mercredi 13 juin 2007

le baise-en-ville

Un bien joli mot de vocabulaire qui a tendance malheureusement à disparaître.

Jay me faisait remarquer qu'il aimerait bien que je retourne un peu plus, dans mes histoires et en ce qui le concerne, à la lettre de cette expression...

Mais qu'est-ce exactement que le baise-en-ville ?

C'est un sac, assez petit pour être porté à la main sans difficultés, et assez grand pour contenir tout ce qu'il faut pour passer la nuit hors de chez soi (pyjama, brosse à dents, sous-vêtements de rechange, préservatif ?).

Ce n'est pas un mot qui relève du champ sémantique de l'argot, ou une expression populaire. On peut parfaitement l'employer donc au cours d'un dîner-en-ville...
Contrairement à ce qu'il pourrait évoquer dans l'esprit de notre préparateur de lit national (et repenti, semble-t-il, mais ça c'est lui qui le dit), ce mot, lorsqu'il était encore employé (vers les années 1930, selon les infos glanées ici ou là), n'avait pas forcément un rapport très direct avec un quelconque acte sexuel légitime ou non (voire dans le même genre le suivez-moi-jeune-homme, petit nom du ruban que les femmes portaient à leur chapeau et qui volait derrière elles lorsqu'elles marchaient dans la rue), avait donc perdu ce côté salé qu'on aime tant (à moins que ce ne soit le sexe lui-même qui se déssale au fur et à mesure qu'on en parle -ou qu'on le pratique).


Rien de sexuel, on vous dit ! d'ailleurs, sur e-bay, on propose à nos chers bambins d'en offrir un à leur papa pour la fête des pères (la preuve ici)


Mais il n'empêche que l'expression est évocatrice. Une petite recherche sur google m'a appris que baise-en-ville était aussi un site, qui semble être une sorte de portail échangiste québécois, sur lequel, vous pensez bien, je ne me suis pas attardée, d'une part parce que le Québec, c'est un peu loin, et d'autre part parce que le site ne semble plus mis à jour...
Le côté salé dont nous parlions a inspiré aussi l'équipe de bancs publics dans sa description d'un groupe de musique, Baise en ville, plus connu (?) sous le petit nom de BEV... :
Baise en ville à commencé en 2002, dans une cuisine du XVIII ème arrondissement, à Paris. Il s'agit de Zones bruitales, Zones fangeuses, plate-bande, passages cloutés, ravins, Minuscules, velues. "le son de BEV part à priori de matières, de sensations opposées qui finissent étrangement par se lier entre elles et se confondre : leur "musique" est à la fois sèche et humide, brutale et douce, bouillonnante, concrète et baroque..."
sans commentaire... (qui veut bien se coller à la dernière oeuvre de Xuc, ce petit morceau en 8 bites -on y revient...- pour nous en pondre une description aussi alléchante ?)
Et chez nos voisins étrangers, a-t-on prévu ce genre d'outil indispensable pour passer la nuit hors de chez soi ?

Les espagnols ne disposaient que du terme "maleta", rien de bien glorieux. Ils se rattrapent un peu avec la "bolsa de fin de semana", bien que le terme ne soit pas assez explicite pour nos esprits français égrillards...

Et les italiens, alors ? ils ont sûrement prévu le coup ! "ventiquattrore" (24h), misère... c'est donc une spécificité française...

Je suis allée voir chez les Anglais aussi, par acquis de conscience et ne m'attendant pas trop à être surprise, et à vrai dire je ne l'ai pas été : overnight bag, que l'on traduit plus souvent par "sac de voyage"...

Quant à mon dictionnaire d'allemand, il reste complètement muet sur la question...

Allez, après cette petite leçon, un peu de relaxation, avec les paroles comme toujours tendres et de bon goût, d'une chanson de Serge Gainsbourg :



Dispatch box

Je prends mon baise-en-ville
J'me tire à Delta Ville
Avec mon
Dispatch box

J'ouvre l'attaché-case
Et j'oublierai tes treize
Ans dans mon
Dispatch box

Je prends mon baise-en-ville
Notre amour ne fut-il
Qu'une tringle futile
Dans le Bronx y a des box-
Ons de rêve
j'y trouverai un peu d'ox-
Ygène

Je prends mon baise-en-ville
Je t'ai loupée poupée
mais quoi qu'il
En soit j'entrouvre l'attaché-case
Je n'ai que l'avant-goût d'la glaise

Je prends mon baise-en-ville
Tout ça tourne au vinyle
Hélas tes nibars mon hot-dog
Et tes dragues et tes drogues
Ça suffit

Je prends mon baise-en-ville
J'y mets Chessman Karyll
Car il a sa place j'ouvre l'attaché-case
Moi des baises j'en ai
Treize
A la douze

Je ferme mon baise-en-ville
Cà t'fait chier tu t'épiles
Les poils pubiques
Ras l'cul de toi
Cinq ans d'légion étrange
Serait-ce pire que toi
L'étrangère


Ps : y a-t-il un rapport à propos de cette chanson entre la présence d'un homme (certes patibulaire, mais présentant beau quoique sentant fort le Ricard), aux abords de nos collèges (plus rarement des lycées) et la fascination de Fried pour les Etats-Unis ?

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