vendredi 27 juillet 2007

les pluriels des noms

Allez, je sais que c'est douloureux, mais de temps en temps, une petite leçon d'orthographe, moi je dis pas non...

Le beau Fried nous a envoyé une carte postale de vacances, typique des ciels de Bretagne, dit-il :




Tandis que Prévert, généreusement, nous a laissé une belle prière à marmonner à l'église quand on s'y ennuie (pour ceux qui y vont, les autres la scanderont avantageusement dans la rue...)

Pater Noster (Paroles)
Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie
Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la Trinité
Avec son petit canal de l'Ourcq
Sa grande muraille de Chine
Sa rivière de Morlaix
Ses bêtises de Cambrai
Avec son océan Pacifique
Et ses deux bassins aux Tuileries
Avec ses bons enfants et ses mauvais sujets
Avec toutes les merveilles du monde
Qui sont là
Simplement sur la terre
Offertes à tout le monde
Éparpillées
Émerveillées elles-mêmes d'être de telles merveilles
Et qui n'osent se l'avouer
Comme une jolie fille nue qui n'ose se montrer
Avec les épouvantables malheurs du monde
Qui sont légion
Avec leurs légionnaires
Avec leurs tortionnaires
Avec les maîtres de ce monde
Les maîtres avec leurs prêtres leurs traîtres et leurs reîtres
Avec les saisons
Avec les années
Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l'acier des canons.


Notez : certains noms ont donc deux pluriels.
Certains, comme les pluriels de "ciel" sont de sens différents. Comme mes aïeuls, qui sont mes grands-parents, alors que mes aïeux sont mes ancêtres, plus généralement.
D'autres sont de même sens, mais l'usage autorise l'emploi de l'un ou de l'autre : idéals et idéaux, ails et aulx (ce dernier doit être particulièrement coton à caser. Celui qui me fait un commentaire en y glissant "aulx" de manière particulièrement convaincante gagnera une image...).


Notez aussi à ce sujet qu'il faut surveiller son langage en fonction de la situation : à un congrès de la SPA, vous avouerez à votre jolie voisine que vous adorez les lapins (les petits animaux qui bondissent joyeusement dans les champs) ; tandis que pour plaire à votre hôte qui vous sert du lapin à la moutarde, vous vous exclamerez que oh ! justement ! vous adorez le lapin !



Parfois aussi, le genre et le nombre s'emmêlent un peu les pédales.
Ainsi, tout le monde sait que les mots "amour" "délice" et "orgue" sont féminins au pluriel.
En écrivant ceci, je sens peser le regard sévère mais juste des gardiens du temple (ici, Jean-François Revel, si je ne me trompe), c'est vrai que c'est un peu plus compliqué que cela, mais si vous voulez approfondir, allez poser la question directement à l'Académie française, moi j'ai une note à finir...


D'autant que le pluriel de "gens" peut donner du fil à retordre.
C'est un nom masculin, tout le monde est d'accord, même Gérard Lenorman sait que l'on dit "les gens heureux".
Mais sait-il que le mot "gens" devient féminin lorsqu'il est précédé immédiatement d'un adjectif dont le féminin diffère du masculin ? Ainsi, Jacques Brel emploie le mot "gens" au féminin lorsqu'il s'interroge "Qu'avons-nous fait, bonnes gens ?" (idem pour "oh, les heureuses gens !", "les vieilles gens" etc.)

Tandis que Georges Brassens emploie avec aplomb "gens" au masculin quand il parle des "braves gens qui n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux" (parce que l'adjectif "brave" ne change pas de forme au masculin ou au féminin, vous suivez ?).


Bon, ça c'est fait...
Que reste-t-il ?

Ah oui, les noms composés ! ça c'est marrant à accorder...
Alors : dans les noms composés, on met au pluriel les noms et les adjectifs, comme ça : des grands-parents.

Les mots qui ne sont ni noms ni adjectifs restent au singulier : plusieurs demi-heures, par exemple. Ou : "Fried ! arrête de m'endormir tous mes tire-bouchons".

Evidemment, il faut voir au cas par cas si le sens le permet. Par exemple, on parle des chefs-d'oeuvre, car même si oeuvre est un nom, c'est de l'oeuvre (au singulier) de l'artiste dont on parle, et non pas de toutes ses oeuvres.

Et il y a aussi les noms composés qui s'écrivent en un seul mot. En ce cas, seul le dernier élément prend la marque du pluriel : "je vous ai apporté des bonbons" disait Jacques Brel, encore lui. Il y a des exceptions, ainsi la prochaine fois que vous aurez à le faire, pensez bien à écrire: "Mesdames et Messieurs, je vous prie de ne pas prendre ces bonshommes pour des gentilshommes", par exemple.

Et pour finir, je me doute bien que vous trépignez d'impatience à l'idée que je vais vous rappeler comment on met les noms propres au pluriel... Alors voilà, je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps :

En général ils restent au singulier.

Même lorsqu'on met "les" devant, pour dire par exemple que "les Xuc, les Jay, les Fried, tous ces personnages magnifiques, constituent l'essence même de ce blog".

Par contre, il faut mettre la marque du pluriel lorsque le nom propre désigne en fait une oeuvre de ladite personne. Exemple : "j'ai lu tous les Zolas", ce qui n'est pas vrai mais en revanche "j'ai écouté tous les Renauds"...

Bon, pour être complète, j'aurais dû parler aussi des noms d'origine étrangère, mais là j'ai la flemme, et puis il vous faut le temps d'assimiler tout ça aussi...
Et je vous préviens : si je trouve une faute de pluriel de noms dans vos prochains commentaires... ! (Zac Galou, tu sors...)

4 commentaires:

louise miches a dit…

Jay ? youhou, c'est par là !!!
(je ne sais pas comment tu arrives à poster des commentaires sur des brouillons que j'ai supprimés. Papette.)

Anonyme a dit…

Ca me rappelle la belle époque de "Pince ton français" un chouette site sur la langue française.

Anonyme a dit…

"J'ai mis de l'échalote car j'ai perdu les aulx".

C'est bon, j'ai gagné une image ?

(Ça aurait été dommage de passer à côté de ça, non ?)

louise miches a dit…

ah oui, t'as eu raison d'insister... une image c'est gagné !!