dimanche 11 juillet 2010

Incompréhension et déception

Il y a ces livres que l'on a longtemps regardés de loin, et puis qui deviennent petit à petit indispensables. On les croise de plus en plus, et si souvent que bientôt leur lecture devient nécessaire pour comprendre les codes et les discours de certains milieux sociaux dans lesquels on évolue. 
Ainsi Jane Austen. 
Ainsi, plus particulièrement, Orgueil et préjugés
Dans ces cas-là, un seul remède : la lecture ! On fait chauffer le thé, le canapé et le chat sur les genoux et c'est parti...
Mais force est d'avouer aujourd'hui, qu'après cette lecture je ne suis pas plus avancée dans la compréhension de mes contemporains...
Pourquoi ce livre ? Que peut-il bien posséder susceptible de plaire ? Comment s'attacher à ces personnages que j'ai trouvés bien insipides ? Comment être prise par une histoire qui se résume en trois phrases ?


J'ai compris assez rapidement que je me trompais en pensant lire un roman d'amour. Le fond du livre se veut une peinture de la petite-bourgeoisie anglaise du XIX° siècle, avec un soupçon de critique de la place qui y est réservée aux femmes. 
Les Bennet, peu fortunés, ont cinq filles et, hélas, aucun garçon. La grande préoccupation de Mrs. Bennet est donc de leur faire faire de beaux mariages. Justement, un homme beau, riche et célibataire s'installent à côté de chez eux... Mais les convenances ont la vie dure : Jane et Elizabeth parviendront-elles à passer par-delà les différences de fortune et la bêtise de leur mère pour épouser les hommes qu'elles aiment ? 
La réponse est oui, on le sait depuis le début. 

(Pour ma part, le seul élément de suspense qui me tenait en haleine, c'était quel pouvait bien être le prénom de Mr. Darcy ? On l'apprend à la page 149...) 

Le respect des convenances, les bals, les ronds-de-jambes, la manière de se comporter avec bienséance, sont omniprésents dans ce livre, revenant en boucle chapitre après chapitre, et ça finit forcément par lasser... Même le personnage d'Elizabeth, celle par qui la critique arrive, est trop empressée à bien suivre ces codes archaïques, qu'elle semblait pourtant en mesure de dénoncer, pour me plaire. 
La plus grosse déception reste cependant Mr. Darcy, que j'attendais beau, sombre et torturé, et qui ne m'a parut que froid et distant : très peu décrit, souvent absent, ça ne le rend absolument pas sexy pour autant et ses déclarations d'amour à Elizabeth m'ont laissées froide. Rien à voir avec un Heathcliff par exemple, personnage écrit de manière à ne pouvoir laisser indifférent. 
La peinture de moeurs, qui aurait pu intéresser la socio-historienne en moi, est finalement réduite à l'énoncé en boucle de règles de bienséance qui ont finit par me sortir complètement par les yeux. Autant relire Balzac, Le Lys dans la vallée, par exemple, qui parvient à être passionnant là où Austen, à mon avis, lasse. 
J'ai tout de même apprécié le personnage de Mr. Bennet, et ses savoureuses répliques au second degré lorsqu'il discute avec son écervelée de femme. 
Le style d'écriture est agréable aussi : classique, avec de grandes tournures de phrase et des imparfaits du subjonctif, mais en même temps moderne et dynamique (notamment grâce à la forme dialoguée). 

En résumé, soit Orgueil et Préjugés est surévalué, soit je suis passée complètement à côté de cette lecture car c'est un roman que j'ai trouvé vide et ennuyeux...
Je vais peut-être essayer de mettre la main sur une des adaptation télé ou ciné, histoire de voir quelle lecture le réalisateur aurait à me proposer. 

En revanche, maintenant que j'ai lu ce livre, je peux m'attaquer à celui-ci, qui me fait vraiment de l'oeil...

3 commentaires:

Nelfe a dit…

Et bien cet avis me conforte dans mon "non désir" de lire les romans de cet auteur. J'ai toujours imaginé ses histoires pompeuses et chiantes. A la lecture de ton billet, j'ai bien l'impression que je ne me trompe guère...

J'essayerai ss doute un jour (vu tout les fans de cet auteur, je me dis qu'il y a ss doute une raison!) mais je ne suis pas pressée...

Anonyme a dit…

En ce qui me concerne, je crois avoir été influencée par l'adaptation cinématographique du livre, que j'ai (personnellement) beaucoup aimée. En découvrant le livre après, on est peut-être moins déçu? J'ai aussi lu "Raisons et sentiments" de la même auteure et là, en revanche, j'ai eu l'impression d'une suite des "Petites filles modèles", quinze ans après.

louise miches a dit…

L'autre jour, j'ai discuté de ce livre avec une collègue qui sort de fac d'anglais où elle a étudié Orgueil et Préjugés en long, large et travers.
Il paraît que tout ce qui me pesait dans ce livre était fait exprès... Tout le monde tourne en rond, ne va nulle part et s'enterre dans les règles, les préjugés et les convenances.
Je me demande à ce stade si ça valait bien le coup d'écrire un livre sur ça... Je reste dans l'indécision mais je n'irai pas lire un autre Austen. Pas tout de suite en tout cas.
Je suis en plein dans la lecture de S. Clarke, Jonathan Strange et Mr Norell, où l'influence d'Austen est criante et... ça me saoûle un peu...