jeudi 1 mai 2008

trois demis en terrasse

C'est ça aussi, de retrouver la vie parisienne.

Personnages : madame ma mère, un vieil ami (Xuc, pour être tout à fait précis) et moi.
Le lendemain, c'est le premier mai.
Bribes de conversation :

Moi : Ca fait une éternité que je n'ai pas mis les pieds en manif.

Xuc : j'ai jamais rien compris les gens qui y prenaient plaisir. Ca m'a toujours fait chier.

Mme ma mère : ah moi je me souviens, en 68, c'était vraiment... on était ensemble, au-delà de l'aspect politique, d'ailleurs des revendications on en avait pas, on voulait tout et on voulait rien... on était ensemble, c'était le plaisir, la fraternité, la solidarité... C'était bien.

Moi : raconte-nous 68, Mamie...

Mme ma mère : oh, tu peux rigoler, je me souviens, au premier mai contre Le Pen en 2002, j'étais à Paris avec des amis. Et place de la République, où on était tous serrés, on entend des jeunes derrière nous qui disent : "eh t'as vu, même les vieux sont dans la rue !". Mon copain Guy se retourne : "Et encore, j'ai oublié mon fauteuil roulant...". Et moi je leur ai dit mes petits, on était déjà dans la rue que vous étiez encore dans vos langes. Il va vous falloir en battre, du pavé, pour nous rattraper !

Moi : moi j'aime pas ça les manifs. Mais parfois j'y ai pris du plaisir, et notamment quand j'étais bien intégrée dans le mouvement, alors là c'est rigolo, tu vas dans la rue, tu retrouves un tel, tu fais quatre bises, tu serres une main, tu prends des nouvelles, tu discutes le bout de gras à droite à gauche, j'aimais bien.

Xuc : je me souviens de ton pote l'ultramilitant, on l'avait retrouvé en manif, et on aurait dit qu'on était à une soirée qu'il avait organisée : il arrêtait pas de dire bonjour, à droite à gauche...

Mme ma mère : n'empêche que c'est triste les manifs...

Moi : je me souviens aussi une manif, j'avais remonté le cortège, j'étais arrivée Place de la Bastille avec la CGT métallos qui ouvrait la marche. Que des mecs, la cinquantaine, moustachus. Et moi au milieu. Ils ont entamé avec leurs grosses voix l'Internationale en levant le poing. Et j'avoue que j'ai vibré. Je me croyais de retour au Front Populaire, tu vois ? C'était l'Histoire.

Mme ma mère : oui, mais il ne faut pas non plus n'importe quel embrigadement...

Xuc : c'est clair, c'est avec ce genre de sentiments que toutes les conneries et les meurtres au nom des idéaux ont été commis.

Moi : je pense que l'avenir des manifestations, c'est celles que Xuc aime bien, des choses plus légères, ludiques et artistiques en même temps...

Mme ma mère : Ah ?

Xuc : oui, j'avais suivi un jour une manif des Vélorussionnaires, j'étais à pied, mais bon... Et puis on s'était arrêtés devant un concessionnaire de quatre-quatre, et on s'était tous agenouillés, le prêtre de l'Eglise de la Très-Sainte Consommation, avec son gros symbole € autour du cou nous avait préparé un sermont spécial : "Gloire à la consommation" ! !"Gloire à la consommation", qu'on répétait ! "Merci mon Dieu pour ces voitures qui polluent quatre fois plus que toutes les autres" etc.

etc.
etc.

Et vous, vous faites quoi pour le 1er mai ?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Conversation au petit déjeuner sur l'identité, le genre ; promenade dans les perspectives des jardins d'Eole ; le muguet à 2 euros dans le 19e et à un euro dans le 18e. Pas de manif aujourd'hui, j'ai du travail à faire (aaaah !) pour moi.

La dernière manif à laquelle j'ai participé était en mars à Londres (antiguerre), quelques heures à peine avant de prendre l'Eurostar et donc avec ma petite valise à roulettes.

Avec Vélorution (hi hi en Vélorussie :), j'avais adoré tourner autour de l'arc de triomphe, bloquer la circulation automobile et discuter avec mon ami Julien.

Je raconte ma vie là, tu n'en demandais pas autant :) Pardooon ;)

louise miches a dit…

Vélorussion...
Pardon, j'ai parfois du mal à contenir mon côté bolchevick !

Et puis comme à chaque fois que tu postes sur ton blog c'est rikiki rikiki je comprends que tu aies besoin de te défouler dans les comms des autres...

Anonyme a dit…

Brrr ça fait bizarre de voir des propos tenus innocemment entre deux gorgées de bière blanche nourrir le post d'un blog... Alors j'aurais bien porté plainte pour diffamation seulement tout ce qui est rapporté est véridique. C'est vrai qu'il faut se méfier des bloggers !

Au fait j'ai pas remercié ta mère pour la bière...

louise miches a dit…

en plus, avec toi, d'ici à ce que tu me demandes des droits d'auteurs, j'ai le temps de pourrir la toile...