lundi 30 juillet 2007

soirée écossaise (quatrième partie)

Vous me l'aviez réclamée, la voilà, la suite de notre histoire. Mais juste un petit bout, histoire de nous remettre tous dans l'ambiance...
Alors, Antoine, Xuc, Ernesto, Louise, Fried et Jay étaient de sortie ce soir-là pour une soirée écossaise organisée par Louise. Mais une insurrection parisienne généralisée a contrarié leurs plans, et les voilà partis pour la place de la Bastille, se frayant un chemin parmi les manifestants.
Mais arrivés sur la place, ne voilà-t-il pas qu'un événement étrange se produit, et l'instant d'après les retrouve seuls, hors du temps et de l'espace, sur une antique place parisienne, en face d'un bâtiment qui ressemble à s'y méprendre à notre bonne vieille Bastille. Nos héros commencent à avoir légèrement les boules...


Fried marchait déjà d’un pas décidé, la tête haute et droit devant lui (autant que ses deux grammes six le lui permettaient), en direction de la ruine menaçante. Les autres lui emboîtent le pas comme ils peuvent, mais avançant de manière un peu plus circonspecte. Ils ne sauraient dire ce qui les impressionne le plus : avoir vécu ce moment où le temps a semblé s’être arrêté ; le grand bâtiment apparu soudainement devant eux ; la couleur vert blafard de ce ciel en mouvement, tellement étrange qu’il semble artificiel ; ou ce silence oppressant qui alourdit l’air autour d’eux ?…

Xuc sent que quelqu’un le tire par la manche. C’est son fantôme n°2. Il parle d’une voix précipitée :
- N’y vas pas ! n’y vas pas ! ça pue, ça pue je te dis !
Mais Xuc sourit. Depuis le temps qu’ils se fréquentent, il a appris à connaître n°2 : c’est un sacré froussard. D’une grande sensibilité, mais pas plus de couilles que l’auteur de ce texte…
- mais t’en fais pas, tout ira bien… De toutes manières, je ne crois pas que tu risques grand’chose…
Ce qui fait se retourner Antoine :
- c’est à moi que tu parles, Xuc ?
- mais non, je te parle pas… rappelle Xuc d’un ton d'évidence lassée. N° 4 ajoute en ricanant :
- et puis qui lui parle, à celui-là ? peut-être d’ailleurs que vous trouverez moyen de bientôt vous en débarrasser ?
- ta gueule ! je serais pas fâché de me débarrasser de toi aussi !
Antoine se retourne derechef. Seraient-ce des larmes, poignant dans ses grands yeux étonnés ?
- mais JE NE TE PARLE PAS à toi, merde !

Le pauvre garçon se met à trottiner pour mettre le plus possible de distance entre lui et ce fou qui parle tout seul.

- Xuc, c’est moi, c’est n°3. Ecoute, j’ai des infos, je peux pas révéler mes sources, mais n°2 a raison, pour une fois : ça pue. Y a un truc pas clair là-dessous. Je sais pas encore quoi, mais j’y travaille.
- Une pause. Le cœur de Xuc se serre malgré lui, tandis que le petit groupe, Fried en tête, se rapproche dangereusement du bâtiment menaçant.
- En attendant que je trouve ce qui cloche… Fais gaffe à toi.

Si même n°3 a la frousse, c’est qu’il se passe quelque chose d’important. C’est peut-être le moment d’en parler aux autres ? Ils vont jamais le croire, ils vont se moquer de lui… Il faudrait en parler à Louise en premier. Une femme, c’est certainement plus compréhensif… Xuc réfléchit. Non, en fait, pas Louise. Les vannes qu’elle lui avait balancées lorsqu’il lui a expliqué comment construire la Machine à contredire le hasard, il s’en souvenait encore, elles faisaient comme de petits liens, serrés forts et qui font mal, autour de sa créativité. Xuc est un homme sensible.

Il en était là de ses réflexions lorsque Fried, qui marchait toujours en tête, s’arrête. Le groupe était arrivé au bord des douves, et le pont-levis était baissé.
- ça c’est bizarre, constate d’une voix étrangement nouée Ernesto, qui a l’habitude de forcer les portes des squats.

Au moment de rentrer dans l’enceinte du château, cette pause est la bienvenue. Ils auraient volontiers fait le point, mais ils n’ont rien à se dire. Ils se regardent, vaguement inquiets, sauf Jay parce que c’est un homme, et Fried parce qu’il est investi d’une mission historique. Ce dernier semblant d’ailleurs sur le point de prendre la parole pour une harangue mobilisatrice, Louise se décide à franchir le pont-levis. En silence, tout le monde la suit.

Les douves, sous le pont qui frémit et qui craque sous leurs pas, ne sont, hélas, pas vides. Une sorte de liquide, mais en plus épais, y fait montre de son débit tellement rapide qu’il confine à l’irréel. L’eau ( ?) des douves reflète le ciel, donc cette couleur verte qui semble tout imprégner ici. De temps en temps, des bulles éclosent à la surface, tranquillement, nullement inquiétées par le cours de plus en plus rapide du liquide nauséeux…

En évitant de regarder ce qu’ils traversent, nos héros pénètrent dans la cour principale du bâtiment. Une petite cour, ni très large ni très longue. Ils en atteignent très vite le centre et de là peuvent jeter un regard circulaire aux murs sinistres qui se dressent, menaçants, autour d’eux. Peut-être est-ce dû aux épaisses murailles de pierre, mais l’air semble s’être rafraîchi brusquement, sans perdre pour autant ce poids curieux qui les oppresse particulièrement, au point que même Antoine ose à peine laisser échapper un cri lorsque dans un sinistre bruit de chaînes rouillées le pont-levis se referme sur eux.
Ils sont pris au piège de la Bastille…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Garce, tu m'as sucré ma harangue mobilisatrice.

louise miches a dit…

tu parles trop de toutes manières, et tu le sais...
Alors quand j'ai enfin le pouvoir de te faire taire !...