jeudi 7 juin 2007

soirée écossaise, première partie

Ce soir, c’est soirée écossaise chez Louise. Fried y va les mains dans les poches. Il est persuadé que c’est encore un coup pour leur faire écouter les Pogues. C’est écossais, les Pogues ? Irlandais ? Boh… de toutes manières, ce soir, même à Paris il pleut. Il ne lève pas la tête vers la terrasse de l’Hôtel Brébant, il se prendrait des gouttes dans les lentilles. Mais ça serait chouette quand même d’habiter à l’hôtel. Un hôtel dont la terrasse donnerait sur les grands boulevards. Chez Louise, c’est tout petit. Et c’est elle qui fait le ménage, et pas tous les midis. Mais il y fait chaud. Et il y a les copains, les sourires. Et ces putains de soirées à thème. Il se souvient de lui bourré comme un Polack à la soirée tchèque, à cause de la bière, " la meilleure du monde ", qu’Ernesto avait ramené de là-bas par hectolitres. Il avait vomi sans même plus se souvenir de ce qu’il avait mangé, un truc infâme à base de beurre. Genre gâteaux arabes mais en salé, et en tchèque. On mange quoi, en Ecosse ? Ya pas une histoire de panse de brebis farcie avec un truc encore plus lourd ?


Au petit appart parisien de Louise, dans le 9°.
Elle est survoltée.
- j’ai mes règles, ou un truc comme ça, non ?
Antoine regarde par terre. Ernesto s’apprête, indécis, à rigoler.
- c’est comme ça qu’on dit, non ? Quand une femme est énervée ? Ou plutôt, mais oui… Que suis-je bête, je fais une crise d’hystérie, c’est ça ?
Ernesto bat en retraite. Antoine en a marre. Trois mois qu’il se tape cette nana lunatique avec ses histoires de fous, ces problèmes à coulisse… Sans avoir réussi à la sauter. Toujours non, toujours une bonne raison pour remettre à une autre fois, un autre soir. On a le temps, on est pas pressés…
- j’ai le droit d’avoir mes problèmes, moi aussi, non ? J’ai pas le droit, c’est ça.
Elle a fait au moins trois kilos de truffes au chocolat. Antoine tente une diversion :
- c’est pas soirée écossaise, ce soir ?
- et alors ? ils mangent pas de truffes en Ecosse ? Et merde, j’ai brûlé le chocolat !
- de toutes façons, yen a assez, là. On va encore être malades.



A l’autre bout de Paris, il pleut aussi sur la bibliothèque de l’IRCAM. Au niveau du vocabulaire, après 600 pages de ce bouquin en anglais, Xuc est prêt pour la soirée écossaise. C’est au point de vue du timing que ça risque d’être un peu serré. Pas un métro, pas un bus, putain de grève générale. Si elle arrive pas dans cinq minutes, il aura plus d’une heure de retard. Mais elle peut pas être en retard, avec un si joli accent… Si elle avait été écossaise, il aurait pu la ramener chez Louise, mais s’il arrive avec une Canadienne, ils vont tous se foutre de sa gueule. Les soirées à thème, c’est sacré. Les passants le regardent un peu bizarre, parce qu’il explique tout ça à voix haute à son fantôme n°1. Xuc, c’est un mec qui n’est jamais seul. Toujours deux ou trois fantômes avec qui tailler le bout de gras. Tiens, c’est un fantôme qu’il pourrait ramener ce soir, en disant qu’ils ont fait connaissance dans un château en Ecosse, et… On le croirait pas. Personne ne me croit jamais quand je parle de toi, il explique à fantôme n°1. Ou des autres d’ailleurs. Mais qu’est-ce qu’elle fait ? Pourquoi j’ai accepté de lui traduire son devoir ?
- c’est parce que t’es trop gentil. T’as une tête d’attrape-couillon, tout le monde profite de toi.
Xuc, lassé, fait signe à fantôme n°1 de le débarrasser de fantôme n°4. C’est le pire, le plus méchant, un vrai crache-vipères. Mais n°1, ça c’est un vrai pote. Toujours là quand on a besoin de lui. Merveilleux. Il ne lui manque plus que la patente pour conduire un taxi. Rien à faire, il n’arrivera pas à l’heure. De guerre lasse, il rentre dans une cabine téléphonique. Il se résout, c’est un cas d’extrême urgence, à sortir le plan J.
- ouais, allo Jay ? c’est Xuc, là… Ouais, dis-moi, je suis coincé à Pompidou, là… Non, le Centre Pompidou, le truc culturel près des Halles. Je pourrais jamais être à l’heure chez Louise, elle va me passer un savon, tu veux pas venir me chercher en Sexmobile ?



A la Plaine Saint-Denis, le sous-chef de cabinet du service Produit d’une grande chaîne d’électroménager internationale fait un clin d’œil à sa secrétaire qui vient déposer une pile de trucs sur son bureau. Elle porte une jolie jupette écossaise, un peu courte, certes, mais parfaitement plissée. Ca lui donne une idée.
- écoute, mon vieux, je suis un peu charrette là moi aussi, je sais pas trop là… A quelle heure je finis ? mais je sais pas moi… Une fourchette horaire ? mais non, je t’assure j’en sais rien !
Il fait signe à la secrétaire de rester et lui fait comprendre, portable calé entre l’épaule et l’oreille, d’enlever sa jupe. La petite comprend très vite (l’habitude ?).
- on dit que je te rappelle quand j’ai fini, non ?… ah ouais, t’as pas de portable…
La secrétaire a disparu sous le bureau.
- je te rappelle dans une demi-heure.
Il raccroche.
- mademoiselle ? mademoiselle ? mais que faites-vous sur la moquette ? Non, je voulais juste vous demander… Ce soir, voyez-vous je suis invité chez une vieille amie, et, -je l’admets c’est une manie qui peut surprendre- elle organise des soirées à thèmes. Et ce soir voyez-vous, comme c’est cocasse, c’est une soirée écossaise, et donc vous comprenez qu’en voyant votre jupe, moi qui travaille toute la journée et qui n’ai rien prévu pour ce soir, je me disais… Mademoiselle ?




Tous les amis réussiront-ils à être à l'heure à l'appart de Louise ? Et que vont-ils amener pour honorer cette soirée écossaise ? Et pourquoi Louise est-elle tant énervée ? Et d'ailleurs, à quel moment ce situe cette histoire ?






A suivre...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh que je suis déçu ! Jay, il se tape même pas sa secrétaire alors qu'elle s'offrait à lui... Pas très réaliste cette histoire. Ça me rappelle une préparation de lit tout ça...

Anonyme a dit…

Pffft...
C'est le 2e fantôme qui passe son temps à gâcher le mien, certainement pas le 4e. Alors quand on sait pas hein...

Anonyme a dit…

Mademoiselle,
je ne peux m'empêcher de remarquer l'absence flagrante d'un certain Boncourtois, bien connu de nos services, de votre petite histoire.
Etant entendu que ledit Boncourtois est un membre éminent de votre entourage amical, je ne peux que supposer qu'il ne s'agit là que d'un simple oubli involontaire de votre part. Ou bien peut-être, respectant ainsi les plus nobles lois de la dramaturgie, souhaitez-vous ménager l'entrée de celui qui, j'en suis sûr, ne peut être que le héros de cette épopée électronique. Auquel cas je vous demanderais de ne pas tenir compte du présent commentaire.

Boncourtoisement vôtre, votre fidèle,

Boncourtois Masqué

louise miches a dit…

Alors oui, j'ai oublié de vous prévenir, c'est une histoire sans histoire de Gros. Nous y sommes tous minces, beaux et sveltes.
vous pouvez d'ors et déjà arrêter de lire...