mercredi 30 juin 2010

The Crazies, Breck Eisner

J'ai été très déçue par ce film qui ne fait pas vraiment montre d'imagination. Un film de zombies, mille fois revu, actualisé à la sauce américaine...
L'histoire en deux mots : dans une charmante bourgade paumée au milieu des champs (l'Iowa, si j'ai bien compris), les autochtones (de vrais bons gros paysans américains comme dans les clichés) sont contaminés par un virus qui les rends dingues. Mais "dingues" comme dans "je vais tous les massacrer de manière très sanglante et inventive"... L'armée va donc raser le coin. Le shérif brun, et sa femme la doctoresse blonde (enceinte, en plus...) vont donc courir un peu partout pour échapper à ces deux genres d'ennemis qui paraissent (hou, c'est la partie critique politique du film !) interchangeables. 


Tous les moments où le monstre va faire "Bouh !" sur l'écran étaient aisément identifiables (c'est pratique, cela dit. Ainsi je pouvais fermer les yeux pour éviter de sursauter...), les personnages n'ont pas de profondeur et le scénario aucune surprises, jusqu'au convenu twist final et la petite séquence post-générique.

Sur mon siège, je ne me suis pourtant pas ennuyée, et ce miracle tient à la ressemblance étonnante entre l'acteur principal, Timothy Olyphant et Alexandre Astier...


Bon, admettons : en moins petit, moins gras, moins lyonnais et... moins drôle...
Mais ça m'a suffit pour m'imaginer quelques répliques de Kaamelott qui viendraient pimenter le film...

vendredi 25 juin 2010

Le livraswap n°3 ! Thème : féérie...

Et oui, le thème a été respecté : j'ai été enchantée !
 
(Attention, racontage de vie intempestif...)
 Je rentrais innocemment de l'école accompagnée de :
- mon petit neveu qui saignait du nez, qui avait très soif et qui voulait tout de même absolument me raconter le début du Chat Botté ;
- ma un peu plus grande petite nièce et une de ses copines (que j'aide à traverser la grande route après l'école) à qui ma nièce voulait absolument montrer les 5 petits chatons qui sont nés chez elle mercredi, mais rapidement, car la copine doit rentrer tout de suite après l'école ; 
- ma plus grande petite nièce (et sa copine qui est toute seule le soir après le collège et qui vient toujours squatter chez eux) qui a oublié (c'est par là que le suspense arrive) SES CLEFS. 


Or je comptais sur elle pour m'ouvrir...
Je laisse donc tout ce petit monde dans la cour pour aller chercher les clefs de mon frère chez moi (sauf mon petit neveu, qui m'a suivie car il venait de se souvenir que le père qui est mort possédait un moulin, et c'est comment qu'on dit celui qu'a un moulin, moulinier ? hein ?). 


Et c'est à ce moment que je suis tombée amoureuse de mon facteur. Car devant ma porte m'attendait :


MON COLIS DU LIVRASWAP N°3 !!!


Car oui, j'ai la chance d'être servie par LE facteur parisien sympa. 
Non content de me monter systématiquement tous mes colis (vous en connaissez beaucoup, vous, qui prennent ce temps ? et qui ne se contentent pas de laisser des papiers dans la boîte alors que BON SANG, j'étais chez moi toute la journée et maintenant il faut que je me tape la queue à La Poste ? D'ailleurs je me suis toujours dit que remplir le papier prenait plus de temps que de monter les 3 étages... A moins que La Poste n'aie prévu des papiers pré-remplis ? Genre pour pallier la pénurie de personnel ?). 
Reprenons : non content de me monter systématiquement tous mes colis, disais-je avant de m'interrompre, il m'a demandé et on s'est mis d'accord lui et moi pour qu'il me les laisse devant la porte si je ne suis pas là... 
C'est-y pas adorable ? 


Donc, devant ma porte (et juste au moment où le chat réclamait que le plus jeune fils, qui pourra pas travailler tu comprends ? avec un chat tu peux pas travailler et l'autre il avait un âne, mais je ne sais pas quel travail tu peux faire avec un âne, ça existe ânier ? que le plus jeune fils lui donne des bottes) m'attendais le colis de ma super, de ma merveilleuse, swappeuse...

Je parviens à rentrer le colis et à saisir les clefs tout en empêchant mon Petit Chat de se carapater dans l'escalier et en pestant contre le Vieux Chat Débile de mon frère (que je garde pendant l'allètement des chatons dont il a été mention plus haut car il est tellement perturbé qu'on a peur qu'il ne croque les chatons...) qui se frotte à mes jambes. 
Et puis je fonce préparer le goûter pour toutes ces jeunes personnes affamées et assoiffées...


Quelques heures de baby-sitting plus tard, j'ai enfin pu déballer mon colis !!
(et oui, je crois bien avoir fini de raconter ma vie, je vais enfin vous mettre les photos...)
Le premier aperçu, après avoir enlevé le papier peint autour :



Déjà je souriais : des petits dessins sur le carton !! (comment ça, 'il ne m'en faut pas beaucoup' ? Bah oui, j'ai été touchée, moi !)

Et quand on ouvre : tadam !




Au moment d'ouvrir la carte, je dois avouer que je l'ai reniflée... Une vieille habitude, un vieux truc entre les odeurs et moi... on s'entend bien. Et la carte, comble de sofistication ai-je pensé, sentait la cacahouète... Je me suis alors rappelé que l'heure de l'apéro approchait...




Franchement, il ne faut pas être une fée pour parvenir à faire de la balançoire d'un air aussi détaché, avec des talons aiguille de 15 centimètres de haut et des bas qui vous serrent les cuisses ? Un jour, j'essairai moi aussi et on rigolera bien...


Dans le colis étaient disséminés des marques-pages... Faits main, s'il vous plaît ! 


Je les aime tous beaucoup. Même si on ne le voit pas sur la photo, celui avec la fée des plantes qui montre ses tétons, aussi naturelle que moi quand je fais une blanquette de veau (depuis que j'ai chopé le truc pour la sauce blanche, avouons-le en toute honnêteté...), il a une petite perle qui pendille au bout, c'est terrible. 
Ca m'enthousiasme complètement, de penser que quelqu'un a pris du temps pour fabriquer ces petites choses à une parfaite inconnue. 




Et c'est pas fini, car j'ai eu droit également à des trombonnes biface customisés !! 

Emballés dans leur petit sac en tulle noire rempli d'étoiles...
Sigh. Si c'est pas féérique, de savoir faire ça avec ses mains. J'ai regardé, et subodore de la feutrine avec des points de colle, mais il faut avoir des ciseaux vachement coupants quand même et une perforatrice à feutrine. Quant à la manière dont les motifs décoratifs tiennent, c'est un mystère. C'est féérique, on vous dit. 
(vous aviez compris que je n'étais pas vraiment au top dans les travaux manuels ?)
Entre-temps, j'avais résolu le mystère de la senteur de cacaouète. Non, ce n'était pas l'appel à l'apéro de mon organisme qui me jouait des tours, ai-je constaté en pouffant, c'était juste une délicate attention de ma swappeuse qui avait parsemé mon colis de graines apéritives...


Un peu comme le pop corn au cinéma, voyez ? Pour grignoter pendant l'ouverture des cadeaux...
Mais tout ça c'était avant que je n'ouvre la friandise. Les friandises, plutôt ! 
Voici donc deux paquets de TUC et un assemblage de noix de cajou-cacaouètes-graines de tournesol dans une boîte faite main (encore une fois !) avec une jolie fée en miroir qui prend son élan direction apéro-land (la boîte s'était ouverte, je suppose, mais la fées des bringuebalements de colis a bien fait les choses)
On peut dire que ma swappeuse avait deviné à qui elle avait affaire !!
J'ai grignoté déjà, bien sûr, mais je n'ai pas touché encore aux graines de tournesol. Feu mon grand'père en croquait à longueur de journée, et je n'en mangeais que l'été, en vacances toute petiote chez mes grands-parents. Je suis super contente de les retrouver là (après tout, enfance, féérie, tout ça c'est lié) mais je garde la séquence 'madeleine de Proust' pour plus tard...
Bien. Passons aux choses sérieuses. Les bouquins !

J'ai ouvert Jonathan Strange et Mr Norrell en premier et j'ai compris comment parfois, certaines femmes pouvaient avoir envie de couiner...
Un petit post-it caché à l'intérieur m'indiquait que ma swappeuse, outre le fait d'être attentionnée, douée de ses mains et généreuse, était également pourvue d'un cerveau qui fonctionnait très bien ! et qu'elle avait eu l'idée d'aller voir mon profil Babelio et de deviner que mon 'pense-bête' c'étaient les livres que je comptais lire et... Non, à partir de ce moment c'est de la chance, car celui-là, honnêtement, il était tout en haut de la liste. Genre : j'ai le doigt sur le bouton "commander" chez Mazone. Donc : trop cool. Cool cool cool. 
Et le Gaiman, je l'ai déjà lu !! Eh oui, c'était une des grandes craintes de ma swappeuse, mais attends !
Je l'ai lu mais je ne l'ai pas chez moi car je l'avais emprunté à un copain ; 
Et en plus ma swappeuse me l'a offert en anglais. Et ça, c'est vraiment LA bonne idée. J'aime beaucoup Gaiman et même si je parle encore anglais comme Alexandre-Benoît Bérurier, je le lis très facilement et je suis vraiment curieuse de savoir ce que ça peut donner en VO. Merci, donc !
(ah et au passage, ma swappeuse me dit qu'elle a adoré le film et qu'elle avait hâte de lire le livre... Eh bien moi, j'ai adoré le livre et je n'ai pas aimé le film ! On va pouvoir débattre !!)

Je commence à être à court d'exclamations de bonheur et le "!" sur mon clavier commence à fatiguer, mais le colis semble sans fond... Comme surprise, j'ai eu deux bougies bleues très jolies. Je ne sais pas si ça se voit bien sur la photo, mais elles sont creusées à l'intérieur...

Vous croyiez que c'était fini ? Que nenni ! 
Juste histoire de conclure en beauté, ma swappeuse m'a glissé un DVD au fond du colis...


"Le Secret de Terabithia" que j'avais vu au ciné à sa sortie et je suis ravie de revoir !!
(peut-être ce soir, d'ailleurs ? A la lumière des bougies, en croquant des graines de tournesol...)
(et encore une fois, on ne voit pas sur la photo, mais la pochette est hologrammique...)

En résumé, je me suis retenue jusque là pour ceux qui pourraient deviner : ma swappeuse c'était Klemocius. Et Klemocius, c'est une fille cool. 
Klemocius n'a pas de blog, mais allez sur le forum de Livraddict, vous la trouverez. Et si vous la croisez, dites-lui merci de ma part, parce que c'était vraiment chouette, tous ces cadeaux, et puis... et ça m'a touché... et... oh je suis émue... je vais aller croquer des graines de tournesol, tiens !
Merci encore !!
Voici la photo finale :










mercredi 16 juin 2010

En matière politique

Février 1848, décret du Gouvernement provisoire abolissant la peine de mort en matière politique.
(L'Assemblée Constituante de septembre 1848 l'adoptera dans son article 5)

"République française
Liberté, Egalité, Fraternité.
Le Gouvernement provisoire, convaincu que la grandeur d'âme est la suprême politique, et que chaque révolution opérée par le Peuple français doit au monde la consécration d'une vérité philosophique de plus ;
Considérant qu'il n'y a pas de plus sublimes principes que l'inviolabilité de la vie humaine ;
Considérant que dans les mémorables journées où nous sommes, le Gouvernement provisoire a constaté avec orgueil que pas un cri de vengeance ou de mort n'est sorti de la bouche du peuple ;
Déclare :
Que dans sa pensée la peine de mort est abolie en matière politique et qu'il présentera ce voeu à la ratification définitive de l'Assemblée nationale.
Le Gouvernement provisoire a une si ferme conviction de la vérité qu'il proclame au nom du peuple français, que si les hommes coupables qui viennent de faire couler le sang de la France étaient entre les mains du Peuple, il y aurait à ses yeux un châtiment plus exemplaire à les dégrader qu'à les frapper.
Les membres du Gouvernement provisoire [suivent les noms]"

Dans Maurice Agulhon, Les Quarante-huitards, Folio Histoire, 1975, p.84

On savait parler, à cette époque, hein ?

Bon, les historiens soulignent que c'était aussi un mécanisme de reproduction des classes sociales, à cause du dernier paragraphe apposé pour 'protéger' les anciens ministres déchus de la vengeance populaire... Mais à la lecture de cet historique de la Documentation française (et d'autres textes proposés par Agulhon dans le bouquin sus-cité) on voit que c'est tout de même une vieille idée des Républicains (pensons à Lamartine notamment).
Sigh. J'adore février 1848...

mercredi 9 juin 2010

Ne me prenez pas pour une lectrice de pacotille !!

Mais rien n'est ma faute.
Comme le naïf petit Hobbit au fond de sa Comté, les événements se sont ligués contre moi.
Je prête La Trilogie de Barthiméus à ma nièce de douze ans, pour voir si le livre pouvait plaire également aux ados (la réponse est non, apparement).
En échange, elle me passe La Quête d'Ewilan. J'avais envie de lire du Bottero depuis pas mal de temps. Mais je n'ai pas été prise par ces trois tomes, j'avais l'impression de lire Le Seigneur des Anneaux version allégée pour adolescents. La lecture en est agréable, mais sans plus. Du coup, j'avais presque envie de rouvrir mes Tolkien...

Là-dessus, je fais des lectures communes, je participe à swaps... je me fais sourire : me manque plus que les challenge lectures, me dis-je !

Et l'autre jour, sur quoi ne tombais-je pas ??

THE MIDDLE EARTH CHALLENGE : One Challenge to rule them all !

Pour participer et/ou en savoir plus : allez voir chez les co-organisatrices, The Bursar (pour les inscriptions) et Remiranda (pour la recension des billets).

Le principe est de lire/relire l'oeuvre de Tolkien (et de publier un billet pour chaque lecture). La date limite est fixée à décembre 2011 et il existe différents niveaux de challenge :

- le challenge Hobbit, qui consiste dans la lecture d'un seul ouvrage de Tolkien.
 
- le challenge de l'Anneau qui consiste dans la lecture de Bilbo le Hobbit ;
et du Seigneur des Anneaux.
 
- le challenge Elfique qui constiste dans la lecture du Silmarillion ;
des Contes et légendes inachevés ;
de Bilbo le hobbit ;
du Seigneur des Anneaux ;
d'un ouvrage sur Tolkien ou son oeuvre, ou inspiré de celui-ci comme les parodies ou les adaptations en bande-dessinées.
 
- le challenge Valar qui consiste dans la lecture du Silmarillion ;
des Contes et légendes inachevés ;
de Bilbo le hobbit ;
du Seigneur des Anneaux ;
des Enfants de Hurin ; 
la légende de Sigurd et Gudrun ;
les 5 premiers tomes de l'histoire de la Terre du milieu ;
ainsi que dans la lecture d'un ouvrage sur Tolkien ou son oeuvre et d'une de ses sources d'inspirations telles que Beowulf, les Edda, la saga Völsunga, le Kalevala, ou Crist de Cynewulf.

Ma PAL n'a ni la petitesse des nains, ni la légèreté des Elfes, mais malgré tout je me suis inscrite au challenge Valar... 
Je l'aurais plutôt appelé le Challenge Balrog, vue sa taille monstrueuse et sa perspective effrayante, mais j'ai déjà lu la plupart des livres de la liste, sauf l'Histoire de la Terre du milieu et les sources d'inspiration. 

One Challenge to rule them all, One Challenge to read them,
One Challenge to bring them all and in the library bind them
In the Land of Louisemiches where the Books lie.
 


A bientôt en Terre du Milieu... 

dimanche 6 juin 2010

Les Piliers du best-seller

Cette merveilleuse communauté de lecteurs, Livraddict, organise entre autres choses des lectures communes. Plusieurs blogueurs lisent le même livre et publient un billet le même jour. 
C'est souvent l'occasion de lire le bouquin qui traîne dans sa PAL qu'on aurait bien du mal à entamer sans cela. 
Aujourd'hui, Les Piliers de la Terre, de Ken Follet.


Dans l'Angleterre médiévale, des destins et des personnages se croisent autour de la construction de la cathédrale du prieuré de Kingsbridge. Il y a Tom le bâtisseur et sa famille, le méchant comte William, l'ambitieux évêque Waleran, le malin et pieux prieur Philip...

Car oui, on peut facilement dans ce livre désigner les personnages par quelques adjectifs. Ils se reconnaîtront. Les méchants sont vraiment très méchants, et les gentils eh bien... très gentils. Aucun de ces stéréotypes n'aura pris, au bout de mille pages, un peu de profondeur.
Et les femmes ont un traitement pire encore. Ok, ok, société moyen-âgeuse, je ne vais pas faire ma féministe de base. Ellen est belle avec ses yeux couleur de miel et intriguante, et Aliena stupéfie tout le monde par sa beauté et sa vivacité. Et ce n'est pas tout : ces deux femmes, en plus de leur physique, sont de fortes têtes qui se moquent de la religion (pour l'une) et des gens d'arme (pour l'autre).
Mais où sont les femmes lambda ? Avec tous leurs petits ou gros défauts ? C'est un peu fatiguant. On peut aussi exister sans être exceptionnelle, non ?

Et la cathédrale : construira ? Construira pas ?
La réponse est simple. Pendant un chapitre, tout va bien, la construction avance. Mais tadadam ! au chapitre d'après les méchants très méchants inventent une machiavélique machination pour mettre des bâtons dans les roues aux gentils. Mais les gentils, au chapitre suivant, trouvent la parade, et la sarabande recommence... jusqu'à la fin du bouquin.
N'en jetez plus, merci !
Le style, classique, est très lourd, particulièrement pendant les scènes de galipettes, de viol ou de violence qui sont écrites avec trop de complaisance et pas assez de subtilité.
Je sais, il paraît que ce genre de scènes, conjuguées aux rebondissements du scénario toutes les deux pages, font le best-seller. Mais ce type d'écriture ne me plaît pas. J'ai le sentiment d'avoir été prise pour une imbécile par l'auteur, un poisson rouge avec, disons, deux chapitres de mémoire seulement et qu'il faut tenir en haleine jusqu'à la fin en multipliant les grosses ficelles et les passages vendeurs.

Donc, j'ai été déçue et ce livre ne m'a pas plu.
Mais il faut avouer que je l'ai lu jusqu'au bout, sans qu'il me tombe des mains et sans sauter de pages.

Par quel miracle ? Car l'époque historique est restituée de manière très vivante, et très agréable. Les détails architecturaux prouvent une grande érudition et de nombreuses recherches. Si les descriptions vous rebutent, vous les trouverez certainement un peu longues, mais à moi elles m'ont donné envie de visiter des cathédrales ! Il faudrait un schéma, ou des photos, pour bien comprendre ces descriptions. Bref, l'endroit idéal pour lire ce livre, c'est assise dans un cloître, avec toute l'ambiance à portée de regard !
D'autres facettes de ce livres m'ont plues :
Si à travers les personnages de Tom et de Jack nous découvrons les secrets des bâtisseurs, nous suivons avec le prieur Philip et la courageuse Aliena les balbutiements du commerce, voire même, ô, du capitalisme.
Et la grève des maçons m'a bien fait rire.
Mais si ces passages sont suffisants pour faire un bon documentaire, je m'attendais à autre chose d'un roman. D'où, je pense une note de 1/5. Ou 2/5, peut-être...

Elles ont aimé :
Phooka, Heclea, djak, Lexounet Evilysangel

Un avis plus mitigé :
Galleane, anns02

Pour ne pas rester avec ce mauvais goût dans la bouche, j'ai enchaîné sur un petit livre qui traite du même thème, Les Etoiles de Compostelle d'Henri Vincenot. On suit l'initiation de Jehan Le Tonnerre au Compagnonage maçonique. Il apprendra, en même temps que le lecteur, à se servir de la corde à treize noeuds, à bâtir une charpente avec l'aide du nombre d'or, à faire discrètement passer la magie tellurique des anciens druides dans des constructions acceptables par l'Eglise, et à aimer son prochain.
Cette lecture de l'écrivain bourguignon m'a enchantée, pour la deuxième fois. Le contraste avec les Piliers de la Terre est saisissant. Les Etoiles de Compostelle est fin et léger, très sympathique, en dépit de passages un peu longs (notamment certaines leçons de géométrie sur le chemin de Compostelle). Je le recommande à tous les déçus de Ken Follet !

samedi 5 juin 2010

"C'est de pire en pire : sauf votre respect, il a chanté l'hymne autrichien"

Avec toutes ces histoires de vampires, de quêtes en 15 tomes et de magie tellurique millénaire, j'ai apprécié le retour à une littérature disons plus... classique.

C'est dans ce contexte que j'ai découvert Le Brave soldat Chveïk (1921), de Jaroslav Hasek. Et j'en suis bien contente.

Le héros qui donne son nom à l'ouvrage est un 'bon gars', un imbécile réellement limité mais qui se donne avec coeur et optimisme à tout ce qu'il fait.
L'histoire se passe en République Tchèque, ou ce qui en tenait lieu à l'époque (l'Autriche-Hongrie, si j'ai bien compris) et débute en 1914 à l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand. 
Affrontant toutes les situations avec l'enthousiasme et la débilité qui le caractérise, Chveïk va être trimballé d'institution en institution, et toutes vont en prendre pour leurs grades, globalement et dans les détails : le système et les hommes, respectivement leur absurdité et leurs petitesses.

L'armée, d'abord. Les militaires sont désemparés devant le patriotisme de Chveïk qui veut absolument partir au front et gagner cette guerre.
Tout d'abord, ils le croient fou et l'envoient en asile. Chveïk/Hasek en profite alors pour tourner en dérision les institutions psychiatriques. Le brave soldat, lui, s'y trouve bien :

"Sérieusement, je ne comprendrai jamais pourquoi les fous se fâchent d'être si bien placés. C'est une maison où on peut se promener tout nu, hurler comme un chacal, être furieux à discrétion et mordre autant qu'on veut et tout ce qu'on veut. Si on osait se conduire comme ça dans la rue, tout le monde serait affolé, mais, là-bas, rien de plus naturel. Il y a là-dedans une telle liberté que les socialistes n'ont jamais osé rêver rien d'aussi beau."

Mais finalement, convaincu comme simulateur, on l'envoie en prison. Un lieu horrible et glauque où, finalement, Chveïk est la seule lumière pour le lecteur (ce qui, pour un 'imbécile épique', est un genre de performance).
De là, il atterrit comme ordonnance d'un espèce de prêtre alcoolique et dépravé, et Hasek désacralise joyeusement un certain nombre de dogmes et de mythes catholiques.
 
Vous avez compris le principe de cette ballade, au cours de laquelle on croise des personnages secondaires savoureux (ah le simulateur qui, pour ne pas aller au front, tentait de faire croire qu'il avait une jambe plus courte que l'autre d'un bon décimètre !), croqués d'une plume acide et tendre qui m'a fait sourire et pouffer à de nombreuses reprises. J'ai une sympathie particulière pour le juge d'instruction Bernis, qui a un peu le même système de rangement que moi :

"Le juge d'instruction Bernis était très mondain ; charmant danseur et au demeurant fêtard passionné, il s'ennuyait énormément au bureau et passait son temps à composer des vers d'albums, pour en avoir toujours d'avance. C'était lui le pivot de tout l'appareil de cette justice militaire ; sur son bureau s'amoncelaient des documents d'affaires en suspens et des paperasses dans un état de confusion inextricable. Sa manière de travailler inspirait le respect à tous les membres du tribunal militaire du Hradcany. Il avait l'habitude de perdre les actes d'accusation et au besoin les inventait de toutes pièces. Il embrouillait les noms et les causes des accusés et n'agissait jamais que par lubies. Il faisait condamner les déserteurs pour vol et les voleurs pour désertion. Il fabriquait aussi avec rien des procès politiques. Il était capable des tours de passe-passe les plus compliqués et s'amusait à accuser les détenus de crimes auxquels ils n'avaient jamais pensé. Il inventait des outrages de lèse-majesté et, quand il égarait le dossier, s'empressait de suppléer les paroles subversives." 


Bien sûr, c'est cruel. La justice, la police, l'armée et l'église, et les hommes, rien ne sort indemne de cette errance absurde et féroce. Ce roman, anarchiste et drôle, est avant tout un grand pamphlet anti-militariste (rappelons qu'il a été écrit juste après la Grande guerre) qui fait froid dans le dos.

Le Brave soldat Chveïk n'a pas vraiment d'histoire, c'est plutôt une suite de tableaux, à picorer de temps en temps, à abandonner puis à reprendre.
Les tchèques sont, paraît-il, persuadé de tenir avec Chveïk 'leur' Don Quichotte.
Quant à moi, j'ai plutôt pensé à du Courteline.
Mais c'est peut-être parce que je n'ai jamais lu Cervantès...