec la police n'est pas forcément très usitée dans le milieu des hors-la-loi !
L'homme n'est pas une créature très facile à cerner ! Je dis ça car j'ai entamé le Prélude à Fondation hier soir, et Hari Seldon, le héros d'Asimov, entame sa construction de la "psychohistoire". C'est une science qui consiste à réduire les actes des hommes à une équation, qu'il suffirait ensuite de développer pour savoir vers où le monde se dirige et ce que les hommes feront de leur avenir. J'aime la SF !

mardi 10 février 2009

Si je peux me permettre...

... une suggestion à nos amis de Nanarland :



mercredi 4 février 2009

Il est des nôtres !


Bon, un peu de littérature...

Je me suis rendue compte que je devais une citation à Xuc, pour sa contestée victoire à notre énigme mathématique.

Je viens de finir Le Capitaine Fracasse, de Théophile Gautier. Un livre que j'ai trouvé assez ardu, par ailleurs : un vocabulaire très soutenu, des descriptions interminables, qui portent une histoire genre 'cape et épée' qui peut en passionner certains, mais qui pour ma part me laissait indifférente (ah ces histoires de vengeance, d'amour impossible, etc.). En revanche, le style de l'auteur est magique : son sens du rythme, ses images, métaphores et comparaisons inédites, saugrenues mais tellement justes et poétiques ! Et des dialogues brillants !

Bref, résumé des épisodes précédents : le Héros, le Baron de Sigognac, dernier représentant d'une glorieuse famille, mais complètement ruinée, pourrissait dans son château délabré. Une troupe de comédiens ambulants vient à passer, une comédienne est jolie (et complètement nunuche) et hop ! voilà le baron intronisé Capitaine Fracasse. Il part sur les routes avec eux, en dépit du fait que c'est trop la honte pour un baron. Lors d'une représentation, il voit dans la salle une baronne pimbêche de ses voisines dont il était plus ou moins amoureux, avant. L'a-t-elle reconnu ? A-t-il sali le nom de Sigognac à jamais ?
De retour dans la coulisse, il est au bord du malaise. Blazius lui propose du vin, mais Sigognac ne veut que de l'eau :

"Condamnable régime, dit le Pédant, grave erreur diététique ; l'eau ne convient qu'aux grenouilles, poissons et sarcelles, nullement aux humains ; en bonne pharmacie, on devrait écrire sur les carafes : 'Remède pour usage externe.' Je mourrais subitement tout vif si j'avalais une goutte de cette humidité fade."

Mes amitiés à vos jugulaires, vos roberts et vos bidous...
Et au boulot !