lundi 22 septembre 2008

Archives orales : les républicains espagnols par l'exemple

J'ai un peu tardé à donner de mes nouvelles, je voulais faire un post un peu fouillé mais je ne vais pas y parvenir. Alors restons modestes.

Bien, on garde son sérieux, on arrête les blagues de boules dans les comms car aujourd'hui je vais vous présenter mon Pépé à moi... Je peux publier son nom, il est déjà mort depuis quelques années et puis c'est un joli nom : José Luis Sainero-Carrero (qu'on prononce en allant bien chercher la jota au fond de la gorge et en roulant les doubles r comme des fous, s'il vous plaît).

La raison de tout ce déballage c'est que j'ai retrouvé dans mes placards une vieille cassette (K7 comme on écrivait parfois) sur laquelle mon grand frère, qui était à l'époque un peu plus petit et beaucoup moins poilu (mais déjà intello) avait enregistré notre grand'père pour lui faire parler de son adolescence en Espagne sous la Seconde République, puis sa fuite en France.
On a tous des trésors cachés au fond de nos familles, et je trouvais intéressant que ça soit publié quelque part. On sait jamais, ça peut servir. Et puis c'est émouvant, ce jeune garçon et ce vieil homme à la voix coupée et au fort accent espagnol... Non ?
Y a aussi d'autres raisons pour lesquelles je voulais parler de ça, mais là, honnêtement, j'ai la flemme d'y réfléchir et puis j'ai une thèse à finir, quoi.

Alors, petit cours d'histoire de l'Espagne par José Luis, 16 ans en 1936, qui se définit au début comme "patriote", puis "républicain espagnol" quand il fut contraint à l'exil en France :

Acte I : Scène d'exposition
- l'avènement de la Seconde République ; Aza'na (désolée, je sais pas faire les accents espagnols sur le "n") ; les réformes de la propriété des terres ; les gentils ouvriers et les méchants propriétaires...
"Il était bon, il était juste"



Acte II : l'horizon se trouble
- le soulèvement de Madrid ("La vie était calme, à Madrid") ; la fin de l'âge d'or de la Seconde République ("Tout le monde était content, et heureux") ; les marocains espagnols ; l'attaque de la caserne de Montana pour se procurer des armes ("parce que nous on se battait sans armes, avec la parole, c'est tout") ; le calme face à la progression des troupes fascistes ("on avait le droit avec nous") ; la peur qui s'installe...



Acte III : la situation semble bloquée
- les volontaires internationaux ; les cadres soviétiques ; l'armement des troupes franquistes (les mots allemands prononcés avec l'accent espagnol...) ; Gernica : de l'ombre à la lumière ; l'impossibilité de pratiquer la guérilla ; la trahison du gouvernement français...



Acte IV : au coeur de l'horreur
- la fuite du Pépé en France, le viol et l'assassinat de sa soeur ; les camps de réfugiés sur les plages d'Argelès ; la guerre arrive en France, le Pépé s'engage dans l'armée, est fait prisonnier par les Allemands ; Matthausen...



Et l'acte V, me direz-vous ? Eh bien, même si l'histoire ne le dit pas, les Américains ont libéré le camp et le grand-père est parti en région parisienne pour bosser dans les usines et fonder une lignée...
La qualité audio n'est pas terrible, les connaissances historiques approximatives, mais
C'est à peu près tout ce que je sais de lui.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Très émouvant. Il en parle presque calmement. Merci pour cette trace. Ton frère a eu le nez fin. J'aurai du enregistrer le mien à une époque où les K7 n'existaient pas. Le filmer surtout avec une caméra beaulieue en 16 mm, mais bon, il me reste ses carnets d'officier à Verdun et ceux qu'il a écrit pour transmettre quelques notions de jardinage à ses compagnons dans le camp entre 40 et 42 à Nuremberg. Il était grainetier en gros mon grand-père. Oui, merci beaucoup pour cette voix qui annonce l'effondrement d'un monde...et le retour de la barbarie.

louise miches a dit…

Merci.
Ma famille m'a envoyé des mails pour me dire : "Quoi ?! C'est toi qui l'a cette cassette ?"
Et mon grand'frère poilu (je parle de pilosité corporelle...) nous signale qu'à l'époque il était au collège et que quelques années plus tard il a refait l'interview, en mieux et que 4 cassettes dorment dans ses archives...
Ne jette rien, surtout.
Je t'embrasse.

Anonyme a dit…

Quand j'ai lu ce post il y a quelques jours, je me suis frotté les mains et cette phrase m'est venue à l'esprit : "Louisemiches, je te vénère..."
Mais j'ai vite déchanté : pas moyen d'accéder aux fichiers audio !
T'es vraiment sûre que tu les as publiés ?
J'ai pourtant pas un ordinateur si vieux et démodé que ça...

louise miches a dit…

Argh !
Il n'est pas dit que je laisserai un problème informatique se dresser entre ta vénération et moi !!
Alors, chez moi (j'ai Vista) ça fonctionne encore. Mais ça n'a jamais fonctionné avec Mozilla (je ne sais pas quel navigateur tu as). Si je veux les écouter je suis obligée de passer par Internet Explorer, le navigateur qui suce des bites en enfer.
Essaie comme ça toi aussi peut-être...

Anonyme a dit…

Je suis aussi sur IE, même si je ne savais pas qu'il suçait des bites en enfer (mdr, et cf à propos le lynchage dont finipe avait été la victime lorsqu'il avait publié un post un peu provoc' disant en gros qu'il souhaitait que Microsoft écrabouille une fois pour toutes tous ses concurrents afin qu'enfin, tout le monde voie la même chose sur son écran lorsqu'il va sur un site)
Par contre, je suis sur Windows XP, le système d'exploitation qui suce euh... quoi, au fait ?

louise miches a dit…

Je sais pas... Windows XP suce des queues en enfer ?...
(Oui, quand je tiens une vanne, je ne la lâche plus !)
Ben, que te dire ?
Tu ne connaîtras jamais mon Pépé et pis voilà...