mercredi 19 novembre 2008

Schizophrénie : un gros coup de lassitude







Sur flickr il y a des gens sympathiques...
L'ultra-pétillante Sad Eyed Lady qui se spécialise dans les concerts de vieux groupes de hard rock que je pensais morts...
L'OPNI (objet peignant non identifiable) Christophe Mendès, qui croit dur comme fer que je suis une pétasse de la Star Ac' (me demandez pas pourquoi)...
Shutterlag, évidemment, le doux, le discret, le poète...
Bentheh
ack, l'immortel auteur de "La Bite du Gévaudan"...

La représentation de soi, sur flickr, est à l'honneur chez certains. Comme sur les blogs, d'ailleurs, mais en version photo. Peut-être est-ce parce que je suis une grosse réac de l'écrit que ça me gêne parfois. JE ME prends en photo pour illustrer MA souffrance, etc.


Récemment j'ai fait des photos d'identité, avec un rendu horrible, une vraie screum.


-Ouh là !... Tu as une sale tête sur cette photo ! me souriais-je (j'aime bien me taquiner).



- Oui, me réponds-je (je n'ai pas beaucoup d'amis), mais tu sais je pense qu'on ne peut pas se fier à une image pour préjuger de la beauté, ou de la laideur d'une personne. On n'a jamais pu, en fait. Et on le peut de moins en moins. Ou alors en prenant certaines précautions.


- Aujourd'hui, enchaîne-je (car je comprends toujours où je veux en venir), avec la démocratisation de la photographie et l'usage de plus en plus répandu des logiciels de retouche d'image, on peut de moins en moins se fier à une photo. Les gens se prennent en photo eux-mêmes, dans une position voulue et choisie par eux. Et pour bien faire la nique à la spontanéité, l'image ainsi obtenue est retravaillée...



- Mais ce qui me lasse particulièrement (j'ai tendance à me couper aussi, quand je me lance dans des discours trop longs), c'est que ce travail de retouche est fait non pour se conformer, pour se transformer en son idéal de beauté, mais pour les autres, pour se conformer à l'idéal de beauté qu'on s'imagine être celui des autres.

- Donc, ils s'éloignent doublement d'eux-mêmes. Car s'ils trafiquaient leur image seulement pour eux, pour être plus conformes à leur idéal, ils nous auraient ouvert une porte vers ce qu'ils sont. Or, la diffusion de ces photos sur internet fausse la donne paradoxalement : l'intimité devient moins intime, si tu vois ce que je veux dire.


- ... (parfois, je me fous des vents. Oui, moi aussi j'ai du mal à me supporter)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je trouve ton analyse globalement positive ;)

louise miches a dit…

Ah oui ? il faudra m'expliquer... Je m'inquiète en réalité du narcissisme qu'impliquent de telles postures. Enfin, plus exactement : le narcissisme dans la représentation me semble annoncer une posture profondément égoïste...
C'est ça qui me lasse...

Anonyme a dit…

Nous sommes entrés dans l’ère interactive et sidérale de l’ennui. A ce syndrome identitaire correspond une folie spécifique. A l’individu « libre », au sujet divisé correspond la folie verticale de jadis, la folie psychique, la folie transcendante du schizophrène, celle de l’aliénation, de la transparence inexorable de l’altérité. A l’individu identitaire, à ce clone virtuel, correspond une folie horizontale, notre délire spécifique et celui de toute notre culture, celui de la confusion génétique, du brouillage des codes et des réseaux, des anomalies biologiques et moléculaires, de l’autisme.
Plus de délires d’altération, d’expropriation de soi, mais un délire d’appropriation de soi – toutes les variantes monstrueuses de l’identité – celle du non schizophrène mais de l’isophrène sans ombre, sans autre transcendance, sans image – celle de l’isomorphe mental, de l’autiste qui a comme dévoré son double et absorbé son frère jumeau (forme autistique à deux).
Folie identitaire, ipsomaniaque, isophrènique. Nos monstres sont tous des autistes maniaques. Sortis d’une combinaison chimérique , privés d’altérité héréditaire, ils n’ont d’autres destin que de rechercher désespérément une altérité en éliminant , un à un, tous les Autres.

Jean Baudrillard in « L’illusion de la fin ou la grève des événements.

louise miches a dit…

Ah d'accord, effectivement, c'est une "analyse positive"... globalement... :)