dimanche 30 novembre 2008

Entertainment

Une petite série américaine pour digérer les patates sautées à l'ail en ce dimanche après-midi ?
Si vous n'avez pas d'idées, je vous conseille True Blood. J'ai été séduite par le générique, la musique est de Jace Everett (un peu trop american blues pour certains, peut-être ?) :







Et le reste est de qualité aussi, créé par Alan Ball, celui du film "Américan Beauty" et de la série "Six Feet Under". Il se débrouille bien, quoi.

Pour résumer, c'est une histoire de vampires qui se passe dans un petit bled en Louisiane (amis lecteurs d'Anne Rice, bonjour !). Grâce à un substitut au sang humain (le Tru Blood), les vampires ne sont plus obligés de tuer pour se nourrir. Ils ont donc décidé de vivre parmi les hommes, au "grand jour" si on peut dire.

L'analogie est claire et le scénariste ne cherche pas à la dissimuler : le héros vampire a été soldat pendant la guerre de Sécession, certains bars ne servent pas les vampires, les vampires restent le plus souvent entre eux et ne font aucun effort pour se faire accepter, bien au contraire, etc.

Les personnages sont très travaillés, drôles et touchants (sauf peut-être le couple principal, trop stéréotypé, espérons qu'ils vont évoluer), mention spéciale au frère abruti qui saute toutes les nanas et au cuisinier dealer ouvrier homo.

La série en est à sa première saison. Pour en voir quelques épisodes et se faire une idée, c'est ici.
Bonne digestion...

samedi 29 novembre 2008

REP, Lévy-Strauss...

Toi dont l'oeuvre a changé le cours de l'histoire, toi donc la rigueur intellectuelle...
Pardon ?
Il n'est pas mort ?... Oups...
Pourtant, il est publié dans la Pléiade, il a son ampithéâtre au quai Branly, sa bio dans tous les journaux...
Ca sent le sapin, non ?

Les médias aiment tant les commémorations qui permettent d'évoquer un homme (ou un événement) en restant soigneusement en surface, qu'ils commencent déjà du vivant de l'auteur.

Foutez-lui la paix, au vieux, et relisez ses bouquins plutôt. C'est pas pour rien qu'il les a écrits.

mercredi 26 novembre 2008

Faits divers : avril 1966

A l'époque, on ne faisait pas trop de blagues de cul dans les couloirs des ministères...

Conséquence du baby-boom et des « millions de beaux bébés », le nombre de jeunes (et d'étudiants) explose. Rien n'est prêt, institutionnellement et mentalement, pour les accueillir. J. F. Sirinelli a très bien décrit les effets de cette explosion démographique (SIRINELLI, Jean-François, Les Baby-boomers. Une génération 1945-1969, Paris, Fayard, 2003, 325 p.) : une nouvelle classe d'âge se créée. Le statut d'étudiant, plus un enfant pris en charge par la famille et pas encore un travailleur indépendant, concerne maintenant un nombre assez significatif de personnes pour que cela puisse changer la face d'une société. Mais quelques progrès dans les mentalités sont encore à faire...

Dans ces affreuses résidences étudiantes, bâties à la va-vite pour faire face au nombre, le règlement est clair et c'est partout le même, grosso modo : les filles peuvent rendre visite aux garçons, mais les garçons n'ont pas le droit de rendre visite aux filles... (je m'étais expliquée ailleurs sur cette iniquité, tellement « signe d'une époque » !).

Le pavillon de la Suède, à la Cité universitaire de Paris, est devenu « mixte » à la rentrée 1965. Il n'accueillait auparavant que des garçons, mais il s'est avéré, ô surprise, que les filles voulaient elles aussi pouvoir faire des études internationales... Alors on leur a réservé un étage du pavillon, fermé par une porte dont seules les résidentes possèdent une clé (et le directeur aussi, ah ah !). Dans la foulée, on a promulgué un nouveau règlement, les cités étudiantes n'étant pas destinées à devenir des lupanars, quand même ! qui stipule que les résidentes ne peuvent recevoir de visites masculines sans l'autorisation spéciale du directeur, mais que les résidents, en revanche, peuvent recevoir des visites féminines entre 12h et 23h.

L'heure est à la contestation étudiante, aux revendications existentielles de cette nouvelle classe d'âge qui ne veut plus être pouponnée comme à l'école élémentaire. Les étudiants suédois, le 22 mars 1966 (amusante concordance des dates, non ?) ont organisé une AG et ont décidé de « refuser ces règles archaïques ayant suscité de nombreux conflits » et ont demandé leur abrogation au conseil d'administration du bâtiment suédois.

Attention, c'est là que ça se corse. Quelques jours après l'AG, la femme du directeur a surpris un étudiant, Leif Biureborgh, à l'intérieur de l'étage des jeunes filles. Que venait y faire ce petit excité ? Eh bien il se trouve que c'était la grève des postes. Il était donc venu remettre la motion de protestation votée en AG à une jeune fille travaillant à l'ambassade de Suède pour qu'elle la transmette à l'ambassadeur. Cette jeune fille étant absente, il a remis sa lettre à Birgitta Oloffson. Et c'est là que – imaginons – la matrone ouvre la porte de la piaule à toute volée et surprend les deux pêcheurs en pleine remise de lettre. Le lendemain, le directeur annonce à ces étudiants qu'ils sont renvoyés de la Cité et ont quinze jours pour trouver une chambre ailleurs parce qu'ils avaient violé le règlement. Les étudiants ont fait appel devant le conseil d'administration du pavillon suédois et devant le délégué général de la Cité. L'histoire ne dit pas s'ils ont obtenu gain de cause ou s'ils sont retournés militer pour les libertés individuelles dans leur pays.

Je tiens tout de même à ajouter que ces gamins sont âgés de 27 ans pour le jeune homme et 22 ans pour la jeune fille...


(source : Le Monde, 8 avril 1966)


J'adore ces faits divers, racontés tranquillement dans le style si caractéristique du Monde de cette époque. Que cachent donc ces mots ? Le journaliste ne s'est pas trop fait suer à enquêter pour son article. Il ne nous reste plus que les suppositions, à nous bâtir des scénarii... Personnellement, le coup de « je voulais remettre une lettre pour l'ambassadeur à une copine et manque de pot, elle était absente et oh ! mais qui aperçois-je au fond du couloir ? Birgitta, ma petite amie, quel hasard... », moi j'y crois pas trop. De plus, je me dis que le directeur devait bien être content de pouvoir virer des étudiants engagés dans la lutte contre un règlement obsolète pour les uns, nécessaire plus que jamais pour les autres. Parce que franchement, virer pour remettre une lettre pendant la grève des postes, c'est la première fois que je croise une excuse qui sonne autant bidon...

Par contre, je me demande bien ce que vient foutre dans ce bordel la femme du directeur... Son rôle me paraît louche... A moins qu'elle ne passe son temps à arpenter les couloirs de l'étage des filles et que nos deux zigotos ne s'envoyaient en l'air contre un mur dudit couloir, je ne vois pas trop comment elle aurait pu les surprendre... Le directeur, à mon avis, a dû la mandater d'une quelconque manière... Peut-être qu'elle épiait ce jeune homme, l'a laissé entrer pour soudain (tadam ! ) le surprendre en flagrant délit.


Bref, cette anecdote m'a amusée, pour plusieurs raisons : la concordance des dates, l'âge des protagonistes, le ton imperturbable du journaliste... Elle peut en outre faire figure « d'événement analyseur » d'un petit bout, un petit champ social, de la société d'alors. La guerre est ouverte entre deux générations, deux époques.


L'Université Paris 8 organise un concours de nouvelles dont le thème est « A l'Ouest ». Il me donne quelques idées, ce pauvre directeur confronté à une fronde venue du Nord...



lundi 24 novembre 2008

Petite énigme mathématique

Dédicacée à Zac Galou, of course...

C'est la fin du film...
Le Bon, la Brute et le Truand se font face, au milieu de nulle part. Morricone à l'harmonica, un petit vent frais qui remue les franges des ponchos... Ils vont tirer.
Le spectateur, tenu en haleine deux heures durant, accorde toute sa sympathie au Bon : s'il ne reste qu'un, ce doit être celui-là !
Cependant, il se trouve que le Bon tire un peu comme une quiche : il ne fait mouche qu'une fois sur trois. La Brute tire un peu mieux et dézingue sa cible deux fois sur trois. Comme la vie est injuste, le Truand, lui, ne rate jamais sa cible.
Les ordres de tir ont été fixés par le scénariste : le Bon tire en premier, puis la Brute, puis le Truand. Et on recommence dans cet ordre jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un seul homme debout. Et c'est là que nous, spectateurs, pouvons intervenir :

Sur qui le Bon doit-il tirer en premier pour avoir les chances maximales de survie ?

mercredi 19 novembre 2008

Schizophrénie : un gros coup de lassitude







Sur flickr il y a des gens sympathiques...
L'ultra-pétillante Sad Eyed Lady qui se spécialise dans les concerts de vieux groupes de hard rock que je pensais morts...
L'OPNI (objet peignant non identifiable) Christophe Mendès, qui croit dur comme fer que je suis une pétasse de la Star Ac' (me demandez pas pourquoi)...
Shutterlag, évidemment, le doux, le discret, le poète...
Bentheh
ack, l'immortel auteur de "La Bite du Gévaudan"...

La représentation de soi, sur flickr, est à l'honneur chez certains. Comme sur les blogs, d'ailleurs, mais en version photo. Peut-être est-ce parce que je suis une grosse réac de l'écrit que ça me gêne parfois. JE ME prends en photo pour illustrer MA souffrance, etc.


Récemment j'ai fait des photos d'identité, avec un rendu horrible, une vraie screum.


-Ouh là !... Tu as une sale tête sur cette photo ! me souriais-je (j'aime bien me taquiner).



- Oui, me réponds-je (je n'ai pas beaucoup d'amis), mais tu sais je pense qu'on ne peut pas se fier à une image pour préjuger de la beauté, ou de la laideur d'une personne. On n'a jamais pu, en fait. Et on le peut de moins en moins. Ou alors en prenant certaines précautions.


- Aujourd'hui, enchaîne-je (car je comprends toujours où je veux en venir), avec la démocratisation de la photographie et l'usage de plus en plus répandu des logiciels de retouche d'image, on peut de moins en moins se fier à une photo. Les gens se prennent en photo eux-mêmes, dans une position voulue et choisie par eux. Et pour bien faire la nique à la spontanéité, l'image ainsi obtenue est retravaillée...



- Mais ce qui me lasse particulièrement (j'ai tendance à me couper aussi, quand je me lance dans des discours trop longs), c'est que ce travail de retouche est fait non pour se conformer, pour se transformer en son idéal de beauté, mais pour les autres, pour se conformer à l'idéal de beauté qu'on s'imagine être celui des autres.

- Donc, ils s'éloignent doublement d'eux-mêmes. Car s'ils trafiquaient leur image seulement pour eux, pour être plus conformes à leur idéal, ils nous auraient ouvert une porte vers ce qu'ils sont. Or, la diffusion de ces photos sur internet fausse la donne paradoxalement : l'intimité devient moins intime, si tu vois ce que je veux dire.


- ... (parfois, je me fous des vents. Oui, moi aussi j'ai du mal à me supporter)

vendredi 14 novembre 2008

Enfin, tabernacle !!



Dror, celui qui tient la chronique "musique" dans Siné Hebdo, remet les pendules à l'heure (SH n°9, 5 novembre 2008) :

"Les Français oublient souvent les génies francophones d'Outre-Atlantique. Ainsi, personne n'oublie de citer Léo Ferré, Georges Brassens, Serge Gainsbourg ou Jacques Brel dans les plus grands poètes francophones. Mais qui pense à y inclure le plus jeune d'entre eux, le Québécois Richard Desjardins ?"

Moi j'y pense ! En plus il est encore vivant, celui-là, profitons-en.

"Richard Desjardins ne fait que ce qu'il veut faire, et c'est pour ça qu'il fait tout bien. Il vit où il veut, en l'occurence dans sa ville natale, en Abitibi-Témiscamingue, région reculée du Québec à l'accent rocailleux. Il n'enregistre des disques que lorsqu'il en a envie et préfère parfois réaliser des documentaires. Ses concerts sont rares, généreux et drôles car il ne les donne que dans des lieux qui lui plaisent, souvent des petites salles, des soirées-bénéfices ou gratuites. Loin des modes, la musique qui accompagne ses textes est simple, c'est la musique populaire de la région d'où il vient, une espèce de country québécoise. Musique simple mais pas bâclée car Richard prend son temps pour écrire et composer, et c'est aussi un excellent pianiste et guitariste."

Vous lirez tous seuls la suite de sa chronique...
Une raison de plus pour lire Siné Hebdo !
(à force, je vais bien finir par convaincre Draleuq d'abandonner Philippe Val à ses rêves intellectualistes...)
Le blog de Dror propose aussi un complètement à ses chroniques. Et pour ma part, je vous aurais bien proposé d'écouter "Les Yankees" qui est, avec "Tu m'aimes-tu ?", la première chanson que j'ai entendue de lui, mais la vidéo est vraiment trop moche... Alors, allons-y pour "Et j'ai couché dans mon char"...


Et si vous décidez d'aller voir Le Peuple invisible à la Pagode à Paris au 26° Festival du film d'environnement...
Eh bien, on s'y croisera !


jeudi 13 novembre 2008

Mais Georges Lapassade, c'était un charlot, non ?

... me demanda hier soir un sociologue bourdieuso-meeticois dans un bar bobo-libertaire du 12° arrondissement...

Aujourd'hui, Journée d'hommage, à Paris 8. Les vieux et les nostalgiques défilent au micro. Le ton est aux anecdotes : qui était Georges Lapassade ?



Un professeur, oui, mais qui ne faisait jamais cours :

Florence Giust-Desprairies rappelle ses propos : "Le cours se passe là où se passe quelque chose à l'Université". Rémi Hess se souvient de deux cours que donnait Lapassade, qui s'intitulaient "Ici" et "Maintenant". Les horaires des cours étaient fixes, mais ils ne se déroulaient pas dans une salle : Lapassade était quelque part dans l'université, et les étudiants devaient le trouver... Il était évidemment là où "quelque chose" se passait. Paraît-il certains étudiants n'ont jamais réussi à dénicher leur enseignant du semestre...
Un témoignage écrit de F. Demichel, ancienne directrice de la fac, rappelle fort à propos que bien souvent ces crises, Lapassade les provoquait lui-même, pour faire émerger les solutions...

Un paysan béarnais avec la tête aussi dure que le bois dont on a fait sa pipe :

L'ancien directeur de Vincennes, Pierre Merlin, est là aussi. Il nous raconte le réseau de drogue qui s'était organisé sur le campus, bien à l'abri des franchises universitaires et du Bois. Un jour, une lycéenne fait une overdose dans l'enceinte de la fac. Branle-bas de combat. Le directeur convoque tous les responsables de conseils quelconques dans son bureau, pour discuter dans le plus grand secret de ce qu'il convient de faire. La réunion n'était pas encore commencée qu'arrive Georges Lapassade (il était toujours au courant de tout) suivi d'une trentaine d'étudiants. "Ce sont les participants à mon UV d'analyse institutionnelle, cette réunion à huis clos sera pour eux un excellent cours de travaux pratiques". Pierre Merlin explique patiemment à Lapassade que ce n'est vraiment pas possible... Peine perdue, Lapassade campe sur les lieux avec ses étudiants. Finalement, pour que la réunion puisse se tenir, Pierre Merlin abdique mais fait jurer le secret absolu à tous.
Le lendemain matin, en Une de Libération figurait le compte-rendu détaillé de la réunion à huis clos... Un des étudiants de Lapassade n'était autre qu'un journaliste...
Pierre Merlin en rigole aujourd'hui, mais à l'époque, "diriger" Vincennes, le bordel fait université, n'était pas de tout repos. Le département des Sciences de l'éducation était particulièrement ingérable, en raison de la présence d'un certain agitateur qui se réjouissait de cette désorganisation permanente et qui passait ses journées à essayer de créer l'événement pour mieux l'analyser ensuite. Souvent, il allait directement voir le directeur pour négocier ses "coups" avec lui...
Il possédait un "courage absolu", se souvient Claude Frioux, encore un ancien directeur, qui a été défendu par Lapassade lors d'une AG de gauchistes surexcités.

Max Pagès a livré par écrit aussi une anecdote de quand il était syndicaliste étudiant, ce que n'était pas Lapassade, mais ça ne l'empêchait en rien de fréquenter tous les syndicats. Le bureau devait tenir une réunion politique au sommet, juste entre eux. Lapassade voulait y assister, on lui avait spécifiquement demandé de ne pas venir... A l'heure de la réunion, qui était tranquillement installé parmi les membres du bureau ? Lapassade évidemment.
Il me semble que c'était Claude Frioux, ou Pagès je ne sais plus, qui s'adresse doucement à Lapassade pour lui dire : "Georges, tu sais bien que tu ne peux pas assister à cette réunion...". En face, aucune réaction. Lapassade est vissé à son siège. Deux malabars du service d'ordre se placent derrière lui. Le syndicaliste continue à tenter de raisonner l'intrus : "Geooorges...". Toujours pas de signe de vouloir bouger. Alors les deux malabars soulèvent délicatement Lapassade et son fauteuil et l'emmènent, toujours assis, en-dehors de la salle...
Ce qui a frappé Pagès dans cette scène, c'est la grande tendresse de tout le monde, y compris du service d'ordre, envers Lapassade...

Un résident à vie de Paris 8 :

C'est peu de dire que la fac était sa deuxième maison... Elle va paraître bien vide sans lui !
Lors de son pot de retraite, en 92 ou 93, il dit à la présidente de Paris 8 d'alors : "Irène, tu ne me chasseras pas, hein ?". De fait, je l'ai encore croisé en mai, deux mois avant sa mort, dans la salle des enseignants du département de Sciences de l'éducation. Il avait son bureau, un petit réduit sans fenêtres, rempli de documents et de dossiers. Paraît-il quelques fois il y dormait : personne n'a jamais su où il réussissait à s'allonger parmi son bordel. Il mangeait toujours au CROUS, d'ailleurs : "Le CROUS, la meilleure table de Paris" était une de ses phrases favorites.
A l'arrivée en retraite, il s'est acheté une maison à Saint-Denis, juste en face de la fac. Il n'y habitait pas, mais y logeait des étudiants nécessiteux ou sans logements. Il les aidait aussi parfois dans la réalisation de leurs mémoires, mais je demande à voir le résultat !

Et beaucoup d'autres souvenirs : ces malheureux organisateurs d'un certain colloque au Brésil qui ont accepté de donner un peu de temps de parole à Lapassade (qui n'était pas prévu au programme) vers 21h... A quatre heures du matin, il parlait encore...
Sa manière de téléphoner en Italie au milieu de la salle de reprographie, la plus bruyante et la plus fréquentée de l'université (mais qui était celle aussi où la ligne passait le mieux) a beaucoup marqué Florence Giust-Desprairies. Elle évoque l'image de ce vieil homme, assis tranquillement au milieu du bazard ambiant, les mains sur les cuisses de son pantalon de velours... Elle se souvient aussi de son Habilitation à diriger des recherches (genre de Grand Oral par lequel les simples maîtres de conférence sont intronisés Professeurs des universités) : en plein milieu de son exposé, Lapassade débarque. Il marchait déjà difficilement, il remonte lentement toute la salle. Son bonnet vissé sur la tête et sa chemise à carreaux, il devient rapidement le centre de toute l'attention. Tous les membres jury ne connaissaient pas le personnage, et il n'était pas facile, avec sa dégaine, de deviner en lui un professeur des universités (voir photo...). Plus personne n'écoutait l'exposante. L'olibrius s'assoit enfin, juste derrière Florence qui tente de reprendre son exposé... Difficile, car Lapassade est enrhumé. Il se mouche, il crache, etc. Et le public : "chut Georges !" "Georges, arrête de te moucher ! " etc. Les yeux de la psychosociologue brillent quand elle raconte.



Bref, plutôt qu'un charlot, un brésilien dont j'ai oublié le nom parle d' "anarchiste impérial":

J'aimais bien l'oxymoron...
Florence, encore elle, avance l'hypothèse qu'il ne possédait pas de sur-moi institutionnel, ce qui lui permettait de ne jamais être découragé, de jouer en permance avec l'institution, la prendre, la tirer et la pousser, de constater qu'elle est toujours là après, mais que le désir de jouer avec elle aussi. Lapassade n'avait pas peur de la provocation grâce à sa capacité de "dissociation du cogito".
Jacques Ardoino semble comprendre de quoi il s'agit puisqu'il nous dit que la capacité à la multiréférencialité que possédait Georges à haute dose lui permettait d'avoir fait le deuil de l'unité.
(Comment une personnalité aussi forte peut-elle avoir fait le deuil de l'unité ? est une question que je n'ai pas posée à haute voix car je ne parle plus aux psychosociologues, j'ai autre chose à faire de ma vie)
Finalement, conclut le grand Jacques Ardoino, Lapassade n'était pas un formateur, c'était un interventionniste.

Cette journée (je n'y suis restée que le matin, si vous voulez à 19h il y a un pot et à partir de 20h un bal -car Lapassade était un musicien aussi. Un slammer est venu pour lui rendre hommage) a été organisée dans un beau bordel.
"On dirait Vincennes" dit-on à droite et à gauche.

Mais Rémi Hess sourit :
"On a vu pire"...



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Peu de vidéos circulent avec Lapassade.

Il y a tout de même, celle-ci (à partir de 2min50) où on apprend l'existence d'un "stigmate" Lapassade qui fait que ses étudiants ne veulent pas trop se faire voir avec lui...





Et celle-ci, où il chante "Vive le PIIM" (le Parti Internationaliste Indépendantiste Marseillais...) en se penchant vers René Schérer pour lui crier à l'oreille comme s'il était sourd : Ce sont mes amis ! C'est Massilia Sound System, écoute ! etc.



lundi 10 novembre 2008

Exercice ô combien délicat...



Tu vois ma belle, je peine à t’expliquer
C’est pas facile de dire ce qui hante un homme.
Tu vois ma belle, tout ce que je peux sentir
C’est que je change tous les instants, à chaque fois différent.
Tu vois ma belle, parfois je suis au ciel
Comme le cerf-volant dans le vent, qui tombe au moment suivant.
Tu vois ma belle, je peine à t’expliquer,
Comment m’entendre si déjà tu as échoué à me comprendre ?


Tu vois ma belle, certains de ces cris ne sont seulement
Que le signe de quelque chose dedans, qui hurle pour sortir.
Tu vois ma belle certains jours durent une année,
Certaines phrases ne sont qu'un rien qu’il n’est même plus la peine d’entendre.
Tu vois ma belle les saisons et les sourires
Sont le salaire que l'on dépensera, mais avec toute la correction due.
Tu vois ma belle, je peine à t’expliquer,
Comment m’entendre si déjà tu as échoué à me comprendre ?


Tu ne comprends pas lorsque je cherche lors d'un soir
Un mystère d’atmosphère, celui qui est difficile à voir..
Quand je souris sans bouger mon visage,
Quand je pleure sans un cri, alors qu'à l’inverse je voudrais tant hurler,
Quand je rêve sur les phrases des chansons,
Derrière ces livres et ces cerfs-volants, je rêve à ce qui ne sera pas…
Tu vois ma belle, je peine à t’expliquer,
Comment m’entendre si déjà tu as échoué à me comprendre ?


Je ne regrette pas tout ce que tu m’as donné
Parce que c’est moi qui l’ai créé : je pourrais recommencer,
Même si je n'oublie pas, tout le temps que je suis avec toi,
Pourquoi ce temps dure encore.
Ne cherche pas dans un visage la raison, Dans un nom la passion qui m’ont fait, il y a si longtemps déjà...
Tu vois ma belle, je peine à t’expliquer,
Comment m’entendre si déjà tu as échoué à me comprendre ?


Tu es beaucoup, même si tu n’es pas assez
Et tu ne vois pas la distance entre mes pensées et les tiennes.
Tu es tout, mais ce tout est encore trop peu,
Tu es la paie de ton jeu et tu as déjà ce que tu veux.
Je cherche encore, essaie de ne pas t'effrayer
Quand tu me sens m’éloigner : le rêve fuit, je reste là !
Soit contente de ma part que tu as,
Je te donne ce que tu me donnes, à qui la faute ? on ne sait pas...
Cherche en toi pour comprendre ce que je ressens,
Pour comprendre que ce que je cherche n'est pas nouveau et ce n'est pas la liberté…
Tu vois ma belle, je peine à t’expliquer,
Comment m’entendre si déjà tu as échoué à me comprendre ?

(traduction libre à partir de Vedi Cara de Francesco Guiccini. Je lui présente ici toutes mes excuses...)

samedi 8 novembre 2008

No logo



Paraît-il, je vis des histoires
avec des gens bizarres...
Un maoïste un anarchiste un autonome
un plombier un autodidacte un aristocrate (...)
Et j'ai même fréquenté :
ce Jeune Bayouriste, le seul militant du Front de Libération de l'Extrême-Centre connu à ce jour
des services de la DNAT !

Fried est un artiste
qui ne crée jamais rien.

Fried ne sourit jamais. Jamais,
mais quand il sourit ! on a vu des gonzesses par douzaines,
s'asseoir sagement à ses pieds,
pour l'écouter,
et pour le regarder (instant vécu).

Fried fait partie de ces gens qui râlent devant leur télé
et qui, le matin, vont bosser en métro bondé.
Et devinez quoi ? ça les fait râler...

Fried est ce genre de type qui râle dans un métro bondé
parce qu'ils vont bosser
parce qu'ils vont pointer à un chagrin choisi
un chagrin moisi qu'ils n'auront jamais la force de quitter, parce que...

Car que veux-tu faire de toute manière ?

Fried est un artiste
qui ne crée jamais rien.

Parfois pourtant,
pour ses amis il sourit...
Parfois trop rarement
pour nous il écrit...
Et on se retrouve, tous, comme au lycée, comme à la fac, comme dans ces soirées,
à ses pieds.
Assis, et on plonge dans son sourire, dans ses pensées...

Et je m'énerve !
et je me dis !
Fried est un assassin un connard un criminel
(surtout un connard d'ailleurs j'ai dit
mais Fried est plus une victime qu'un bourreau,
ai-je fini par intégrer)

Bouge tes jolies fesses,
le monde est beaucoup plus vaste que tu l'imagines
En fait, il fonctionne comme une caresse :
Tu donnes et tu reçois...
Tu reçois parce que tu donnes
et quand tu donnes tu reçois,
et parfois ça ne marche pas comme ça...
mais franchement qu'est-ce que ça peut nous foutre ? Lançons tous les pavés de réserve dans la mare et on verra bien ! on verra bien jusqu'où les ronds parviendront...

Les pavés numériques, aussi.
Car Fried tient un blog.
Enfin, tenait. Ou a tenu ou tiendra, j'ai déjà oublié.
Le solitaire, l'égoïste, le misanthrope, le sans lecteurs, se dit
A quoi bon ?
Pourquoi ne sont-ils pas là, à mes pieds, assis tranquillement ? S'ils étaient déjà là, je pourrais les conquérir...

Mais Fried, on ne prêche pas les convertis,
comme on dit.
Pour les autres il te faut sourire... Et pour tout te dire puisqu'ici nous sommes entre nous j'ai vraiment apprécié ton post sur les logos : on y retrouve tes qualités ! ton humour, ton intelligence, ta capacité rédactionnelle (oui, je ne suis pas très sex quand je pars dans l'analyse...), ton sens artiste... Bref, ton "potentiel" ! mais... (cf. plus haut)

mercredi 5 novembre 2008

I want to break free...



Ma petite chatte déprime ce matin. Enfin, dans la mesure où les chats peuvent déprimer...

Elle s'est assise dans le bac de douche encore plein de flotte et elle regarde tomber les gouttes de mes soutiens-gorges que je viens de passer à l'eau. Il fait froid et sombre dans cette salle de bains. J'ai l'impression qu'elle met en place un happening intitulé "Tristesse".

Pourtant, ce matin tous les blogs sont couleur black power. Et RFI s'en pisse dessus...
Hier mon reuf de passage râlait contre Libé. Il me disait qu'il s'en foutait que la femme d'Obama soit métis ou pur teint, ce qui comptait c'était ce qu'il allait faire. Je le sommais d'abandonner sa franchouillardise : "think americain" !
Mais ce matin, du fond de sa mélancolie, la petite chatte noire me rappelle que Georges Lapassade est mort. J'écoute le parcours de celui qu'on nous présente à force matraquage comme le nouveau Président du monde : pas de danger, c'est le même... La seule chose qui va changer dans l'histoire, c'est que l'on va perdre la force subversive de l'instituant "être noir" dans la vie politique. Déjà que Margaret Tatcher avait maîtrisé les femmes, Georges, je ne sais plus trop ce qui nous reste pour peser sur l'institutionnalisation de l'avenir...

Il existe deux versions de la fameuse chanson "We shall overcome". A l'origine, le gospel disait : "we will overcome". Arf...

dimanche 2 novembre 2008

sms


Mon téléphone sonne... :


"D'après le calendrier maya, la fin du monde serait le 21 décembre 2012. Les prophètes des raves auraient vu sous drogues une renaissance de la civilisation dans les bois"

samedi 1 novembre 2008

Dehors novembre

1er novembre, jour des morts. Il pleut et il fait froid.

Kurt Cobain

Ian Curtis
Dalida
Nick Drake
Brian Jones
...
Et Dédé Fortin...



Il n'y a rien non plus sur la cassette de mon répondeur...