Les temps sont durs aussi pour les bidasses
Vous n'êtes pas sans savoir que Douce France possède deux espèces de cognes : les militaires et les fonctionnaires. Soit les gendarmes, qui dépendent du Ministère de la Défense, et les policiers au Ministère de l'Intérieur.
Un rapprochement est prévu entre les deux corps pour janvier 2009. La majeure partie de l'Arme (c'est comme ça qu'on appelle les rigolos à moustache sous leur képis) sera rattachée au Ministère de l'Intérieur. Mais ouf ! ils conserveront certaines spécificités du statut de militaire, à savoir : l'interdiction de se syndiquer, l'obligation de vivre en casernement. Et aussi un joli devoir de "défense des intérêts supérieurs de la nation"...
(lien vers l'article elliptique de viepublique.fr)
Les gendarmes sont et resteront donc des militaires. Ce sont, comme les fonctionnaires, des agents de l'Etat. Mais, contrairement à ces derniers, ils n'ont pas le droit de retrait.
Est-ce pour cela que les gendarmes ont sinistre réputation ?
Ou, plus prosaïquement, pour un certain nombre de faits d'armes que Yann Galera, docteur en histoire contemporaine et ancien gendarme (on s'en serait douté), raconte dans son dernier livre, Les Gendarmes dans l'imaginaire collectif ?
Je n'ai pas lu le bouquin, mais ce qui ressort du compte-rendu de parutions.com fait sourire, parfois jaune. Les gendarmes auraient mauvaise réputation parmi la population à cause des missions délicates dont on les charge. Entendez : l'Etat a besoin de larbins pour faire son sale boulot, et parfois le boulot est tellement dégueulasse que même les flics ne sont pas sûrs. Appelons donc les militaires ! dressés à obéir, pas de droit de retrait, pas de syndicat, etc.
Des boucs émissaires idéaux en somme, si on oublie le 17° régiment et les cas de "crosse en l'air", ainsi que le fait qu'à la base, ils ont tout de même choisi d'entrer dans l'armée, merde.
Et quand l'auteur du compte-rendu pré-cité, parlant de la mauvaise réputation des gendarmes qui leur viendrait de cette obéissance qu'ils doivent à l'Etat, notamment l'Etat vichyste, qui les a affectés à la rafle du Vel d'Hiv et à la garde des camps d'internement type Drancy, conclue par un magnifique : "La gendarmerie a une image noircie pour prix de son légalisme", je rigole. Pas de pitié, elle l'a bien cherché.
Et je me mets du côté de Georges Brassens, de la mansarde où je réside j'applaudis les farouches bras des mégères gendarmicides, lorsque ces braves pandores se mettent dans la tête d'intervenir dans les affaires du peuple de Brive-la-Gaillarde.
Tiens, Pandore, quel joli nom... La première femme paraît-il. La première cruche, en tout cas. Celle à qui Zeus donna une boîte contenant tous les fléaux de la terre. Trop curieuse, elle l'ouvrit... Et vous connaissez la suite.
J'ai du mal à saisir le rapprochement de ces deux termes. Quels chemins tortueux l'argot a-t-il emprunté pour en arriver là ?... Que peut être une boîte de pandores ? une gendarmerie ? un képi ? où se niche donc l'Espoir, le seul qui ne se soit pas échappé de la fameuse boîte ?
(celui qui me dit : "A Saint-Tropez" je l'attache devant les rediffusions estivales de M6 de tous les Gendarme. S'il aime l'humour...)
L'Espoir, parfois j'aime à l'imaginer coincé dans les calculs de Jean-Victor Verlinde lorsqu'il conclut son opus L'Ordre mon cul ! la liberté m'habite (L'Esprit frappeur, 2000) par ces mots :
"Il y a moins de 170 000 policiers, gendarmes et CRS affectés au maintien de l'ordre. Même en y ajoutant les renseignements généraux, la surveillance du territoire, la police anti-immigration (4 000 rien qu'à ça !), la PJ (Navarro et ses cosaques) et l'administration, la comptabilité, la formation, on arrive tout juste à 200 000. Ca fait un policier pour 300 personnes ! Même en enlevant les bébés et les vieillards, on reste 150 par policier !
L'âge d'or, c'est quand on veut."
4 commentaires:
Les temps sont durs pour les thésardes (de jardin)
Heureusement que j'ai un coeur de Pierre...
Rires. Quelle culture la Louise ! ;)
Alors comme ça,ton coeur est en forme de théière...laisse le infuser davantage!
(Toutes façons, ce sont tes fesses que je préfère)
Puisque qu’on est le 11 novembre, on pourrait rappeler le rôle ambigu de la gendarmerie durant la Grande Guerre http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/04histoire/articles/gendarmerie/histoire/panel/pa1.htm
Des « planqués » qui allaient traquer les combattants à bout de souffle arrachés à leurs campagnes et pris au piège d’une guerre d’usure. On n’évoque peu cette mission qui n’allait pas arranger la réputation des moustachus.
Le « légalisme » sous Vichy est évidemment une notion aux allures de sinistre plaisanterie, dans la mesure où nombre de militaires ont choisi de rester fidèles à la république plutôt que de cirer les bottes aux nazis.
Et si le devoir de désobéissance a un ordre illégal (pour les fonctionnaires comme pour les milis) été institué, c’est sur les fondements éthiques de l’après seconde guerre mondiale. Reste que si le gouvernement est une dictature, l’ignoble peut devenir légal ! Donc c’est un chouia paradoxal cette histoire…
La base étant de savoir quels idéaux on veut servir, et normalement, dans notre république, si l’on considère que la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen fait préambule à la constitution, ben a priori, servir dans la sécurité intérieure ou la défense n’a rien d’infâmant.
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